C’est dans quelques instants que le grand bal du football africain commence en Egypte. La CAN 2019, un événement spécial pour cette édition originale. L’Egypte remplace à la dernière minute le Cameroun pour l’organisation, la CAN a lieu en juin et non en janvier comme c’était le cas par le passé, et puis 24 sélections à la case départ au lieu de 16.
Donc, et pour toutes ces raisons, l’édition égyptienne de la CAN 2019 va être différente au sens large du tenu. Meilleure ? On ne sait pas encore, mais sans doute «expérimentale». Ahmed Ahmed et la CAF vont voir si le nouveau concept commercialisé va ou non donner ses fruits et atteindre les objectifs économiques (droits TV, recettes publicitaires et du sponsorring, billetterie…) et sportifs. Le seul souci pour tous les observateurs et les sélectionneurs, est un souci «physique». En ce moment, les joueurs sont lessivés après la débauche d’énergie déployée dans leurs championnats. Décaler la date en juin est-il un risque? C’est ce qu’on va voir. Une chose est sûre, les sensations CAN restent les mêmes pour un public qui, par la succession des éditions, a appris à aimer et à savourer le football de l’Afrique. Les artisans sont des joueurs qui, dans la plupart des cas, évoluent en Europe. On n’a plus ces joueurs locaux, surtout du côté des favoris, qui amènent avec eux les qualités et les traits de leur football. On a désormais ceux qui se ressemblent plus ou moins: rigueur tactique (plein d’entre eux jouent dans les plus grands clubs européens), régularité, tendance vers les résultats et non la technique. Cette «standardisation» et ce niveau de plus en plus relevé font que le groupe de favoris augmente et que les préjugés sont démentis. Aujourd’hui, il n’y a plus cet énorme écart entre les diverses nations du continent. On n’a plus de simples «outsiders» qui craignent les grands de l’épreuve. L’Egypte, le Cameroun, le Sénégal, le Maroc, l’Algérie, le Ghana, le Nigeria, et bien sûr notre équipe de Tunisie, avec leur riche palmarès, n’ont plus cette mainmise sur d’autres pays devenus plus ambitieux et qui n’ont plus froid aux yeux devant les ténors du continent. Plus de matches : plus de buts normalement, plus de coulisses (là où une bonne partie du titre se joue !) un spectacle VAR (qui va être bien sollicitée et on ne sait pas encore si ça va réussir ou, au contraire, mettre de l’huile sur le feu!) et une audience de plus en plus virtuelle (sites, pages facebook…) et de moins en moins réelle.
Des stars…
A chaque CAN ses favoris, ses stars et ses révélations. La CAN de l’Egypte a sa pléiade de stars et de joueurs de talent qui ont réussi en Europe et qui portent leurs sélections sur les épaules. Mohamed Salah, Koulibaly, Mané, Mehrez, Benatia, Blaïli, Khazri… Voilà entre autres des joueurs que l’on va suivre de près. Seront-ils en mesure d’être au rendez-vous? La CAN c’est une compétition festive, mais aussi folle et qui a ses rebondissements et ses lois «atroces». Avec un second tour plus long que d’habitude, les «stars» ne vont pas suffire pour l’emporter. Les joueurs inattendus, les sélectionneurs «rusés», les détails les plus «futiles», la chance, tout cela entre en jeu. La CAN 2019, c’est en quelque sorte un examen final pour tous. L’Egypte du Nil va accueillir pendant un mois, et sous une grande chaleur, ses hôtes qui ne vont pas être dociles et gentils envers le pays organisateur. Le peuple égyptien, qui a sûrement d’autres chantiers plus urgents à traiter tels que les difficultés économiques, reste un fou de football. Tous les peuples africains, qui adorent leur continent multicolore et qui aiment le foot, ont un mois pour fêter la passion et l’adulation du football. Ça va être long, exigeant et donc à suivre. Notre équipe de Tunisie ? Nous avons le droit et l’obligation de la soutenir jusqu’au bout. Cette fois sera-t-elle la bonne? On a un rêve, celui de voir nos joueurs jouer pour gagner le titre et non pour passer au second tour et s’arrêter à la première embûche. On l’a fait une seule fois, mais c’était sur nos terres.
Le défi de cette équipe est de ramener le sacre. Ce sera extraordinaire si Giresse et ses joueurs le font. Pour le moment, bonjour la CAN, bonjour «Mama Africa» !