«Les pays industrialisés dominent toujours le marché mondial des assurances, représentant environ 84% du marché mondial, tandis que la part des pays africains est restée faible et n’a pas dépassé les 1,4 % du total des primes d’assurance dans le monde»
Limité à des segments restreints traditionnels (à l’instar de l’assurance automobile et de l’assurance maladie), le secteur de l’assurance doit élargir ses domaines d’activités pour pouvoir contribuer davantage dans la croissance économique nationale. « Plus son taux de pénétration dans l’économie est élevé, plus les services qu’il y offre sont imposants sur les plans quantitatif et qualitatif», a souligné Hafedh Gharbi, le président du Comité Général des Assurances (CGA), dans une déclaration aux médias en marge de la 41e réunion ordinaire annuelle de l’assemblée générale de la société d’assurance et de réassurance panafricaine Africa Ré, qui a été tenue la semaine dernièr à Tunis.
Faible pénétration du marché africain
C’est en présence des représentants d’une quarantaine de délégations des pays actionnaires du géant panafricain que le débat sur les enjeux de l’assurance dans le marché africain a été lancé. « En 2017, la contribution du secteur de l’assurance au PIB de l’Afrique est restée très faible, à hauteur de 3% contre une moyenne mondiale de 6,1%. La prime par habitant n’a pas dépassé les 54 dollars contre une moyenne mondiale de 650 dollars. Les pays industrialisés dominent encore le marché mondial des assurances, représentant ainsi environ 84% du marché mondial. Et bien que certains marchés en développement aient amélioré leur contribution dans le marché final, la part des pays africains est restée faible et n’a pas dépassé les 1,4 % du total des primes d’assurance dans le monde», a déclaré Hassan Boubrik, le président du conseil d’administration à l’occasion de l’ouverture de l’événement. A cet effet, il a ajouté que la faible pénétration de l’assurance sur le continent africain demeure, à vrai dire, l’une des principales potentialités du marché.
Boubrik a affirmé que la société Africa Ré, qui a été créée en 1976 dans l’objectif de contourner la fuite de capitaux sous forme de primes de réassurance sur le continent africain, a soutenu le développement économique de l’Afrique, notamment en promouvant des activités d’assurance et de réassurance dans les pays africains et en améliorant la croissance des capacités de souscription et de rétention nationales, sous-régionales et régionales dans le continent. Ainsi, l’engagement total de la société sur le marché tunisien pour l’année 2018 s’élève à 1,4 milliard de dinars soit l’équivalent de 500 millions de dollars.
Quant aux résultats obtenus au titre de l’exercice 2018, le président du conseil d’administration d’Africa Ré a affirmé que le chiffre d’affaires de la société a enregistré une croissance de 6,8% en passant de 747 millions de dollars en 2017 à 798 millions de dollars en 2018. Le taux des primes brutes de la société a accusé une croissance de 3,9% sur la période 2014-2018, un taux comparable à celui des réassureurs internationaux pour la même période. « Une performance qui reflète l’attachement de la société à l’adoption des différents types de traités de réassurance», soutient-on.
En outre, Boubrik a noté que le taux de cession de la société a atteint 16,2% en 2018 avec une moyenne de 14,3% sur la période 2014-2018, s’alignant, ainsi, sur les taux de cession moyens enregistrés par les réassureurs internationaux qui est de l’ordre de 14,2%. Il a, également, affirmé que plus de 3,5% des engagements des compagnies d’assurance et de réassurance du marché tunisien sont réassurés auprès d’Africa Ré.
Diversifier le financement
De son côté, le président du CGA, Hafedh Gharbi, a affirmé, dans une déclaration aux médias, que le projet d’amendement du code de l’assurance—actuellement transmis pour examen au ministère des Finances—vise essentiellement à développer davantage l’assurance vie, un domaine d’activité très peu exploité en Tunisie. «L’assurance vie est un segment stratégique sur lequel le CGA table pour permettre aux entreprises d’assurance de disposer de ressources financières dans la durée. A priori nous avons prévu qu’il serait judicieux d’avoir des entreprises spécialisées dans les assurances vies, compte tenu des services spécifiques qu’elles offrent», a-t-il souligné.
A cet égard, Gharbi a expliqué que les amendements du code de l’assurance visent principalement à diversifier la base de financement des assureurs, étant donné que dans le régime actuel, les sociétés d’assurance tablent en grande partie sur le financement quantitatif. «De tels apports permettront non seulement de doter les entreprises de davantage de robustesse mais aussi d’améliorer leurs gouvernances. A cet égard, il est à noter que le taux de pénétration du secteur de l’assurance dans le marché tunisien ne dépasse pas les 2%. Ce qui nécessite une refonte du secteur, à l’image des réformes qui ont été appliquées au secteur bancaire», a affirmé le président du CGA.
M.S.