Ce n’est pas la première fois que la sélection rate son entrée en matière. Plus que des problèmes de jeu, une mauvaise entente et une inquiétante démobilisation.
Les beaux rêves que l’entourage de la sélection, les médias et les réseaux sociaux (la voix forte du public qui n’obéit qu’au cœur) après la victoire en amical devant la Croatie, ont laissé la place à une désillusion après le décevant nul contre l’Angola. Plus que le résultat, la manière de jouer et le manque d’envie et de solidarité sur le terrain nous ont vraiment perturbés. On ne rêve plus, on s’inquiète et on se pose des questions laissant filer des soupçons et des rumeurs qui ne semblent pas loin de la réalité. Quand on voit M’sakni descendre si bas et jouer tel un joueur «intouchable» qui fait ce qu’il veut, sans qu’on «ose» le changer, quand Khazri est utilisé attaquant de pointe et qu’il n’a même pas les jambes et les «poumons» pour tenir dans cette suffocante humidité de Suez, quand on voit Giresse, avec toute son expérience continentale faire des choix pareils et rater sa gestion du match, quand une équipe comme la nôtre ne réagit pas après le but d’égalisation, on a le droit de s’inquiéter. Non, ce n’est pas une copie qui rassure, ce n’est pas une entrée en matière digne d’une sélection au prestige incontesté. Ce n’est pas, d’ailleurs, la première fois qu’on rate un premier match d’un grand événement : la CAN 94 (le fiasco du Mali), la CAN 96 (devant le Mozambique, la CAN 2000, la CAN 2010, sans oublier au passage les premiers matches des Mondiaux 98, 2002, 2006 et l’année dernière en Russie. Ceci prouve qu’au-delà des noms, du contexte sportif, la sélection bloque sur un grand tournoi. Et comme en 2018, ces matches amicaux leurrent les dirigeants de la sélection et tout le monde : ils viennent en posture de favori, de l’équipe à battre pour tomber des nues face au premier adversaire qui prend les choses plus au sérieux. C’est typiquement tunisien : les nations africaines ont tellement évolué en football, leurs joueurs sont mieux cotés que les nôtres sur des championnats solides, et c’est nous, par «prétention», par «obstination» qui continuons à croire et à faire croire que nous sommes les seuls en compétition et les premiers favoris. Ce n’est pas vrai et la leçon d’humilité qu’on a eue contre l’Angola en est la preuve. Autant les équipiers de Giraldo savaient ce qu’ils voulaient et ce qu’ils faisaient sur le terrain, autant Giresse et ses joueurs se perdaient, emportés par la pression et hantés par le résultat. Ce revers est très significatif, il rappelle le problème chronique de la sélection, celui de mal démarrer les compétitions officielles et de décevoir un public qui attendait peut-être trop.
Giresse, Msakni, Khazri et Ben Mustapha…
Ce quatuor a perdu des points après le match contre l’Angola. Le sélectionneur national a, à notre avis, trois jours pour mettre fin à cette monstrueuse vague de scepticisme à son sujet. Honnêtement, les erreurs de casting et les changements ratés du Français nous ont surpris. Pour un ex-grand footballeur, pour un sélectionneur chevronné comme lui, on ne peut pas admettre une aussi petite prestation.
M.Giresse qui a fermé toutes les issues à sa sélection, qui a tout fait, lui et «l’intenable» attaché de presse de la FTF, pour empêcher les médias de faire leur travail, peut maintenant faire son mea culpa. Il n’a trouvé aucune solution tactique au bloc renforcé et au surnombre des Angolais sur le porteur de balle tunisien. Il a «inventé» des idées pas très efficaces. Un Kechrida en relayeur mais qui n’a pas pris le chemin du couloir droit, un Chaâlali, en véritable pivot axial pour permettre à Skhiri de faire le rôle de Ferjani Sassi. La balle sortait lentement, alors que M’sakni et Khazri (le courant ne passait pas du tout entre les deux !) n’avaient pas les jambes, encore moins le souffle (l’humidité y st pour beaucoup mais ça n’explique pas tout !) pour percer, pour gagner des duels. Ils avaient joué en «mode largeur prévisible», larguant tout sur Seliti qui n’avait aucun soutien. Ces deux «stars» intouchables ont pris la place probablement d’autres joueurs plus frais, plus motivés comme Srarfi (pourquoi l’avoir titularisé dans les derniers tests amicaux?), Badri, ou Khenissi. Parlons du but angolais. Farouk Ben Mustapha a perdu beaucoup de points, lui qui a bien joué lors matches amicaux. Son concurrent Moez Hassan a gagné des points contre le Mali : Ben Mustapha a commis l’erreur fatale qui nous a coûté deux points.
Pour résumer, l’équipe de Tunisie, qui a affiché le syndrome du mauvais premier match, a trois jours pour se redresser. Des changements ? Ça c’est sûr. Mais Giresse va-t-il oser mettre de côté Msakni ou Khazri (les deux, pourquoi pas ?!), va-t-il voir plus clair et préparer un plan de jeu plus offensif et plus mordant ? On joue le Mali, un mauvais souvenir dans notre subconscient collectif, et c’est tant mieux. Ce sera le moment de jouer toutes les cartes et de changer.