L’équipe de Tunisie, qui a manqué son premier match face à un Angola de calibre moyen, ne doit pas rater l’occasion de se racheter contre le Mali.
En football, chaque match a sa vérité et chaque match ne ressemble jamais à un autre. La seule certitude, la seule règle dans un premier tour de qualification d’une phase finale de haut niveau comme la CAN, c’est que l’approche du deuxième match est conditionnée par le résultat du premier. Tunisie-Mali de cet après-midi ne sera pas donc un copier-coller de Tunisie-Angola du lundi 24 juin. A force d’avoir fait un tapage médiatique sur le staff et les joueurs qui assument l’entière responsabilité d’avoir raté l’entame de la CAN avec un tas d’erreurs dans le onze qui débute, l’option et le schéma tactique de départ, Alain Giresse et son équipe sont les premiers habités par ce désir farouche (après un tel passage à côté de la plaque) de donner une réponse immédiate sur le terrain et de se faire pardonner.
Notre devoir est donc d’éteindre pour le moment le débat et de leur faire confiance. Ne pas avoir réussi à remporter le premier mach face à un adversaire de calibre inférieur ne doit pas nous faire douter de nos capacités, tirer un trait rouge sur notre objectif d’aller le plus loin possible dans cette CAN et briser notre rêve légitime de monter pour la seconde fois après 2004 sur le podium. On peut faire un très mauvais départ mais être le premier à la ligne d’arrivée.
Comme ce Portugal du championnat d’Europe 2016 qui a débuté avec deux nuls, et qui s’est admirablement ressaisi et est rentré à Lisbonne avec le précieux trophée.
Changements profonds
Evidemment, ce n’est pas facile de relever la tête après une piètre prestation qui a posé de nombreux points d’interrogation et fait couler beaucoup d’encre, mais c’est quand on est dos au mur avec un second faux pas interdit qu’on peut relever cet énorme défi.
On attend un changement réel dans l’approche et la gestion d’un match différent avec une équipe du Mali déjà redoutable sur le papier, et encore plus redoutable après son 4 à 1 sans appel devant la Mauritanie. Pour balayer les soupçons du premier match raté, Alain Giresse doit reprendre le contrôle de la situation, corriger tout le système de jeu et essayer d’autres options dans l’animation aussi bien défensive (avec plus de présence et d’agressivité dans les duels) qu’offensive avec une meilleure formule et association de joueurs de pointe utilisés dans leur meilleur registre pour qu’ils soient complémentaires.
La solution est dans le banc
Le changement doit commencer dans la composition de l’équipe avec l’incorporation d’autres joueurs qui peuvent transformer le visage et le destin de cette équipe. L’option Moez Hassen de nouveau dans les buts à la place de Farouk Ben Mustapha est envisageable même si on ne change pas dans la précipitation un gardien pour une seule faute même grossière. Pour les latéraux, il faut qu’il y ait du sang neuf, un pari sur les jeunes qui, par leur générosité, peuvent apporter beaucoup sur le plan offensif tout en restant disciplinés. La titularisation de Wajdi Kechrida comme arrière droit s’impose autant que celle de Aymen Ben Mohamed sur le flanc opposé qui dépasse de loin Oussama Haddadi par son apport et impact offensifs. Dans un match qui demandera une grande débauche d’énergie, l’atout jeunesse joue en faveur de ces deux latéraux, surtout qu’ils peuvent, par leurs montées et leurs replis, dégager la responsabilité des attaquants et mettre de l’explosivité dans les tâches offensives. La charnière centrale Dylan Bronn-Mehdi Meriah ne sera pas, elle, touchée surtout qu’on a besoin de grands gabarits et de hargne. L’entejeu a besoin, lui, du retour logique de Ilyès Skhiri comme demi défensif axial (sentinelle) et de Ghaïlane Chaâlali comme deuxième axial mais en essuie-glace lors de la perte du ballon et comme relayeur en phase de construction. Devant, il y aura une ligne à trois pour un jeu plus écarté, plus étiré pour empêcher le Mali de se concentrer massivement dans l’axe. La meilleure formule et la meilleure association? Anice Badri côté droit, Naïm Sliti en neuf et demi et l’inévitable Youssef Msakni, qui demeure le leader de la sélection malgré tous les reproches qu’on lui fait pour son apparition en demi-teinte devant l’Angola.
Reste à choisir le fer de lance idéal, l’attaquant de pointe qui sied le mieux à ce schéma, 4-2-3-1, soit en refaisant confiance à Wahbi Khazri, soit en sollicitant Taha Yassine Khénissi d’entrée même si rien ne garantit que ce sera la carte gagnante d’un changement qui doit s’opérer. C’est à Alain Giresse de trancher et c’est à lui d’assumer seul ces changements et ces nouveautés dictés par l’obligation de rachat notamment loin des conseils de ses principaux adjoints qui ne sont pas visiblement en train de lui faciliter la tâche.
Hédi JENNY