• Moody’s prévoit une croissance de 2.6% en 2020 pour la Tunisie
• L’agence américaine estime que l’activité touristique a repris de plus belle grâce à l’amélioration de la situation sécuritaire, ainsi qu’à la relance de l’agriculture et du secteur manufacturier. Le tourisme tunisien est l’un des secteurs qui se porte bien avec des prévisions de 9 millions de touristes cette année.
L’économie tunisienne est encore fragile dans la mesure où les dépenses sont beaucoup plus importantes que les recettes. La productivité est en berne, alors que les exportations n’arrivent pas vraiment à décoller suite, d’une part, à la récession de la demande mondiale et, d’autre part, au manque de diversification des marchés à l’export. Même les marchés traditionnels ne sont pas suffisamment exploités. D’où la nécessité de faire un effort supplémentaire de la part des structures d’appui en vue de prospecter de nouveaux marchés. C’est que la situation économique actuelle a tendance à s’aggraver davantage si des mesures concrètes visant le renforcement de l’exportation ne sont pas prises.
D’ailleurs, l’agence de notation financière américaine Moody’s prévoit un taux de croissance de 2.3% en 2019, et de 2,6% en 2020, et ce en dépit de la lenteur de son rythme. L’agence américaine estime que l’activité touristique a repris de plus belle grâce à l’amélioration de la situation sécuritaire, ainsi qu’à la relance de l’agriculture et du secteur manufacturier. Le tourisme tunisien est l’un des secteurs qui se porte bien avec des prévisions de 9 millions de touristes cette année. Des actions promotionnelles à large échelle ont été menées pour assurer la relance de ce secteur qui connaît depuis des années des problèmes structurels et conjoncturels suite aux attentats terroristes au musée du Bardo et dans un hôtel à Sousse.
Des difficultés liées au crédit
Toutefois, l’Agence américaine a attiré l’attention sur les difficultés en matière de crédit (une notation négative B2) avec, principalement, la détérioration structurelle de la solidité budgétaire du pays et la hausse du ratio de la dette publique qui a atteint 77% du PIB fin 2018, contre 70,4% en 2017. Faute de disponibilité de liquidité, la Tunisie est obligée de recourir aux crédits pour financer son budget. Ainsi, notre pays fait sa sortie sur le marché financier international pour contracter des crédits. Actuellement, on a atteint un taux vraiment élevé du recours au crédit et le temps est venu pour rationaliser l’endettement qui sera supporté par les générations futures. La solution ? Compter sur nos propres ressources en travaillant plus et mieux et en exportant davantage sur les marchés extérieurs. A cet effet, il est nécessaire d’améliorer un tant soit peu la valeur ajoutée de nos produits.
En ce qui concerne l’inflation, Moody’s a prévu une baisse progressive qui atteindra les 6,2% fin 2019 et 5,7% en décembre 2020. L’inflation ne peut être atténuée que par la maîtrise des prix. L’offre des produits exposés à la vente doit toujours être supérieure à la demande. Or, il se trouve que les produits alimentaires et agricoles sont parfois insuffisants, ce qui entraîne la hausse des prix. Le pouvoir d’achat des citoyens s’est érodé depuis des années déjà à cause du renchérissement des prix, ce qui a obligé les fonctionnaires à recourir souvent aux crédits de consommation. La situation doit changer en travaillant plus et en augmentant la production, mais en préservant, cependant, les intérêts aussi bien des producteurs que des citoyens.
«Les difficultés de la Tunisie en matière de crédit (négatives B2) incluent la détérioration structurelle de sa solidité budgétaire, le ratio d’endettement ayant fortement augmenté pour atteindre 77% du PIB fin 2018, contre 70,4% en 2017 », a annoncé dans son rapport annuel Moody’s Investors Service, selon l’agence de notation mondiale.
Les subventions en question
«La dynamique des comptes courants a continué de se détériorer en 2018 exacerbant les pressions sur le financement externe et pesant sur la dynamique des réserves de change. La masse salariale dans le secteur public et les subventions limitent la flexibilité des dépenses du gouvernement sans réduire les projets d’investissement public » lit-on dans un communiqué rendu public par la TAP. Il faut dire que la compensation demeure essentielle pour les produits de base car les citoyens de catégorie moyenne et modeste n’arrivent pas à joindre les deux bouts. Le choix retenu par le gouvernement est d’appliquer la vérité des prix en octroyant aux catégories qui ont vraiment besoin de compensation une subvention. L’économie tunisienne ne peut pas continuer à se baser sur les crédits pour survivre. Le temps est venu d’accroître la production dans tous les domaines économiques d’autant plus que les potentialités sont énormes. Il s’agit de prendre les mesures adéquates en vue de motiver les travailleurs et les inciter à améliorer leur rentabilité. C’est ainsi que l’on pourrait produire des quantités suffisantes de produits dans les différents secteurs comme ceux du textile-habillement, cuir et chaussure, industries alimentaires et produits agricoles. La Tunisie peut exporter davantage en explorant les marchés africains et américains qui constituent des débouchés sûrs pour nos produits à valeur ajoutée.
La Tunisie est appelée, de même, à diversifier ses exportations et ne pas se contenter de quelques produits comme l’huile d’olive, les agrumes et les dattes, pour citer le secteur agroalimentaire. Il est possible d’exporter d’autres produits ou de renforcer les ventes des produits biologiques qui sont très prisés par les consommateurs étrangers vu leurs vertus sur la santé. Des études minutieuses devraient être menées par les spécialistes pour définir les nouveaux produits à exporter et qui seront une source d’entrée de devises pour notre pays.
L’attraction des investisseurs étrangers est également une priorité pour la création de nouveaux projets et faire travailler ce nombre considérable de chômeurs qui se trouvent dans toutes les régions du pays et particulièrement dans les régions intérieures qui ont tant souffert du déséquilibre régional. Les efforts de l’Agence de promotion des investisseurs extérieurs doit se compléter par des actions sur le terrain ciblant les pays à forte potentialité en matière d’investissement.