Une sélection de films tunisiens et étrangers et des hommages sont au line-up des 8es Rencontres cinématographiques de Bizerte prévues du 6 au 9 juillet dans divers espaces de la ville nordiste.
Cette manifestation annuelle se déroulera dans trois lieux de cette ville du nord-est de la Tunisie, à savoir la maison des jeunes, l’espace culturel Majestic et le Fort de Bizerte pour une nouvelle édition placée sur le thème «L’image de la femme dans le cinéma». Elle prévoit un hommage à deux figures féminines disparues du cinéma arabe. Il s’agit de Mohsena Tewfik (1939-2019), célèbre actrice égyptienne décédée le 6 mai dernier et Khalthoum Bornaz (1945-2016), une artiste tunisienne pluridisciplinaire qui était à la fois réalisatrice, scénariste et productrice.
Les Rencontres perpétuent une tradition initiée il y a huit ans, en proposant des films, entre longs et courts métrages, de différents pays. Ils seront diffusés, du 6 au 8 juillet, à raison d’un film par jour. Le début sera avec «Un Jour pour les Femmes» (A Day for Women) de Kamla Abu Zekry (Egypte), puis «Ghzela» de Hajer Nefzi (Tunisie) au second jour et «Les Bienheureux» de Sofia Djama (Algérie) au troisième jour. Des courts métrages pour Anissa Daoud, Insaf Ben Ajmi, Raya Abou Salah, Mariem Jabeur et Safa Ghali seront projetés au dernier jour des Rencontres.
Ce programme varié a été au cœur d’une conférence de presse tenue, vendredi, au Centre du cinéma et de l’image (Cnci) à Tunis, en présence du comité directeur des Rencontres. Mohamed Salah Fliss, président de l’Association Bizerte cinéma (ABC) qui organise les Rencontres cinématographiques de Bizerte, a fait savoir qu’il est «coutume depuis la création en 2012 des rencontres, de placer chaque édition sous un thème différent». Cet écrivain et membre actif sur la scène culturelle a présenté une édition axée sur trois thèmes, entre les projections quotidiennes, les ateliers et une conférence autour de la femme dans le cinéma.
Dans l’un des sites classés patrimoine national, le Fort de Bizerte, les cinéphiles pourront suivre sur quatre jours la projection des films sélectionnés. Selon Fliss, «le but étant de redonner vie à ce monument historique transformé en un espace culturel pour les différentes manifestations artistiques et cinématographiques dans la ville».
A la maison des jeunes de Bizerte, auront lieu plusieurs ateliers avec la participation d’une cinquantaine de jeunes filles et garçons actifs dans des associations ayant un partenariat avec l’ABC. Ils représentent les maisons de jeunes de tout le gouvernorat et d’autres villes tunisiennes notamment de la zone du Sud, comme les villes de Chenini, Djerba et Gafsa, en plus de leurs homologues venus de la région de Normandie en France. Les travaux réalisés seront présentés à la clôture des Rencontres avec remise de certificat aux participants.
Une conférence, prévue le 8 juillet, à l’espace culturel Majestic, abordera la question de la présence féminine dans le paysage cinématographique à travers l’œuvre de cinéastes femmes de divers pays. Au cours de ce rendez-vous, l’hommage à Mohsena Tewfik et Khalthoum Bornaz sera sous la loupe de critiques, à l’instar de Kamel Ouanes et Nacer Sardi, qui s’attarderont sur le parcours de chacune des artistes disparues. «Le point sera mis notamment sur le legs cinématographique de Bornaz qui a laissé derrière elle des films sur les événements ayant marqué le déclenchement de la révolution tunisienne en 2011», a souligné Sardi, souhaitant une éventuelle exploitation de la part des professionnels de cet héritage du 7e art national.
«Le choix de l’espace Majestic pour abriter la conférence est voulu», selon l’expression du président de l’Association en charge des Rencontres, évoquant, «la grande symbolique» du lieu ayant rouvert ses portes grâce aux efforts d’un jeune bizertin qui croit en l’importance de la culture et du cinéma. Il rappelle que la ville abritait 12 salles à l’époque de la 2e Guerre mondiale alors que les habitants ne dépassent les 5.000 âmes. Un nombre qui s’est nettement chuté après l’indépendance pour atteindre les 4 salles avant que le reste ont dû fermer leurs portes, l’une après l’autre. La dernière qui a été touchée par cette vague de fermetures, est celle du Cinéma Paris, en 2010, après avoir résisté grâce au soutien qu’elle recevait de la part du ministère de la Culture à l’époque.
Abordant l’orientation des rencontres, Fliss a parlé d’une vision qui est loin d’opter pour l’idée d’un Festival où l’on décerne des prix, mais plutôt d’une manifestation orientée vers les jeunes générations. L’objectif primordial serait de faire connaître des films de qualité qui n’ont pas étaient assez vus ainsi que de créer un noyau de cinéma en milieu citadin comme en milieu rural.
Ces rencontres qui se veulent un rendez-vous cinématographique pour enraciner la culture décentralisée sont nées d’une volonté de l’ABC «contre l’oubli et la mémoire creusée», dit-il.
Créée en 2012, cette manifestation est organisée par l’Association Bizerte cinéma (ABC) avec le soutien de la Délégation régionale pour les affaires culturelles à Bizerte et le Centre national du cinéma et de l’image (Cnci).