Accueil A la une Gisements d’or en Tunisie : Intox !

Gisements d’or en Tunisie : Intox !

Après les déclarations de l’ancienne présidente de l’Instance vérité et dignité relatives à l’existence de mines d’or au Kef, tous les géologues et autres experts en minéralogie ont catégoriquement réfuté  cette thèse,  évoquant une vraie confusion avec «l’or des fous», un minerai de pacotille qui brille comme l’or et induit en erreur les profanes en  minéralogie

L’affaire de l’existence de mines d’or en Tunisie, plus précisément dans la région du Kef, rapportée par la présidente de  l’ Instance Vérité et Dignité( IVD) Sihem Ben Sedrine dans le rapport final de l’instance de 2018 dans lequel elle soutient la disponibilité de gisements d’or dans cette région et accuse l’ancien régime d’avoir dissimulé toutes les traces relatives à la présence de ces gisements, a soulevé moult remous dans la classe politique et  parmi la population.

Celle-ci a vite cru bon à l’information  et mis la  pression sur le gouvernement  pour révéler les tenants et les aboutissants de cette affaire qui, selon les experts que nous avons contactés, ont fermement démenti cette thèse  et affirmé que la Tunisie ne dispose d’aucun gisement aurifère encore moins au Kef où l’on ne recense que la présence de mines de fer, de plomb, de zinc, de barytine et de phosphate.

La présidente de l’IVD aurait fait fausse route, selon des ingénieurs  de Tunisie mining service (TMS) que nous avons rencontrés dans leur bureau à l’usine de traitement des minerais  du Sers non loin du Kef, en confondant, d’abord, le Kef avec Kef Ageb près de Nefza (gouvernorat de Béja)  où des Australiens de la compagnie Albidon  ont mené des travaux de recherche sur l’or qui n’ont donné, selon leurs dires, aucun résultat positif  sur la présence de gisement d’or  ni dans cette région, et encore moins dans la ville du Kef,  mais aussi en confondant, sans peut être le savoir, l’or avec  la pyrite, communément appelé  l’or des fous,  tant il ressemble à l’or par son éclat et sa brillance. Mais il s’agit d’un minerai  sans valeur marchande, car il n’est utilisé dans, pratiquement, aucun domaine.

Pis encore, son  extraction est coûteuse pour les propriétaires  de mines, selon un ingénieur docteur en minéralogie et ancien enseignant à la faculté des Sciences  de Tunis, ayant requis l’anonymat, car, affirme-t-il, sa séparation  des roches de plomb ou de zinc nécessite  des opérations complexes, comme l’ajout d’additifs  et le recours à la flottation.

Ce qui rend fallacieuses les déclarations de la présidente de l’IVD  qui a, pourtant, promis de fournir plus de détails sur le sujet, promesse qu’elle n’a pas encore  tenue jusque-là et qui prouve, selon  les ingénieurs de TMS, que  de tels propos sont  sans fondement  rationnel et scientifique.

Mais l’affaire a failli dégénérer en affaire  d’Etat gravissime d’autant plus que la société civile est vite montée au créneau et a exigé des éclaircissements de la part du gouvernement sur les vraies richesses  minières du pays

Ce qui est certain, comme nous l’a expliqué Taoufik Mansouri, président de la société de traitement des minéraux  du Sers( Sotramine), le Kef est une région minière  avec des gisements de  plomb,  de zinc, de fer, de phosphate et de barytine, mais   où l’on ne recense aucun gisement minier aurifère  d’autant plus que les dernières analyses chimiques  effectuées, récemment, par un laboratoire étranger sur des échantillons  de roches minières de la région du Kef ont  mis, selon ses propos, en évidence l’absence de tout indice d’or  dans cette région

Jamel TAÏBI

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