Le Cercle Kheireddine et le Forum Ibn Khaldoun pour le développement ont organisé conjointement une rencontre-débat, le 29 juin dernier au siège de l’Utica, sur le thème «Le tourisme de santé en Tunisie : de l’euphorie aux doutes ?».
La thalassothérapie, la balnéothérapie et le thermalisme rapportent gros à la Tunisie. Déjà, avec quelque 200 millions de patients, qui peuvent faire appel aux services des médecins tunisiens dans ce domaine, le tourisme de santé est d’une valeur inestimable. En 2018, la Tunisie a été classée au 2e rang dans le domaine du tourisme de santé à l’échelle africaine après l’Afrique du Sud. Elle est, également, classée deuxième destination mondiale en thalassothérapie après la France. Devant un marché international qui pèse plusieurs milliards de dollars, la Tunisie dispose de tous les atouts, notamment d’un personnel médical, paramédical et technique hautement qualifié, pour être une plateforme régionale d’exportation de services de soins. En effet, durant ces dernières années, le secteur médical est en plein essor. Avec des services médicaux développés et des compétences reconnues à l’échelle internationale, ce type de tourisme est en train de gagner du terrain et d’attirer une nouvelle clientèle. Cette dynamique et cette perpétuelle croissance pourront placer la Tunisie comme plateforme régionale de référence en matière d’exportation des services liés à la santé.
Opportunités favorables
Le tourisme de santé recouvre plusieurs aspects et connaît d’autres formes encore naissantes, telles que le «tourisme des séniors». Autrefois, construit sur la supériorité de la médecine des pays développés, le tourisme médical se tourne, depuis plusieurs années, vers les pays moins développés. Ce renversement des tendances profite aussi à la Tunisie. Car, comme tous les autres pays émergents qui sauront en profiter, la Tunisie gagnera beaucoup de ce créneau qui représente une extraordinaire opportunité. Depuis déjà une bonne trentaine d’années, la Tunisie a été placée dans les premières loges de ce marché internationalisé. Notre pays a su profiter d’un certain nombre de facteurs, notamment la proximité, le coût et le savoir-faire de tous les intervenants dans ce domaine. Les classements avancés de la Tunisie dans ce domaine sont devenus possibles grâce à la conjugaison d’événements et d’opportunités favorables (marchés libyen, algérien, français, etc.) qui ont rapidement conduit à l’explosion de l’investissement privé dans ce secteur.
Des risques énormes
Malgré les installations excellemment équipées et la montée en compétence des praticiens et professionnels, la croissance de la valeur ajoutée, la fidélisation d’une certaine clientèle et l’atténuation, la Tunisie risque gros. Un certain nombre de maladresses et des choix qui tardent à venir font qu’aujourd’hui, la Tunisie est en train de perdre des points de croissance et de précieuses positions face à une concurrence internationale accrue. Parallèlement à l’offre tunisienne trébuchante, de nouveaux acteurs internationaux se positionnent dans un marché des soins à l’étranger qui devient ultra concurrentiel. Il est clair que le «tourisme de bien-être» connaît de sérieuses difficultés à travers des centres fermés ou en voie de l’être et un secteur fragilisé et en pleine tourmente. De quoi sera fait demain ? Conscients des enjeux d’une Tunisie du bien-être, des potentialités de ce tourisme en ces temps de vaches maigres, le «Cercle Kheireddine» et le «Forum Ibn Khaldoun pour le Développement» se proposent d’en débattre afin de dégager les contours et les axes d’une nouvelle politique publique et d’une stratégie visant notamment la réalisation de l’objectif d’un million de patients. Des débats sur des thèmes différents ont été organisés lors de cette rencontre, à savoir : «L’état des lieux du tourisme médical, les perspectives et les préconisations», «Le tourisme de bien-être : état des lieux et évolution attendue»… Le débat apportera des réponses à plusieurs interrogations comme «quelle vision politique et quelle stratégie nationale pour un tourisme médical porteur de croissance économique durable?», «quelles solutions préconisées à court, moyen et long termes?», «quelles actions et mesures concrètes, de court terme, pour optimiser les investissements consentis et/ou déjà engagés, sans perdre de vue leur cohérence avec la vision à moyen et long termes?», «quelles mesures institutionnelles, législatives, réglementaires, financières, technologiques, organisationnelles, environnementales, formation des ressources humaines…?».