Le problème de l’approvisionnement en eau potable pose toujours problème dans la région du nord-ouest, causant beaucoup de souffrances aux habitants de cette zone, notamment en ces journées caniculaires.
La question de l’approvisionnement des différentes régions du pays en eau potable revient comme un sujet brûlant à chaque été, vu les souffrances endurées par une grande partie de la population rurale et dans nombre d’agglomérations où l’eau vient souvent cruellement à manquer.
Autant dire que l’injustice de la desserte de la population en eau est toujours en vigueur et que les actes de vandalisme contre des conduites d’eau perpétrés, ces derniers jours, dans le gouvernorat de Sidi Bouzid ne font qu’illustrer ce sentiment de frustration et de dépit croissant, tant l’eau coule à flots vers les régions côtières alors qu’elle est indisponible dans les zones d’où elle provient.
Ce sentiment est toujours vivace dans les gouvernorats de Kasserine et de Jendouba où une grande partie de la population n’a toujours pas accès à l’eau potable et il suffit, d’ailleurs de se référer aux chiffres de l’Institut national des statistiques (INS) pour comprendre la disparité qui prévaut dans le pays en matière d’alimentation de la population en eau potable.
Et même si encore les efforts se poursuivent sans relâche pour assurer l’alimentation en eau potable de quelque 300 mille habitants, relevant essentiellement des zones rurales non encore desservies en eau, l’on constate, selon l’INS, que près d’un ménage sur deux dans les zones rurales n’a pas accès à l’eau potable.
Certaines localités situées à quelques encablures de la ville du Kef n’ont pas, à titre d’exemple, accès à l’eau, à l’image des Hmaylia au Kef-Est, pour ne citer que cet exemple, où les habitants sont confrontés à de grandes souffrances chaque été, et même en hiver, car ils sont, régulièrement, contraints de parcourir plusieurs kilomètres pour atteindre un point d’eau sous forme de source naturelle, en recourant dans cette opération à des équidés ou à la location collective d’un tracteur pour remplir leurs citernes et leurs bidons en plastique.
Paradoxe ou ironie du sort, c’est dans le grand réservoir dormant de la Tunisie, celui de Jendouba en l’occurrence, où les chiffres sont alarmants, avec un taux de branchement à domicile estimé à 63,6% seulement alors que ce gouvernorat renferme les trois grands barrages de Béni Mtir, Bouhertma et Barbara.
Au départ, le réservoir de Béni Mtir approvisionnait la région de Tunis en eau potable réputée la plus douce du pays. Désormais, il approvisionne le gouvernorat de Jendouba et Béja et les régions situées au nord de Tunis. Il sert également à l’irrigation de la basse vallée de la Medjerda et dispose d’une centrale électrique à Fernana (dix kilomètres en aval) qui restitue l’eau à une autre usine située à deux kilomètres.
Mouvement de protestation suite à une coupure de la Sonede
La Sonede est certes soucieuse d’alimenter la population en eau mais certains problèmes surgissent souvent avec les groupements chargés de la gestion de l’eau en raison de certains impayés au passif de ces groupements ou de leur incapacité à honorer provisoirement certaines factures, ce qui entraîne parfois des coupures d’eau récurrentes et pénibles pour la population en cette période où la canicule bat son plein.
Déjà, les habitants de la localité de Bahra, au Kef-Est, ont procédé, jeudi denier, au blocage de la circulation automobile sur la route reliant Le Kef à Tunis suite à la coupure de l’eau par la Sonede pour, nous confie le président du groupement, un léger défaut de règlement d’une facture que le groupement s’est engagé, pourtant, à régler à court terme.
Autant dire, alors, que la situation semble encore difficile, non seulement pour les consommateurs, mais aussi pour certains cultivateurs qui n’ont pas eu accès à l’eau d’irrigation pendant de longs jours. En dépit de la création de cinq nouveaux forages, l’eau semble encore manquer à Béjà et surtout au Kef où la population s’est opposée à la connexion de certains forages au réseau de la Sonede, en refusant le passage des conduites d’eau sur leurs terres, comme à Zouarine près de Dahmani où un forage important a été créé cette année pour renforcer les capacités d’alimentation de la ville du Kef en eau potable, tout comme à El Kardmi à l’ouest du Kef où un autre citoyen a également exprimé son veto au projet d’adduction d’eau en faveur des habitants des cités urbaines situées en aval du Kef.
Cela a engendré des coupures d’eau fréquentes dans la ville mais aussi à Tajerouine et à Jérissa où la centrale des eaux s’emploie à parachever les connexions établies à partir des forages créés à Sra Ouertène, à plus de 30 km au sud du Kef, et ce, dans le cadre d’un projet visant à améliorer la qualité de l’eau dans ces deux villes.
Nonobstant encore l’amélioration sensible enregistrée au niveau de la nappe phréatique, l’extension urbaine de la ville du Kef a engendré une demande supplémentaire sur l’eau qui n’a pas été accompagnée par la création de nouveaux réservoirs d’eau, lesquels ont été, pourtant, programmés depuis les début du millénaire. Une lacune qui demeure à l’origine de la pénurie d’eau dans la ville d’autant plus, comme l’a expliqué le chef de district de la Sonede, les coupures d’électricité récurrentes entraînent souvent d’énormes dégâts au réseau de distribution de l’eau, en ce qu’elles nécessitent des opérations de purge parfois difficiles à accomplir en un court laps de temps pour rétablir l’eau au profit de la population.
Jamel Taibi