Les dettes classées du tourisme représentent le double de la moyenne dans les autres secteurs. Aucune solution structurelle n’a été prise pour résoudre la crise du secteur, notamment pour la question de l’endettement qui remonte aux années 90.
Le secteur du tourisme est passé au cours des dernières années par une situation financière difficile se caractérisant par un endettement des unités hôtelières. Mais le recours aux prêts ne se limite pas aux années difficiles dans la mesure où les hôteliers ont toujours eu besoin d’un financement de la part des banques pour réaliser leurs programmes. Cependant, certains hôteliers trouvent du mal à rembourser leurs crédits dans les délais impartis, ce qui laisse plus d’une banque dans une situation embarrassante. D’où les rappels adressés aux hôteliers, à maintes reprises, en vue de régulariser leur situation.
Aujourd’hui, le secteur touristique connaît une période faste et certains hôtels sont pleins à 100% pour la haute saison. C’est une occasion propice pour redresser la barre et rembourser, par conséquent, les crédits contractés. D’ailleurs, le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Marouane Abassi, a appelé, récemment, à adopter deux listes, l’une incluant les professionnels du tourisme qui ont montré leur bonne volonté de rembourser leurs dettes cumulées et une seconde regroupant ceux qui hésitent encore en vue de mieux orienter les financements et les crédits bancaires.
Moteur de croissance
En période faste, comme c’est le cas actuellement, les banquiers considèrent le secteur touristique comme celui qui est le plus rentable et n’hésitent pas à proposer des crédits aux hôteliers qui en font la demande, car ils sont presque sûrs que le remboursement ne pose aucun problème. Mais en réalité, la situation est différente, car certains hôteliers ne placent pas le remboursement en tant que priorité et n’hésitent pas à faire preuve de lenteur, voire de retard, dans la régularisation de leur situation avec les banques.
Etant un moteur de croissance, le secteur du tourisme a un rôle important à jouer dans la dynamique socioéconomique. M. Abassi estime, néanmoins, important d’établir les deux listes précitées, et ce, pour clarifier la situation des professionnels du tourisme, qui cherchent des financements auprès des banques. A noter que les demandes de financement déposées auprès des banques ne peuvent pas être approuvées dans leur totalité. La préférence des banquiers va à ceux qui se sont acquittés de leurs crédits et dont la situation financière est équilibrée.
Les dettes classées du tourisme représentent le double de la moyenne dans les autres secteurs. Aucune solution structurelle n’a été prise pour résoudre la crise du secteur, notamment pour la question de l’endettement qui remonte aux années 90.
Il est nécessaire de prendre les mesures nécessaires en vue de régler d’une façon radicale ce problème de l’endettement afin d’être en règle avec les banques et commencer la nouvelle haute saison sur des bases solides. Ce problème de non-remboursement ne doit pas traîner pendant des années, car une telle situation ne servira ni les intérêts des professionnels ni de ceux des banques. Les hôteliers doivent consacrer une partie de leurs bénéfices pour rembourser leurs crédits.
Identifier des solutions pertinentes
D’ailleurs, une seule unité touristique a bénéficié du Livre blanc, ce qui n’est pas acceptable dans une conjoncture touristique favorable. D’où la nécessité que le reste des entreprises du secteur et les banques travaillent ensemble pour identifier des solutions aux situations d’endettement en suspens. Les banques ont besoin de liquidité pour pouvoir arrêter leur stratégie en matière de financement futur. Sans liquidité, elles ne peuvent pas continuer leurs activités normalement et notamment l’activité relative à l’octroi des crédits.
C’est ainsi que le gouverneur de la BCT a proposé la mise en œuvre du mécanisme «chef de file» pour gérer les dossiers de financement auprès des banques, en vue de trouver des solutions pour le financement et le refinancement des unités touristiques. L’essentiel est de faciliter l’accès des professionnels au financement et de veiller à rembourser les crédits dans les échéances convenues. Il faut éviter dans la mesure du possible l’accumulation des arriérés pour que la situation financière de l’unité touristique ne soit pas aggravée.
En tout cas, la BCT œuvre actuellement à développer les législations liées directement au secteur du tourisme. La loi doit être plus souple pour que les acteurs dans le secteur du tourisme ne soient pas confrontés à des contraintes financières les empêchant d’accéder aux financements. Il s’agit, de même, d’obliger les professionnels à placer le remboursement des crédits comme une priorité pour ne pas léser les établissements financiers.
Du travail reste encore à faire aussi bien auprès des banquiers que des professionnels en vue de mettre un terme, une bonne fois pour toutes, au problème de non-remboursement des crédits bancaires.