Sans coller forcément à l’actualité politique ou vouloir commenter les faits et gestes des politiques, Wajiha s’inspire de cette effervescence, elle pointe du doigt certains comportements, elle taquine quelques politiques qui étaient présents, elle provoque et entre en interactivité avec le public et elle joue avec lui sur des pistes parfois glissantes, sans même trébucher.
Devant un théâtre plein, la Big Bossa est apparue sur scène sous une cape noire. Nous sommes dans une cérémonie de prestation de serment, elle vient d’être nommée ministre ! Sous sa cape, elle bafouille, elle sort une antisèche, elle bégaye, les mots lui échappent et de ce moment solennel, nous basculons dans le monde de l’humour décapant de Wajiha Jendoubi.
Après «Madame Kenza» et «Ifcha Mon Amour», Wajiha revient à la rencontre du public du Festival international de Carthage avec son tout nouveau spectacle « Big Bossa», un travail encore une fois qui confirme le talent inégalable de la comédienne et surtout il nous révèle la finesse de son écriture et la précision de son regard, car cette fois-ci, elle est à la fois l’auteure et la metteuse en scène.
La «Big Bossa» est une femme ordinaire, une fonctionnaire comme tant d’autres, une femme qui rêve, qui aspire au meilleur et qui, un soir, reçoit, par SMS, sa nomination à la tête d’un ministère!… Et là commence son délire, son désir de tout changer dans sa vie, son physique, son appartement, son mari, sa famille… Elle vivra via son nouveau poste, ses fantasmes et ses rêves d’ascension. Et c’est à partir de ce moment-là que notre Big Bossa nous entraîne dans un tourbillon de personnages et de situations dont l’humour noir et l’ironie en dessinent les contours. Le regard de Wajiha Jendoubi fut le nôtre et c’est à travers elle que nous nous sommes penchés sur notre quotidien, elle nous a titillé là où ça blesse, et nous a fait rire de nous-mêmes, de nos réactions, de notre entourage et de nos fantasmes les plus inavoués.
Sans coller forcément à l’actualité politique, Wajiha s’en inspire, elle pointe du doigt certains comportements, elle taquine quelques politiques qui étaient présents, elle provoque et entre en interactivité avec le public et elle joue avec lui sur des pistes parfois même glissantes, sans même trébucher.
L’effervescence que vit notre pays est une source d’inspiration et Wajiha s’affranchit de tout, rien ne lui échappe, rien ne passe, rien n’est au-dessus de la critique… La comédienne use de la caricature pour dessiner des caractères, elle force le trait et nous décrit des situations que nous vivons tous et nous fait rire aux éclats. Et le public n’a pas décroché une seule seconde.
Lors du point de presse qu’elle a tenu à la fin de son spectacle, Wajiha Jendoubi était aux anges, heureuse et comblée, elle a répondu aux questions des représentants des médias.
«Le public cherche dans ce genre de spectacle, un sujet et un show, il cherche le rire, certes, mais pas seulement; il s’attache à l’histoire et suit son évolution», explique-t-elle. «Big Bossa» est un travail qui s’inspire de l’effervescence que vit notre pays, de nos codes sociaux, je le voulais sans tabous où tous les sujets sont mis sur le tapis, le traitement que je propose me ramène toujours aux fondamentaux du théâtre, une écriture en mouvement, une écriture de comédien qui évolue, qui se permet des ouvertures sans casser le personnage ou s’éloigner de lui», dit-elle.
S.R.