Le maire de Zarzis a tenu une conférence de presse cette semaine au cours de laquelle il a mis les choses au clair.
Après l’exode des milliers de jeunes Tunisiens vers l’île italienne de Lampeduza au lendemain de la révolution et des mois suivants, c’est au tour des Africains de différentes nationalités de faire de même en quittant les côtes libyennes avec une seule chose en tête : l’Eldorado européen. Au bout du compte, des centaines d’entre eux sont morts noyés, d’autres sont encore portés disparus.
Le dernier drame, le plus meurtrier, qui a coûté la vie à 86 personnes d’un seul coup a fait couler beaucoup d’encre et l’enterrement de ces malheureuses victimes, au cimetière des inconnus à Zarzis, a drainé plusieurs médias étrangers et a créé une polémique sans précédent avec le conseil municipal de la place.
Pour mettre les choses au clair, Dr Mekki Louraiedh , maire de Zarzis, a tenu une conférence de presse cette semaine dans un grand hôtel de la place qui a été suivie par plusieurs médias tunisiens et étrangers.
Jamais auparavant, Mekki Louraiedh n’a paru aussi courroucé pour parler longuement des migrants, morts et vivants, durant les vingt dernières années, chiffres à l’appui. Il impute la raison à la mauvaise information présentée par quelques chaînes télévisées et autres réseaux sociaux .
«La ville de Zarzis avait servi de plateforme pour ’’les harragas‘‘. Et nombreux d’entre eux avaient fait naufrage et perdu la vie en mer. Et , à chaque catastrophe, les agents de la municipalité et la protection civile ramassent les cadavres et les transportent à l’hôpital. Avisé, le procureur de la République donne l’ordre de l’enterrement à la Garde nationale. Cette dernière autorise la municipalité à les enterrer dans le cimetière des musulmans. «Voilà la vérité et tout cela est inventorié depuis 1998» a-t-il souligné. Malheureusement, des articles de presse et d’autres audio ou télévisés ont passé des informations erronées induisant en erreur l’opinion publique !! ».
Et, d’ajouter : «A partir de 2005, la municipalité s’est approprié un cimetière de 500 m2 pour les inconnus dans la localité de Rouiss. Simultanément, les procédures administratives pour l’enterrement des noyés sont toujours les mêmes quand un incident se reproduit. A l’heure actuelle, ce cimetière est plein. L’enterrement du dernier groupe de naufragés a failli dégénérer à cause de la canicule. Il comptait 18 cadavres dont 16 ramassés à Jerba Midoun, un à Ben Guerdane et un autre à Zarzis. Les tombeaux sont actuellement bien alignés. Chacun porte un écriteau sur lequel on peut lire la date, un numéro matricule et le lieu de ramassage de la victime. Mais les mauvaises plumes et langues continuent à s’attaquer à la municipalité sans respect de la déontologie professionnelle ni recours à des sources crédibles et fiables. C’est la raison pour laquelle on va porter plainte».
Le maire de Zarzis a, par ailleurs, affirmé « qu’ aucune organisation mondiale (ONU – UE – Unhcr – OMI) ou autre n’a versé un seul sou à la municipalité de Zarzis, ajoutant qu’aucun certificat honorifique en signe de reconnaissance n’a été remis aux courageux agents de la municipalité qui ont souffert le martyre. Et, je défie quiconque de dire le contraire».
En octobre 2018 avec l’aide du comité local du Croissant-Rouge, la commune de Zarzis s’est procuré un deuxième cimetière à la localité de Rouiss, don de la famille Grichi. Dans ses propos, il a rappelé que la municipalité met à la disposition des médias tous les documents et répondra à toutes leurs questions.
Avant de finir, il n’a pas omis de déclarer que la municipalité de Zarzis manque de moyens matériels. Il a revendiqué la création d’une unité pour l’autopsie et le prélèvement de l’ADN à l’hôpital régional de Zarzis pour éviter les déplacements à Gabès, doter la commune d’un moyen de transport équipé et climatisé ainsi que des moyens financiers pour la formation d’une équipe spécialisée dans ce genre de travail. Les autorités régionales et nationales devraient aussi convaincre les autres municipalités de la région de collaborer dans ces actions humanitaires».
Pour ce qui est de ces migrants et réfugiés vivants et non résidents, Dr Mekki a rappelé que le nombre déclaré par le comité local du Croissant-Rouge est de 433 personnes de 17 nationalités et dont 93 sont entassés dans 4 appartements. Mais au fait, le nombre réel est sûrement supérieur à cela parce que l’enregistrement est personnel et n’est pas obligatoire.
154 autres Africains de 3 nationalités attendent d’avoir le statut de réfugié .
Les intervenants parmi les présents ont insisté surtout sur la désignation d’un porte-parole à l’avenir pour trouver chez lui l’information nécessaire quand il le faut.
Dhaou MAATOUG