Soufia Sadek n’a certes pas l’exclusivité du mérite, mais mérite tout autant d’intérêt que d’autres artistes. Elle a su créer sa propre légende à force de travail et de persévérance et grâce à une voix exceptionnelle et à des choix artistiques judicieux.
Il est triste de voir des artistes de sa pointure poussés dans leurs retranchements au point de frôler une légitime paranoïa qui les incite à se demander s’ils sont visés par une quelconque machination, un équilibre des forces inamical ou simplement des antipathies personnelles ou «un clanisme» infondé.
A mi-parcours des principaux festivals internationaux, il est intéressant de revoir de près la «logique» des programmations de spectacles et les enjeux des choix des directions artistiques. Sans entrer dans les secrets impénétrables de la fabrique culturelle que devrait être un festival, ceci renvoie à se demander sur les buts et les cibles des festivités estivales.
Comme chaque année, les programmes ont su ravir, décevoir, laisser indifférent et parfois même choquer quelques-uns. Des voix se sont levées dénonçant un probable «clanisme», une sensibilité inégalitaire au «lobbiying» du star system et parfois des injustices.
Curieusement, tout sépare Soufia Sadek, valeur sûre et au talent confirmé dans un répertoire qui n’est pas donné à tous, et injustement écartée des programmations.
La chanteuse est en effet absente des radars nationaux depuis des années, à part quelques apparitions fortuites, toujours couronnées de succès auprès d’un public en demande.
A l’occasion du sommet arabe tenu en mars 2019, la cantatrice a donné un concert exceptionnel qui lui a valu des salves de félicitations et de remerciements, du public comme en haut lieu des décideurs culturels.
Pourtant, l’artiste n’a pas cessé de se produire sur la scène internationale et arabe, elle était un peu partout, en Algérie comme au Maroc où elle a effectué des tournées, au Caire, en Alexandrie, Ramallah, Beyrouth, Paris (Zenith), Lyon (l’opéra), Bruxelles…
Soufia Sadok n’a certes pas l’exclusivité du mérite, mais mérite tout autant d’intérêt que d’autres artistes. Elle a su créer sa propre légende à force de travail et de persévérance et grâce à une voix exceptionnelle et à des choix artistiques judicieux.
Il est triste de voir des artistes de sa pointure poussés dans leurs retranchements au point de frôler une légitime paranoïa qui les pousse à se demander s’ils sont visés par une quelconque machination, un équilibre des forces inamical ou simplement des antipathies personnelles ou «un clanisme» infondé.
«La fabrique culturelle» que sont les festivals se doit de réviser certains choix ou de se réajuster même en cours de route. Certes l’ouverture est nécessaire, mais l’impératif de répondre aux attentes du public aussi. Le public demande Soufia Sadok et il ne saura l’oublier. Or, il y a une nostalgie dans l’air, certainement justifiée par son talent qui fait que cette artiste reste populaire et sollicitée par son public.
Dure mission que celle du programmateur certainement, composer avec les impératifs artistiques, budgétaires, parfois politiques ou sécuritaires, mais quelle place pour l’artiste dans tout cela ? Comment doit-il faire pour trouver sa place au milieu de tous ces enjeux ? Pourquoi Soufia et pas les autres…
Soufia Sadok, qui sans attendre d’explications peu utiles, se tourne vers l’avenir et partout ailleurs. Comme c’est le cas du festival de Jarech qu’elle a annulé à la dernière minute pour des raisons qui ne lui plaisaient pas.
Il n’existe pas de guide précis qui détermine les apparitions des artistes ou leur programmation. Inutile de chercher une quelconque explication, et sans tomber dans un délire de «complotite» désuet, il est important d’écouter ces artistes injustement écartés. Leurs angoisses, le besoin vital qu’ils ont de retrouver leur public et d’agir en artiste, car c’est cela le sens de leur existence. La scène est pourtant un droit à tous les artistes, nationaux en priorité, seuls le talent et l’innovation devraient faire foi.
Cette saison a eu son lot de bonnes et mauvaise décisions, mais tout reste à faire. Soufia a encore tout pour «chanter l’amour au milieu de cette guérilla», en notes et mélodies tunisiennes bien sûr. L’histoire saura trancher entre le bon grain et l’ivraie.