Des montants exorbitants circulent dans notre championnat. Techniquement, ce n’est pas du tout justifié
Les chiffres qu’on a rapportés sur la cotation de nos clubs et de nos joueurs selon le site spécialisé «transfermarket» reflètent-ils vraiment la valeur réelle de nos joueurs et de nos clubs ? Les chiffres présentés sont variables d’une semaine à l’autre. Ils tiennent en compte l’état de forme du joueur en question et ce que ses services sportifs «valent» au moment de l’estimation.
Le joueur le mieux coté du championnat en ce moment est Bedri avec (1, 75 million d’euros), suivi de Ben Amor et Belaïli (ceci est un peu illogique après la CAN jouée par l’Algérien). Par rapport aux joueurs tunisiens qui jouent ailleurs, la différence est énorme. On se pose la question suivante : nos joueurs valent-ils autant ?
C’est-à-dire que par rapport aux salaires qu’ils perçoivent, et par rapport aux avantages que leurs agents réclament aux dirigeants, cette valeur est-elle justifiée ? Si on se réfère au marché local, on a des montants un peu exagérés que l’on veuille ou pas. Ce n’est pas seulement une question d’offre et de demande (règle fondamentale dans la fixation des montants de transfert, mais aussi dans la détermination des salaires), mais aussi de contraintes budgétaires et de règles d’équilibre financier. Peut-on tout accorder aux joueurs et engager le club dans une spirale d’endettement et de déficit ?
Avant de parler offre et demande, parlons finance. Tous les clubs doivent avoir des limites et des seuils à ne pas dépasser. C’est ce qu’on appelle «fair-play financier» qu’aucun club tunisien ne prend en compte, vu l’indifférence de la FTF. On recrute un nombre même limité par mercato et on paye des montants variables sans le moindre contrôle et sans la moindre vérification des états financiers. Le plus dangereux, c’est que ces joueurs sont «surestimés» et ne valent pas autant. Ils perçoivent des avantages importants et disproportionnés par rapport à leur valeur technique et leur potentiel qui déterminent leur valeur sur le marché.
Un des moyens à déployer pour mettre, en grande partie, fin aux problèmes financiers des principaux clubs tunisiens est de revoir une fois pour toutes la tarification et les montants qui circulent sur le marché. Non seulement la FTF doit contrôler plus et intervenir, mais les clubs eux-mêmes doivent définir une «entente» et des règles qui permettent de bannir toute surenchère.
Il n’est pas intelligent de voir des joueurs cotés au maximum 3 ou 4 milliards, estimés et payés si cher dans leurs clubs ou au moment d’un transfert.
C’est le bon sens que la plupart de nos dirigeants ne veulent pas admettre par entêtement ou par peur de leur public. A la fin, ce sont eux qui payent les pots cassés ! Et on sait combien c’est coûteux et désastreux ce qui s’est passé dans plusieurs clubs qui ont cédé aux surenchères. Nos joueurs, en grande majorité, ne valent pas autant. Ils ont beaucoup à faire pour être bien cotés !