«Am Ali» laisse une… tribu derrière lui
Son cœur aura battu et «combattu» plus d’un siècle (durant 112 ans plus exactement) avant de craquer. Ali Ben Frej, puisque c’est de lui qu’il s’agit, était considéré avant son décès vendredi dernier, comme l’homme le plus âgé du gouvernorat de l’Ariana et très probablement comme l’un des doyens encore en vie de la population tunisienne. Et ce n’est pas un hasard si, le jour de son enterrement, le cimetière Sidi Jebali de la ville des roses grouillait du monde au sein duquel des vieillards de sa génération qui, le dos courbé, qui, munis de béquilles, qui, encore assistés de leurs progénitures, ont tenu à faire le… long et harassant déplacement pour accompagner leur ancien copain à sa dernière demeure.
A 90 ans, il conduisait encore…
Fakhri Ben Frej, son fils aîné, nous raconte le récit passionnant et quelque peu miraculeux du disparu. Homme d’affaires, personnalité politique de la ville de l’Ariana dont il a longtemps dirigé le club sportif phare, Fakhri ne tarit pas d’éloges et de marques d’admiration sur le parcours de son père. Ce dernier, né il y a 112 ans à Ben Guerdane (gouvernorat de Médenine), débarque à Tunis dans les années 40 du siècle écoulé. Zeitounien de formation et de promotion, il rejoint le ministère de l’Education nationale pour un long bail qui l’a vu rouler sa bosse un peu partout dans les écoles du pays, avant d’atterrir à l’Ariana. Là où il participera pleinement à la promotion du secteur de l’enseignement qui était alors à ses premiers balbutiements. Et cela, en formant tant de générations parmi lesquelles de futurs politiciens, de hauts cadres de l’Etat et des hommes d’affaires.
Sa droiture, son honnêteté, son sens de la responsabilité et de la rigueur ainsi que son strict régime alimentaire sont autant de qualités qui ont fait sa réputation et sa popularité dans la ville. Des qualités qu’il a tenu à transmettre à ses… 12 enfants (dont 4 filles). Une tribu si imprégnée de ces vertus que tout ce beau monde a réussi dans sa vie sur les plans familial et professionnel. Tous les Arianais vous le disent, non sans évoquer, avec autant d’étonnement que d’admiration, cette anecdote sensationnelle, à savoir que «Am Ali», bien que les… 90 ans sonnés, conduisait encore sa vieille bagnole, avant de s’en débarasser enfin sur insistance de ses enfants. «Après la voiture, il s’est rabattu sur… les bus de la SNT», se souvient-il !
Fakhri Ben Frej impute cet entêtement à «la volonté tenace du défunt de continuer à aimer la vie comme un jeunot». C’est d’autant plus vrai que le cher regretté n’a mis fin à ses sorties de marche quotidiennes qu’à l’âge de… 106 ans! Soit six ans seulement avant de tirer sa révérence. Un exemple inouï de longévité qui mérite d’être immortalisé par l’appellation d’une rue ou d’une salle de sport portant son nom. Repose en paix «Am Ali». On ne t’oubliera jamais.
Mohsen ZRIBI