Des centaines de diplômés en chômage, «provisoirement» sauvés par les élections présidentielle et législatives.
Alors que la campagne des élections présidentielle et législatives bat son plein, nombreux sont les chômeurs parmi nos jeunes qui en ont profité pour rompre avec l’oisiveté et quitter les sentiers battus de la marginalisation. Et cela en offrant leurs services à l’Isie qui, en tant qu’organisatrice des élections, a lancé, à l’occasion, des concours de recrutement, afin d’étoffer ses effectifs, l’objectif étant d’assurer à cet important scrutin la réussite escomptée.
De quoi arrondir ses fins de mois
Selon des sources de cette instance, «des centaines de candidatures émanant, en grande partie, de diplômés de l’enseignement supérieur, ont été enregistrées et la majorité ont connu une suite favorable». La même source précise que «l’opération de tri des dossiers a tenu compte des besoins réels de l’Isie, ce qui a permis de combler les postes vacants».
Sabeur Ben Ali, 24 ans, diplômé en chômage, est l’un des heureux lauréats retenus par l’Isie. Sans pour autant céder au triomphalisme, il estime que «participer à ces élections au sein du comité d’organisation est synonyme de satisfaction, s’agissant pour moi d’un exercice réel de la démocratie. Ceci sur le plan moral. Financièrement, maintenant, c’est l’occasion idoine d’arrondir mes fins de mois. Moi qui dépends uniquement d’un maigre argent de poche que m’assurent mes parents, au compte-gouttes d’ailleurs».
Pour Sana Okbi, également diplômée sans travail, «un job de trois mois, c’est toujours mieux que rien… c’est au moins de quoi se permettre quelques… folies. Par contre, j’ai le vertige en pensant à ce qui va advenir après les élections, lorsque je réendosserai mes moches habits de chômeuse».
C’est pourquoi Sana a mis l’accent sur «la nécessité, autant dire l’obligation de voir l’Etat s’empresser de démystifier enfin l’énigme des diplômés du supérieur en chômage. Une psychose qui nous fait mal et qui, de toute façon, n’est pas à son honneur».
Jouer les prolongations
Si les candidats retenus par l’Isie ont déjà entamé le boulot, d’autres, beaucoup moins chanceux, attendent, par contre, encore.
Il s’agit, en effet, de ceux qui sont appelés à jouer les prolongations, en se faisant embaucher pour uniquement le jour des élections. Là aussi, ils sont des centaines à avoir adressé leurs CV, «aimantés» par la prime de 120 dinars. «Avec cette bonne rénumération, ça vaut la peine de cravacher dur pendant une journée», estime Fatma Khériji, 23 ans, diplômée en informatique, tout en émettant le vœu de trouver, un jour, un emploi stable.
M.Z.