La Tunisie termine à la… 16e place. Les deux extrêmes !
Depuis avant-hier soir, la planète hand parle… égyptien et de «miracle égyptien». Et pour cause. Les Pharaons sont désormais, et pour un mandat de deux ans, champions du monde des cadets, après avoir pris le dessus (32-28) sur l’Allemagne, lors de la finale du Mondial de Macédoine. Depuis avant hier-soir, la hiérarchie universelle d’un sport nommé handball est subitement bouleversée, un temple est secoué, une chasse gardée européenne vieille comme le monde est torpillée, une «dictature handballistique» implantée, depuis les années 60 dans le Vieux continent, est tombée. Plus concrètement, le sacre planétaire échappe, pour une fois, aux traditionnelles et célèbres écoles française, danoise, espagnole, croate, allemande, russe et scandinave qui étaient jugées, jusque-là, indéboulonnables, indétrônables, pour avoir pris une avance de plusieurs décennies sur les autres pays. Cette «révolution» historique, on la doit à l’Egypte qui a tout fait, ces dernières années, pour mettre fin au règne de «l’empire européen». Oui, les Egyptiens —et on l’a déjà dit à maintes reprises sur ces mêmes colonnes— ont tôt fait d’y croire, en ayant la conviction que, pour espérer renverser un jour ce vieil empire, rien ne vaut le travail, la rigueur, la bonne gestion, la vision prospective et l’investissement dans l’avenir. Pour ce faire, ils n’ont pas eu recours à une baguette magique, mais à une politique claire et percutante : recrutement massif des compétences techniques locales, construction de nouvelles salles, mise en place de commissions chargées du suivi, ouverture plus large sur l’étranger (tournois internationaux, stages…), travail de prospection de talents touchant toutes les régions de cet immense pays, stabilité et union sacrée au sein de la fédération, en tant qu’exécutive de ce projet audacieux, augmentation des aides au profit des clubs. Le tout doublé d’une extraordinaire générosité de leur ministère des Sports qui a injecté un argent fou pour financer cette grande réforme, persuadé qu’il était que le handball est un créneau porteur et un investissement plus sûr par rapport aux autres disciplines.
La récompense est, aujourd’hui là, royale, fantastique, voire au-delà des espoirs nourris du côté des Pyramides du Caire. Bravo.
Pauvre 16e place
Si les Egyptiens ont mille fois raison de jubiler, de pavoiser et de se faire transporter de joie et de bonheur, s’ils sont rassurés quant à un futur radieux, surtout qu’ils ont également obtenu la 4e place brillamment arrachée au terme du dernier Mondial des juniors en Espagne, on n’a, en revanche, qu’à constater, impuissants, les dégâts dans nos murs. En effet, en Macédoine, on a eu ce qu’on méritait, c’est-à-dire qu’on ne pouvait viser mieux que la 16e place.
D’ailleurs, on peut dire, sans aucune exagération, que se qualifier aux huitièmes de finale constitue, en soi, un beau score, dans la mesure où notre sept national a abordé ce championnat du monde des cadets, frustré, frêle et lourdement handicapé par une préparation folklorique et donc infructueuse (zéro stage à l’étranger, zéro participation aux tournois internationaux amicaux, zéro test d’application, rien que des rassemblements internes dans l’indifférence entre Mahdia et Nabeul). De surcroît, nos gars ont souffert, là-bas, du bas niveau d’un championnat local émaillé de forfaits, d’incidents et de scandales d’arbitrage, outre une formule de compétition insensée, controversée et, par voie de conséquence, inproductive.
Avec tant de misères, la voie de l’échec était déjà tracée, avant même de rallier la Macédoine. Là où nos jeunes représentants n’avaient — ô fatalité — que leur courage à opposer. C’est pourquoi les condamner serait la pire des injustices, la plus belle femme au monde ne pouvant donner que ce qu’elle a. Ce qu’il faut plutôt condamner, ce sont le laxisme et l’indifférence de la tutelle qui est, comble des bizarreries, en odeur de sainteté avec pratiquement tous les sports, exception faite pour le handball, pourtant connu pour être le sport collectif le plus performant et le mieux représentatif de la Tunisie sur les scènes arabe, africaine et mondiale. Nous y reviendrons.
Mohsen ZRIBI