Malgré tous ses atouts séducteurs, la région demeure bizarrement inexploitée sur le plan touristique !
Pas besoin de schémas ou de récits pour mettre en relief les atouts séducteurs de la ville de Kélibia. Contentons-nous d’en citer la beauté des sites, l’abondance des plages au sable doré, la limpidité de l’eau de mer et les innombrables coins paisibles. Le tout sous forme d’un cocktail explosif alliant, dans un superbe tableau panoramique, montagnes, forêts et côtes. Au grand bonheur des écolos, des romantiques et des estivants épris de belles évasions vacancières.
Dans un autre pays, de telles richesses auraient été inévitablement exploitées à des fins touristiques, ce qui n’est malheureusement pas le cas pour Kélibia. Le constat est d’autant plus bizarre et troublant que celle-ci semble inaccessible, du moins pour le moment au secteur du tourisme! Jugez-en : nombre insignifiant d’hôtels, absence quasi totale de restaurants et d’espaces de distraction, zéro boîte de nuit, immenses surfaces à l’abandon le long de la côte, pas âme (touristique) qui vive, aucune animation sur la plage, piteux état des routes conduisant à la côte et que sais-je encore.
Tourisme local, dites-vous ?
Outre les Kélibiens de pure souche et dont le conservatisme est légendaire, les estivants vous diraient «tant mieux», indéfectiblement attachés qu’ils sont au tourisme local. «Sans touristes, nous sommes au moins en paix», lance laconiquement un habitant de la ville qui estime orgueilleusement que «la priorité doit être donnée au généreux consommateur tunisien, car on ne serait pas sorti de l’auberge si le tourisme venait à s’installer chez nous». Un autre estivant tunisois, visiblement amoureux de Kélibia assure: «Je préfère venir ici en famille qu’aller dans une banlieue de Tunis ou Hammamet où les touristes sont d’autant plus “envahissants“ qu’ils bénéficient largement d’un meilleur traitement que nous». Or, si cette région est en odeur de sainteté avec le tourisme local et familial, cela ne veut pas dire que tout baigne dans l’huile, les abus étant nombreux : parkings à l’étroit, campements anarchiques sur la plage, manque d’entretien des lieux, absence policière. La municipalité de la ville, en tant que gérante, semble si dépassée qu’elle n’arrive même pas à implanter de simples plaques de signalisation menant à la plage, de telle sorte qu’un étranger à la ville est condamné à faire des acrobaties pour arriver à bonne destination, j’allais dire à bon port, puisque le port de Kélibia est, lui aussi, à l’abandon !
Osez, Monsieur René…
Tout cela pour dire, plus blanc que blanc, que la balle est désormais dans le camp du ministère du Tourisme et de l’Artisanat.
Celui-là même qui devra, un jour, oser, en se rendant à l’évidence que Kélibia mérite amplement et foncièrement de devenir un pôle touristique. Homme de terrain, chevronné du tourisme, l’homme fort de ce département, René Trabelsi, ne perdrait rien, lui qui ne se lasse pas de sillonner le pays de long en large, à effectuer un saut à Kélibia pour en avoir le cœur net, c’est-à-dire pour inscrire cette région dans son agenda. Le cas échéant, des investisseurs privés s’amèneraient, le terrain serait balisé pour l’implantation d’unités touristiques, des T.O. y mettraient le cap et, in fine, des recettes substantielles seraient assurées. Allez, Monsieur René, osez tâter le pouls et vous ne seriez pas déçu. Parole d’enquêteur…
Mohsen ZRIBI