La croissance de l’industrie de pharmacie tunisienne est estimée à 40 % d’ici deux ans. La Tunisie est fière d’être l’un des pays africains les plus avancés dans l’industrie pharmaceutique. Outre la privatisation, un cadre fiscal et réglementaire adéquat a été promulgué au début des années 90. Depuis ce temps, le secteur a connu son envol et a pu satisfaire une partie des besoins locaux et d’exporter à l’extérieur.
La privatisation de l’industrie pharmaceutique en Tunisie a eu des effets bénéfiques à plus d’un titre dans la mesure où les mesures d’encouragement de l’investissement dans ce secteur ont porté leurs fruits. A la faveur de ces mesures, les professionnels ont pu bénéficier d’une exonération de l’acquisition des matières premières et des produits de conditionnement importés. De plus, les produits ayant deux autorisations de mise sur le marché tunisien peuvent faire un appel d’offres national.
Les investisseurs étrangers peuvent aussi posséder 100% du capital d’une structure et ont l’entière liberté d’effectuer la transmission de fonds. Ces dispositions prises par l’Etat ont permis de développer les infrastructures pharmaceutiques et d’augmenter les besoins du pays. Des filiales de multinationales se sont installées au même titre que les entreprises locales.
Entreprises exportatrices
Près de 56 unités de production en Tunisie sont actives dont 28 produisent des médicaments à usage humain, 6 des producteurs de médicaments pour les animaux, 22 des unités produisant des équipements médicaux dont la moitié sont des entreprises exportatrices.
Le pays dispose aussi de 35 centres de recherche, plus de 600 unités spécialisées dans la recherche scientifique et quelque 150 laboratoires. Cet investissement massif a permis au secteur de résister à la dévalorisation de la monnaie nationale.
L’exemple le plus frappant de cette hausse de la production de l’industrie pharmaceutique est la valeur de la production locale de médicaments et dispositifs médicaux qui tourne autour de 15 MDT en 1990 pour devenir 509 MDT deux décennies plus tard.L’approvisionnement local concerne les produits médicamenteux génériques fabriqués sous licence ; ceux ayant des formes liquides et pâteuses et les produits importés (sérums, vaccins etc). L’importation est assurée par l’Institut Pasteur de Tunisie.
De son côté, la consommation des médicaments enregistre aussi une hausse moyenne de 10% par an. En 2005, la consommation nationale se situe à 530 MDT pour atteindre 974 MDT 5 ans plus tard. Cette hausse de la consommation est due à plusieurs éléments dont les mesures incitatives fiscales et commerciales qui encouragent les investisseurs locaux ou étrangers.
Formation médicale et paramédicale
Les centres de formation médicale et paramédicale ont un rôle important à jouer. Outre les 20 écoles supérieures de santé, on compte aussi la faculté de pharmacie, de médecine dentaire ainsi que les facultés de médecine. Le développement des infrastructures sanitaires comme les hôpitaux, les cliniques, les centres médicaux dans les gouvernorats.
L’amélioration de la prise en charge de soins et du régime de santé impacte aussi sur la hausse de la consommation de médicaments. Cette hausse est aussi due à l’arrivée en masse de patients des pays voisins, notamment la Libye au cours de ces dernières années.Ces patients sont attirés par les coûts des soins plus compétitifs et les équipements plus modernes de la Tunisie. Si le marché local est florissant, le développement du marché export est sujet à plusieurs éléments.
Il est également difficile d’enregistrer des médicaments dans les pays étrangers. A ces deux paramètres s’ajoute la concurrence féroce des marchés asiatiques et des pays arabes voisins.
Unités de recherche
L’industrie pharmaceutique du pays mobilise des compétences variées. On retrouve d’abord les unités de production de médicaments génériques qui figurent parmi les créneaux porteurs dans ce secteur. On cite également l’industrie de la recherche et production de vaccins. Il existe plus de 300 unités de recherche scientifique dans la biotechnologie dans le pays.
Pour accueillir au mieux les besoins des locaux, des marchés innovateurs de production d’arômes, des produits de conditionnement et de la verrerie en laboratoire sont aussi apparus. Enfin, on compte également des unités d’externalisation de recherches de médicaments dans ce secteur. Ces différentes structures permettent à la Tunisie de produire des médicaments ou des dispositifs médicaux en grandes séries.
Cette industrie propose de nombreux débouchés qui assurent un parcours professionnel passionnant pour les sortants de facultés de médecine, de pharmacie, etc. Ils peuvent exercer entre autres le métier de pharmacien hospitalier (celui qui assure la gestion des achats et des produits de santé des patients hospitalisés), le praticien hygiéniste (celui qui assure les formations d’hygiène définies par le comité de lutte contre les infections), le pharmacien inspecteur de santé publique (celui qui élabore et met en œuvre la politique de santé publique).
Progrès technologique
On peut citer également le pharmacien biologiste, le pharmacien enseignant ou maître de conférences, ou le pharmacien responsable d’un laboratoire de recherche etc. Le progrès technologique a fait aussi apparaître le e-pharmacien. La liste est loin d’être exhaustive.
Mais la plupart des métiers dans ce secteur entre en relation avec des professionnels de réseaux de santé.
La rigueur, la disponibilité, la curiosité, le bon sens relationnel, l’esprit d’équipe, le sens d’écoute et la capacité d’analyse sont les qualités requises. Des connaissances en biologie, enépidémiologie, en droit de la santé, en pharmacologie sont également indispensables pour certains postes.
La dynamique du développement de ce secteur est plus certaine, comparée aux marchés des pays voisins. Cette croissance a un effet positif sur l’amélioration de l’espérance de vie des habitants et sur les opportunités d’investissement dans ce secteur. La position géographique stratégique du pays (proximité avec les pays arabes et africains), le coût des soins moins cher que dans les pays européens, le traitement et les structures sanitaires de qualité constituent aussi les points forts de cette industrie.
Par ailleurs, la politique plus souple sur le tarif de médicaments et sur les procédures d’enregistrement de l’AMM, la mise en place des lois en faveur des recherches des laboratoires internationaux sont encore des points à améliorer. Dernièrement, on note également cet incident de corruption de la Pharmacie centrale sur le médicament Depakine-chrono. L’hypothèse de contrefaçon, d’erreur d’emballage de Sanofi étaient évoqués pour ce comprimé. Quoi qu’il en soit, le ministère de la Santé a décidé de retirer du marché les boîtes de ce médicament qui traite les patients épileptiques mais qui contient des médicaments pour l’hypertension.
Enfin, le secteur pharmaceutique aurait aussi à trouver des talents de haut niveau qui se prêtent à des fonctions de manager. Ainsi, pour continuer de garder cette vitesse de croissance, les investisseurs doivent dénicher des experts en management que ce soit en interne ou en externe. En bref, ce secteur propose des nombreuses possibilités d’évolution pour les diplômés en médecine ou en pharmacologie à condition de satisfaire les exigences des recruteurs.