Les 26 candidats retenus s’engagent dans un marathon de 12 jours pour présenter leurs programmes et séduire les électeurs. Coup d’envoi d’une course électorale qui s’annonce acharnée.
Si la campagne électorale pour les candidats à l’élection présidentielle anticipée à l’étranger a démarré samedi dernier, celle qui aura lieu à l’intérieur du territoire tunisien démarre aujourd’hui, ouvrant la voie à 26 candidats pour présenter leurs programmes électoraux et essayer de convaincre l’électeur tunisien pour remporter le prestigieux poste de chef de l’Etat.
En effet, l’Instance supérieure indépendante des élections a annoncé que 26 candidats ont été définitivement retenus pour la course présidentielle. Il s’agit de, rappelons-le, de Mongi Rahoui, Mohamed Abbou, Abir Moussi, Abdelkrim Zbidi, Mohamed Moncef Marzouki, Hamma Hammami, Hamadi Jebali, Mehdi Jomâa, Mohamed Lotfi Mraihi, Nabil Karoui, Elyes Fakhfakh, Kaïs Saïed, Youssef Chahed, Omar Mansour, Abdelfattah Mourou, Mohamed Hechmi Hamdi, Mohamed Sghaïer Nouri, Mohsen Marzouk, Seifeddine Makhlouf, Abid Briki, Néji Jalloul, Ahmed Safi Saïd, Saïd Aïdi, Selma Elloumi et Slim Riahi.
Ces différents prétendants au palais de Carthage entameront donc leurs campagnes électorales qui se résumeront principalement en meetings politiques, passages dans les médias, notamment audiovisuels, et pour la première fois des débats télévisés, outre les campagnes d’affichage et les tournées dans les différentes villes tunisiennes. L’un des éléments essentiels du déroulement de cette campagne électorale réside, en effet, dans l’accès aux médias audiovisuels. Les candidats, pour être élus, devront faire connaître leurs idées et leurs programmes. En dehors des meetings et des visites sur le terrain, les médias représentent un vecteur de communication incontournable.
L’Instance supérieure indépendante des élections (Isie) avait fixé les règles de la campagne électorale pour la présidentielle, lesquelles règles consistent pour l’essentiel en la neutralité de l’administration, des lieux de culte et des médias nationaux et le rejet de tout discours incitant à la haine, la violence, l’intolérance et à la discrimination sur la base de la religion, de la race, de l’ethnie et du genre. Les candidats doivent s’abstenir lors de leurs réunions de tout discours susceptible de porter atteinte à l’ordre public, d’inciter à commettre un crime ou un délit, ou de porter atteinte à l’intégrité physique des candidats et des électeurs, ainsi qu’à la dignité et à la vie privée des candidats. La transparence de la campagne en ce qui concerne les sources de financement et le plafond des dépenses électorales et la garantie des principes d’équité et d’égalité des chances entre tous les candidats doivent être strictement respectées.
Si les menaces des réseaux sociaux et notamment Facebook sur le processus électoral se sont fait sentir réellement, pour la première fois, l’instance a mis en garde contre le recours aux rumeurs et aux informations erronées pouvant induire les électeurs en erreur, soulignant que ces règles s’appliquent également aux sites et aux médias électroniques, notamment les pages et les comptes de réseaux sociaux, les sites web, les blogs et les applications pour Smartphones.
Un candidat en prison, et un autre «exilé»
La propagande électorale ou référendaire et la publicité politique sont strictement interdites, que ce soit dans l’administration, les institutions, les établissements publics, les lieux de culte, les établissements d’enseignement, les universités, les établissements de formation et les établissements privés non ouverts au public. L’Instance a interdit, pendant la campagne et la période de silence, la diffusion des sondages d’opinion liés directement ou indirectement à des élections, à un référendum, à des études ou à des commentaires de presse. Dans le cadre de cette campagne, les zones réservées à la publicité électorale doivent également être respectées.
C’est en raison de la situation particulière de certains candidats à la présidentielle anticipée que cette campagne démarre dans un climat politique tendu et exceptionnel. Il est question notamment du candidat Nabil Karoui, qui a été arrêté pour soupçons de corruption. Pour l’Isie, son arrestation pose plusieurs interrogations sur les modalités de sa participation à cette campagne, mais l’Instance affirme qu’elle appliquera les décisions de la justice quant à une éventuelle apparition médiatique de ce dernier, malgré son emprisonnement. Les mêmes interrogations se posent également pour le cas de l’autre candidat, Slim Riahi, qui fait l’objet de poursuites judicaires et qui se dit le premier exilé politique postrévolutionnaire. Riahi, résidant actuellement en France, participera probablement à la campagne électorale à l’étranger, mais à l’intérieur du pays, il se contentera de passages dans les médias, à distance.
Le chef de l’Etat par intérim, Mohamed Ennaceur, a appelé dans ce sens à purifier ce climat politique tendu et à protéger le processus électoral et cesser de le remettre en question. Ennaceur a même estimé que cette campagne électorale a démarré prématurément en raison de l’affaire Nabil Karoui et de tout ce qui l’a accompagnée de propos hostiles aux appareils de l’Etat, dont notamment la justice.
Les débats, une première
Outre le fait qu’elle soit la première campagne d’une élection tunisienne anticipée, cette phase électorale se distingue également par l’organisation, pour la première fois, de débats télévisés entre les candidats. En effet, l’établissement de la télévision nationale organisera ces échanges télévisés en partenariat avec l’Association Mounadhara, sous le contrôle de l’Isie et de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica). Les débats se dérouleront les 7, 8 et 9 septembre. Le premier groupe dont le débat aura lieu le 7 septembre se compose de Abdelfattah Mourou, Amor Mansour, Abir Moussi, Néji Jalloul, Mehdi Jomâa, Nabil Karoui, Moncef Marzouki et Abid Briki. Le 8 septembre, ce sera le tour du deuxième groupe comprenant Mohsen Marzouk, Mongi Rahoui, Elyès Fakhfakh, Hechmi Hamdi, Abdelkrim Zbidi, Mohamed Sghaier Nouri, Hamadi Jbali, Mohamed Lotfi Mraihi et Hatem Boulabiar. Quant au 3e groupe dont le débat est prévu pour le 9 septembre, il comprend Youssef Chahed, Kaies Saied, Slim Riahi, Safi Said, Hamma Hammami, Seifeddine Makhlouf, Said Aïdi et Selma Elloumi.
Pour ce qui est des passages des candidats à la télévision nationale, c’est Elyes Fakhfakh qui ouvrira le bal suivi respectivement de Néji Jalloul, Abid Briki, Moncef Marzouki, Amor Mansour, Hamma Hammami, Mohamed Abbou, Abir Moussi, Kaies Saied, Hatem Boulabiar, Hechmi Hamdi, Abdelkrim Zbidi, Selma Elloumi, Slim Riahi, Mohamed Sghaier Nouri, Hamadi Jbali, Mohamed Lotfi Mraihi, Mohsen Marzouk, Nabil Karoui, Seifeddine Makhlouf, Youssef Chahed, Mehdi Jomaa, Mongi Rahoui, Abdelfattah Mourou, Said Aïdi. Le passage à la TV est programmé pour les 10, 11, 12 et 13 septembre à 19h30. Chaque candidat aura droit à une minute trente secondes d’antenne.
Un accord commun sur la couverture des campagnes électorales a été conclu, rappelons-le, entre l’Isie et la Haica, portant notamment sur le respect des principes de l’égalité des chances et de l’équité entre les candidats, l’organisation des débats télévisés et l’interdiction aux candidats d’utiliser les médias interdits de diffusion pour faire leur campagne.
La campagne électorale pour l’élection présidentielle qui démarre aujourd’hui se poursuivra jusqu’au 13 septembre. Le 14 septembre sera réservé au silence électoral et les élections auront lieu le dimanche 15 septembre alors que les résultats préliminaires seront annoncés le 17 septembre.