Ambiance électrique, celle qui pèse depuis des semaines sur le pays, sur fond de crise économique, et de tension sociale et politique avec, en perspective, la mêlée pour la conquête de Carthage et celle pour remporter le trophée du Bardo, et de là mettre la main sur La Kasbah.
Une situation cauchemardesque que nous avions dénoncée, ici-même depuis des mois (Voir notre chronique du 03-04-2019) et qui ne peut en aucun cas donner naissance à des conditions pouvant être favorables à une meilleure situation globale pour le pays.
Avec le démarrage lundi de la campagne pour la présidentielle, dont le premier tour est prévu pour le 15 du mois, l’atmosphère est devenue encore plus tendue, plus chargée. Encore une conséquence de cette course pathologique pour le pouvoir et pour ses multiples avantages.
Un baromètre sadique qui, après trois mois de folle consommation et l’hyper stress des examens nationaux, fait peser sur le peuple, dont les nerfs sont déjà à fleur de peau, un lourd et grave fardeau. Celui d’endosser la responsabilité de choisir, sans données fiables ni grande conviction, le moins mauvais parmi les 26 candidats.
Une mêlée digne des plus grands matches de rugby, qui dénote un ensemble de problèmes, dont celui de l’hypertrophie du moi dont souffrent la plupart des politiciens et celui de leur incompétence flagrante pour la magistrature suprême. Et qui fera aussi perdre beaucoup d’argent au contribuable.
Lourde responsabilité que celle jetée sur le dos des électeurs. Ces derniers, promis au statut, ô combien valorisant, de dindons de la farce, sont toujours dans le flou, à quelques jours du scrutin, face au «flouss » (argent) d’une bonne majorité des candidats.
Candidats dont une bonne majorité n’ont jamais été réputés pour leur militantisme, leurs sacrifices ou leur compétence dans la conduite des affaires publiques. Candidats dont certains sont accusés d’avoir favorisé le retour des mafieux, ou d’avoir contribué à l’aggravation de la crise économique et sociale du pays.
Pire, certains parmi eux sont accusés de crimes financiers ou d’avoir bradé la souveraineté du pays et ses richesses, d’avoir des connivences avec l’étranger, ou encore d’avoir participé aux assassinats politiques survenus à l’époque de la Troïka et favorisé et même encouragé le terrorisme.
Tout cela avec des candidats dont certains jouent la carte du populisme, avec ses différentes versions, telles que celles des droits de la femme, de la sécurité, de l’éradication de la pauvreté, la neutralisation des islamistes, etc., et d’autres qui rêvent encore d’appliquer de vieilles idéologies, aujourd’hui obsolètes ou bien qui ne connaissent pas grand-chose à la Constitution, le choix est réellement difficile.
Le peuple a été ainsi pris en otage et se verra contraint de choisir sous l’effet de la manipulation, voire la menace, et en subissant les mille et une défaillances dont les pouvoirs publics sont accusés et même clairement tenus pour responsables.
Nous l’avions pourtant clairement noté, ici même : impossible d’aller aux élections dans ces conditions de stress social et politique et avec plusieurs dossiers importants, voire même graves, encore ouverts.
Nous avions pour cela proposé la tenue d’un grand congrès national populaire afin de discuter des grandes lignes des nouvelles politiques à adopter, en premier celui du nouveau modèle de développement, celui du modèle sociétal et celui du modèle de consommation. Feuilles de route que chaque candidat, à la présidence ou à la députation, est tenu d’appliquer.
Puis de créer un organisme qui deviendra la référence en matière d’information, et ce, afin de lutter contre cette coulée de fausses informations, de pseudo-analyses, d’accusations non fondées qui a envahi nos médias, surtout les réseaux sociaux.
Et enfin de décortiquer tous les dossiers encore ouverts, restés en suspens sans résultats tangibles tels que celui des martyrs et des blessés de la Révolution, des assassinats politiques, des contrats pour les hydrocarbures et de là dénoncer tous ceux qui ont comploté contre le pays.
Bref, nous sommes en train de refléter une image interne et externe assez négative sur tous les plans. Ce qui ne pourrait en aucun cas encourager l’augmentation des flux, intérieur et extérieur des investissements, et, par conséquent, ne peuvent que freiner la croissance économique du pays, déjà insignifiante.
Foued ALLANI