Derniers meetings, pluie de rumeurs, et un des candidats qui reste en prison : la Tunisie a vécu vendredi une dernière journée de campagne présidentielle fébrile, avant la présidentielle à suspense de dimanche.
Les dernières heures de campagne ont notamment été marquées par le rejet par la justice d’un recours contre l’arrestation de Nabil Karoui, qui restera donc incarcéré pour le premier tour dimanche.
Il est l’une des têtes d’affiche d’un scrutin extrêmement incertain, avec d’autres candidats comme le représentant du parti d’inspiration islamiste Ennahda, Abdelfattah Mourou, le Premier ministre libéral Youssef Chahed, l’avocate anti-islamiste Abir Moussi ou l’indépendant conservateur Kais Saïed… Au total, 26 postulants sont engagés dans la course.
L’avenue Habib Bourguiba retentissait vendredi soir de musiques concurrentes et des derniers discours de plusieurs candidats, venus achever leur campagne, à quelques dizaines de mètres de distance les uns des autres.
L’ex islamiste se qualifiant désormais de « conservateur », Abdelfattah Mouro
L’ex islamiste se qualifiant désormais de « conservateur », Abdelfattah Mourou, faisait sans conteste le plein de partisans, une foule compacte de plusieurs centaines de personnes venues de diverses régions tunisiennes.
Accusé d’être un populiste ou un escroc par ses détracteurs, Nabil Karoui s’est construit une forte notoriété ces dernières années en organisant des distributions d’aide dans les régions défavorisées du pays.
Au centre de l’avenue Bourguiba se tenaient deux rassemblements de candidats de gauche, Hamma Hammami et Mongi Rahoui.
Incertitude et fébrilité
Rarement l’issue d’une élection aura été aussi incertaine que celle de dimanche, en raison du nombre pléthorique de candidats, de l’éclatement des familles politiques comptant plusieurs postulants rivaux et de la difficulté d’identifier des lignes de partage marquées.
Toute la journée de vendredi, des faux sondages ont circulé sous le manteau, des rumeurs de retraits ou de désistements de candidats ont été démenties…
Signe de la nervosité et de la fatigue de fin de campagne, le candidat Moncef Marzouki, qui fut le premier président de la Tunisie post-révolutionnaire, a jeté son micro à la figure d’un journaliste de la chaîne Euronews .
A l’étranger, l’importante diaspora tunisienne (386.000 inscrits) a commencé à voter vendredi.
A minuit vendredi, la Tunisie entrera en période de « silence électoral » avant le scrutin de dimanche, au cours duquel 7 millions d’électeurs sont appelés à voter.
Mais pour ajouter à la complexité de la scène politique, et au risque de semer davantage la confusion chez les électeurs, une autre campagne commence dès vendredi minuit, celle des législatives du 6 octobre.