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Animation des cités : Où sont les terrains de quartiers ?

L’expérience des terrains de quartiers entamée en fanfare depuis plus de deux décennies est menacée de disparition. Sera-t-elle réhabilitée un jour ?

Il y a un peu plus de deux décennies, départ en fanfare d’une expérience new look : les terrains de quartiers. Un démarrage si tonitruant que cette «trouvaille» a pu, au bout de quelques mois, toucher toutes les communes du pays, ou presque. Là où, à l’initiative des municipalités et avec l’aval de l’Etat, des espaces vierges ont été, une fois leur situation foncière régularisée, aménagés en aires de jeu pour la pratique des activités sportives. Suffisant pour gagner la satisfaction des habitants et le soulagement des parents qui voyaient leurs progénitures s’amuser «at home», c’est-à-dire à deux pas de chez eux, et souvent, sous leur œil attentif. Le succès populaire était tel qu’il avait permis aux exploitants de ces espaces de se prémunir contre les démons de la marginalisation et d’éviter le magnétisme désastreux de la délinquance et de la criminalité. C’est d’autant plus vrai qu’à l’époque, ces terrains de quartiers ne désemplissaient pas, ne désemplissaient jamais, tant leurs portes étaient ouvertes aussi bien aux enfants et adolescents qu’aux vieux de la cité qui y affluaient pour la quotidienne marche matinale. Plus, des élèves s’y amenaient dans le cadre des séances d’éducation physique administrées par les établissements scolaires. Bref, pour un coup d’essai, ce fut un coup de maître, mais…

Un délaissement inexplicable
«L’euphorie» passée, ce sera le… revers de la médaille. La superbe citadelle érigée au prix de lourds investissements municipaux allait progressivement menacer ruine. En atteste l’état d’abandon dans lequel sont devenus les terrains de quartiers : équipements endommagés, murs de clôture lézardés, portes défoncées, vestiaires et blocs sanitaires en état de délabrement, aires de jeu impraticables et qui se transforment, à la première pluie, en zones inondables. Le pire est même vérifiable à l’œil nu dans certains de ces espaces dont les uns se sont mis en mode de dépotoirs où se côtoient ordures ménagères et détritus, quand d’autres sont devenus le théâtre de bacchanales nocturnes qui font la joie des délinquants! Un exemple révélateur et ô combien douloureux : au cours de l’une des descentes policières effectuées récemment dans un terrain de quartier de l’Ariana, trois jeunes énergumènes ont été arrêtés en flagrant délit de consommation de «zatla». C’est dire combien le revers de la médaille est foudroyant. A qui la faute ? Une seule réponse : aux municipalités qui ont eu le malheur, on ne sait d’ailleurs pourquoi, de se désengager de la tâche de gestion de ces terrains en omettant (refusant ?) d’en assurer le suivi qui s’impose sans confier cette tâche aux privés. Et, évidemment, quand l’absence de l’autorité de l’Etat se fait sentir, c’est la porte ouverte à tous les abus. Aujourd’hui, le constat est amer : deux terrains de quartiers sur trois sont déclarés potentiellement inexploitables, d’où la question de savoir pourquoi les municipalités répugnent à sauver ces espaces dont la création leur a coûté les yeux de la tête ? Pourquoi ce forfait demeuré jusqu’ici inexplicable et, quoi qu’on dise, injustifiable ? Cela frise même la bizarrerie, car non seulement on n’a rien fait pour réhabiliter ces sites, mais aussi on n’a même pas pensé à les remplacer par d’autres projets de développement. Psychose.

Mohsen ZRIBI

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Un commentaire

  1. Jimmy Trabelsi

    15 septembre 2019 à 12:22

    Great they should do more for the youth ?

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