Depuis le lundi 2 septembre 2019, date officielle du lancement de la campagne pour l’élection présidentielle anticipée, jusqu’au vendredi 13 du mois, ça se bousculait au portillon, à Sfax, qui devient ainsi le gouvernorat le plus visité ou plutôt le plus courtisé. Le ton a déjà été donné au cours de la première semaine avec pas moins de 15 visites au compteur dont 09 en trois jours. Au décompte final, seul le candidat Slim Riahi, en exil forcé, aura manqué à l’appel.
Outre son poids économique, Sfax compte étant donné qu’il s’agit de la ville la plus peuplé du pays. Il est vrai que dans cette agglomération réputée conservatrice, une bonne partie de l’électorat est pro-Ennahdha. De quoi constituer probablement une motivation supplémentaire pour les différents candidats de tenter de battre la popularité du Mouvement islamiste en brèche dans son «fief» et lui ravir une partie de son réservoir électoral, une entreprise apparemment d’autant plus jouable que l’enthousiasme d’une partie de ses anciens partisans se serait émoussé au fil des jours.
Par ailleurs, pour les candidats, la région offre une satisfaisante visibilité quant aux revendications fondamentales de ses habitants : l’eau, l’emploi et le développement pour les délégations rurales, la pollution, le blocage, le marasme ou du moins la lenteur caractérisant la réalisation des grands projets, et surtout, la régression inquiétante des indices de développement pour le gouvernorat. Autant de soucis qui donnent naissance à une conscience collective des problèmes vécus par la ville, suscitent un sentiment général d’injustice, d’abandon ou de marginalisation par le pouvoir central, sujets de plaintes courroucées autour desquelles se cristallisent les revendications des nombreux et tenaces activistes de la société civile, auteurs d’actions soutenues et d’envergure.
De quoi faciliter la tâche aux prétendants à la magistrature suprême, suffisamment avisés quant aux problèmes de la région et des priorités en matière de traitement de ces problèmes. En effet, tous les politiques sont censés être au courant du fait que la priorité absolue pour Sfax, en perte de vitesse régulière sur le plan économique, est de reprendre son rôle de locomotive régionale et de retrouver son poids et son aura en tant que pôle économique et universitaire de premier plan à l’échelle nationale. Nombre de candidats y sont donc allés de leur engagement solennel d’œuvrer, une fois élus, à la réhabilitation de Sfax, faisant miroiter des lendemains qui chantent et des perspectives qui font rêver.
Côté infractions et autres irrégularités ayant entaché la campagne électorale présidentielle, du 02 au 13 septembre, on apprend qu’au niveau de l’Irie Sfax 1, le bilan des procès-verbaux dressés s’élève à 96 et que celui des infractions constatées à l’Irie Sfax 2 se situe aux alentours de 220. Selon des sources dignes de foi, pour la plupart des cas, ces infractions, d’ailleurs souvent signalées par des délateurs malintentionnés, seraient sans la moindre gravité. Cependant, quelle que soit leur nature : exploitation d’enfants mineurs à des fins électorales, utilisation des moyens de l’Etat, interférence entre les campagnes présidentielle et législatives, soudoiement d’électeurs…, toutes les violations de la loi électorale ont été, apprenons-nous, traitées avec l’attention requise et portées devant les instances compétentes.
Par contre, pour ce qui est des transgressions ayant trait à la rupture du silence électoral, les statistiques ne sont pas encore à jour, vu la mobilisation générale pour le jour du scrutin.
Le dimanche 15 septembre 2019, les 1.200 bureaux de vote répartis sur 369 centres ont ouvert à 8h00 pour accueillir les électeurs disposés à participer au scrutin parmi les 611.633 citoyens inscrits sur les listes des deux instances régionales indépendantes pour les élections Sfax 1 et Sfax 2, sachant que la région compte seize délégations.
Pour ce qui est du flux de participation, à l’exception des législatives de 2014 marquées par un élan enthousiaste et surtout par une affluence massive avant même l’ouverture des bureaux de vote, un scénario des jours de scrutin s’est bien mis en place depuis la présidentielle 2014. Schématiquement, et à quelques variantes près, le même scénario s’est reproduit hier dimanche, 15 septembre 2019, marqué par la convergence d’un premier lot de participants dont une majorité de seniors, à l’ouverture des bureaux, soit un taux de 04% de 8h00 à 10h00 à la circonscription électorale Sfax 1 et à la circonscription Sfax 2, un rythme ascendant de 10h00 à 13h00, avec un taux de participation de 25% pour Sfax 1 et de 28% pour Sfax 2, puis une arrivée clairsemée aux urnes et une période relativement « calme », avant la reprise de la cadence sur un rythme relativement ascendant, avec la participation des jeunes.
Ce qu’il importe de signaler, c’est que l’opération de vote s’est déroulée dans de bonnes conditions et sans dépassement notable, selon nos sources auprès des deux instances régionales indépendantes pour les élections.