Inclusion financière : Pas encore au rendez-vous

Selon un rapport du «Oxford Business Group», un Tunisien sur trois détient un compte bancaire, et à peu près autant un compte postal. Selon la même source, seulement 5% des Tunisiens sont clients d’une institution de micro-finance. Ces taux démontrent que l’inclusion financière n’est pas encore suffisante.

L’inclusion financière est défini par la Banque mondiale comme étant la possibilité pour les individus et les entreprises d’accéder, à moindre coût, à toute une gamme de produits et de services financiers utiles et adaptés à leurs besoins comme les transactions, les paiements, l’épargne, le crédit ou encore l’assurance.
Des services qui sont proposés par des prestataires fiables et responsables. L’accès à un compte d’opérations courantes constitue la première étape vers une inclusion financière entière, en ouvrant la voie au dépôt d’argent, mais aussi à l’envoi et la réception de paiements.

Disparités sociales
L’inclusion financière a aussi, pour vocation de réduire les disparités sociales, territoriales, régionales et de genre, à renforcer le secteur du microcrédit et à améliorer l’accès au financement pour les PME. Malgré la croissance du secteur bancaire mentionnée dans le dernier rapport annuel de la BCT, où l’on apprend que le revenu net du secteur atteignait, en 2018, près de 4,8 milliards de dinars, soit une hausse de 16,8%, dans la lignée de la croissance de 18,4% affichée en 2017.
Un rapport du « Oxford Business Group » constate que la Tunisie continue de se heurter à de faibles niveaux d’activité bancaire. Ce même rapport cite une enquête nationale du ministère tunisien des Finances qui confirme que si 61% des adultes sont titulaires d’un compte auprès d’une institution financière, seuls 9% d’entre eux étaient considérés comme des clients actifs, effectuant au moins trois transactions mensuelles.
Des chiffres qui soulignent l’importance d’améliorer l’accès aux services financiers pour les tunisiens. D’autre part, et dans un «baromètre des affaires » réalisé auprès de chefs d’entreprise africains et intitulé «Business Barometer : OBG in Africa CEO Survey», publié l’an dernier au mois d’avril, seuls 38% des dirigeants d’entreprise ont qualifié l’accès au crédit de facile ou très facile.

Accès aux crédits : dure affaire !
Pour le cas tunisien, ce chiffre est encore plus bas dans le dernier baromètre des affaires en Tunisie publié par OBG, OBG Business Barometer : Tunisia CEO Survey, avec 19% de réponses dans ce sens. Un taux qui traduit parfaitement, le calvaire des entreprises tunisiennes face à un défi de taille, celui de l’accès au crédit. Les PME tunisiennes ne sont que 15% à avoir accès à des prêts bancaires, selon la Berd.
Au mois de mars de cette année, le segment de la micro-finance comptait en Tunisie 599.000 clients, avec des prêts atteignant un total de 1,1 milliard de dinars (382.1 millions de dollars), selon l’Autorité de contrôle de la micro-finance de Tunisie (ACM). Vu l’importance des PME tunisiennes qui représentent près de 90% du total des entreprises et fournissent 56% de tous les emplois du secteur privé, une hausse des crédits pourrait faire l’effet d’un coup de fouet considérable pour l’ensemble de l’économie du pays.
Et c’est pour ces mêmes raisons que de nombreuses institutions financières développent actuellement leurs produits de technologie financière afin d’élargir la clientèle du système financier formel. Selon le directeur général de l’institution de micro-finance Advans Tunisie, le développement des Technologies de l’information et de la communication contribue à accroître la portée des produits de micro-finance dans les zones rurale.
En plus de ces réformes, d’autres efforts sont, actuellement, déployés afin d’adopter les normes internationales bancaires et de lutter contre les pratiques financières illégales pour aider la Tunisie à sortir de la liste noire de l’UE des pays susceptibles d’être exposés au blanchiment d’argent. Il est à rappeler que la Tunisie a été inscrite à la liste noire au mois de février de l’année dernière, puisqu’elle a été jugée susceptible d’être exposée au blanchiment d’argent et au financement du terrorisme.
Depuis son inscription sur la liste, la Tunisie a gelé les comptes de 22 individus et associations impliqués dans des transactions financières suspectes pour un montant total de 350 millions de dinars.

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