Plusieurs commerçants à Tunis et ailleurs n’acceptent pas les chèques sous prétexte que ce mode de paiement a été à l’origine, par le passé, de plusieurs problèmes supportés par le commerçant. En effet, il s’est avéré, à plusieurs reprises, que le compte bancaire du client est sans provision, ce qui cause un manque à gagner important pour le commerçant. Celui-ci intente, certes, un procès en justice pour les mauvais payeurs, mais l’affaire prend beaucoup de temps et elle ne permet pas pour autant de régler le problème.
D’après les derniers chiffres publiés par la Banque centrale de Tunisie (BCT), les billets et monnaies en circulation au 19/09/2019 s’élèvent à 13736 MDT, soit une somme faramineuse si l’on tient compte de manque de liquidité dans nos établissements financiers. Pourtant, des mesures ont été prises récemment en vue de limiter les paiements cash et de privilégier d’autres modes de paiement notamment pour les grands achats, comme la carte de débit, les chèques et le transfert d’une banque à une autre dans un compte courant. Il semble que certains Tunisiens et des chefs d’entreprise préfèrent encore régler leurs achats aussi volumineux soient-ils par de l’argent cash. Certaines personnes vont jusqu’à conserver leur argent frais dans des coffres-forts à la maison ou dans leur lieu de travail pour l’utiliser en cas de besoin.
Cette méthode archaïque n’a aucune rentabilité ni pour le contribuable ni encore moins pour l’Etat. Jadis, l’économie de l’argent se faisait à la maison de peur de voir les banques déduire certaines taxes à l’insu du client notamment lors de l’alimentation du compte. Pourtant, les établissements financiers se sont multipliés à un rythme assez rapide et toute personne qui a des fonds est invitée à les déposer dans un compte d’épargne ou un compte courant sous certaines conditions. Avec sa carte de crédit ou de débit, l’intéressé peut payer, à tout moment, ses achats de toute nature y compris les services de télécom.
Chèques non acceptés
Les banques sont disposées, à la demande du client, de lui fournir plus d’information au sujet des déductions effectuées et notamment quand ces taux sont prélevés et leur pourcentage qui diffère d’une banque à une autre. Toute l’opération de déduction se fait ainsi dans la transparence pour ne pas léser les clients et les inciter à déposer leurs fonds dans un compte bancaire. D’autres raisons encouragent les gens à amasser leurs fonds à la maison avec la possibilité de payer tout de suite un petit commerçant comme l’épicier du coin ou le boucher qui n’acceptent pas, évidemment, les cartes bancaires et encore moins les chèques. Pourtant, certains bouchers qui ont pignon sur rue ont introduit les débiteurs des cartes et plusieurs clients peuvent, s’ils le désirent, utiliser leur carte de retrait pour payer leur achat.
Le plus étonnant, c’est que plusieurs commerçants à Tunis et ailleurs n’acceptent pas les chèques sous prétexte que ce mode de paiement a été à l’origine, par le passé, de plusieurs problèmes supportés par le commerçant. En effet, il s’est avéré, à plusieurs reprises que le compte bancaire du client est sans provisions, ce qui cause un manque à gagner important pour le commerçant. Celui-ci intente, certes, un procès en justice pour les mauvais payeurs, mais l’affaire prend beaucoup de temps et elle ne permet pas pour autant de régler le problème. C’est pour cela que plusieurs commerçants n’acceptent plus les chèques et sont prêts à annuler l’achat, faute de disponibilité d’argent cash.
Il est vraiment dommage que les chèques n’ont plus la valeur qu’ils méritent. Ceux-ci sont utilisés notamment pour les grands achats dont les articles électroménagers, les vêtements, les inscriptions aux universités privées, les composants et accessoires électroniques, les voitures et les biens immobiliers ou fonciers. Il suffit que quelques personnes mal intentionnées émettent des chèques en bois pour donner une mauvaise image à ce mode de paiement.
Une multitude de cartes
Certaines banques proposent à leurs clients une multitude de cartes de retrait sous différentes appellations. Ainsi, le consommateur peut utiliser l’une de ces cartes avec un quota financier hebdomadaire pour régler ses achats dans tout commerce qui dispose d’un débiteur de cartes. Parmi les commerçants qui utilisent ces cartes à une cadence rapide, on peut citer notamment les grandes surfaces très fréquentées par les consommateurs particulièrement au cours du week-end pour faire leurs emplettes hebdomadaires. Aujourd’hui, ces grandes surfaces vendent vraiment tout ce dont ont besoin les consommateurs depuis les produits alimentaires jusqu’aux articles vestimentaires en passant par le matériel électroménager et les fournitures scolaires.
Les établissements hôteliers acceptent, eux aussi, tout mode de paiement en prenant le soin de noter le numéro de la carte d’identité et du numéro de téléphone du client sur le dos du chèque. Il n’est pas pratique que le consommateur emmène avec lui des milliers de dinars pour acheter ce dont il a besoin des différents commerces. Le risque de vol et de braquage augmente quand une personne se promène avec une somme faramineuse d’argent. Récemment, une femme qui a effectué un petit retrait d’un distributeur automatique de billets (Dab) a fait l’objet d’un braquage en plein centre de Tunis. Que dire alors de ceux qui retirent des fonds importants de leur banque.
En fait, l’un des points faibles mis en exergue par certains consommateurs, ce sont ces DAB qui sont disponibles presque partout mais qui ne sont pas toujours fonctionnels quand on a besoin d’eux notamment au cours du week-end end et des jours fériés. Il faut, parfois, faire le tour de la ville pour «découvrir» un distributeur qui fonctionne normalement. De telles pannes des DAB n’encouragent pas vraiment les consommateurs à recourir aux banques pour déposer leurs fonds.
Bonnes conduites à généraliser
De bonnes pratiques doivent être généralisées pour inciter les consommateurs à recourir aux banques pour confier leurs fonds utilisables à tout moment. Pour ce qui est de l’épargne – qui demeure le parent pauvre de notre système financier dans la mesure où le taux est encore faible – il est nécessaire d’améliorer la rémunération grâce à un taux d’intérêt incitatif. Plusieurs personnes ne veulent pas profiter de cette rémunération considérée comme interdite par l’Islam. Ils se contentent tout simplement d’épargner leur argent sans aucun taux d’intérêt, et ce, pour l’utiliser en cas de besoin pour eux ou pour l’un des membres de leur famille. Le taux de rémunération de l’épargne (TRE) du mois de septembre 2019 est de 5%, ce qui est encourageant pour celui qui veut bénéficier de ce plus.
Par ailleurs, le temps est venu pour revoir le système des DAB afin de réduire la fréquence des pannes. Ces distributeurs doivent être bien alimentés en billets de banque pour éviter le manque de liquidité notamment pendant le week-end et les jours fériés. Au cours de la journée, les agents de la banque doivent faire une vérification du réseau des DAB pour s’assurer que les billets de banque sont encore disponibles et qu’aucune panne n’est constatée. Il s’agit aussi d’encourager davantage l’utilisation des cartes de débit dans les magasins et de généraliser les débiteurs électroniques dans tous les commerces pour réduire, un tant soit peu, l’argent cash. Il n’est pas normal, à l’heure des technologiques numériques et de pointe, de continuer à travailler de façon archaïque en exigeant l’argent cash. Enfin, il faut résoudre une bonne fois pour toutes la question des chèques en bois en rétablissant la confiance entre les acheteurs et les vendeurs. Le consommateur ne doit pas utiliser son chéquier s’il ne dispose pas de provisions dans son compte bancaire. Le chèque doit être, en plus, débité dès le moment de son émission et ne doit en aucun cas être reporté à une date ultérieure même si une entente est établie entre le vendeur et l’acheteur.