Accueil Actualités L’Association des Magistrats Tunisiens (AMT) : «Le 19 septembre est une date déterminante»

L’Association des Magistrats Tunisiens (AMT) : «Le 19 septembre est une date déterminante»

Le président de l’Amt, Anas Hamadi, a affirmé que les magistrats poursuivront leur grève. Elle ne sera suspendue que lorsque les avocats impliqués dans l’affaire avoueront leur faute et se conformeront à la loi.

« Face à l’escalade, nous répondrons par l’escalade », a conclu le président de l’AMT lors de son intervention durant la conférence de presse tenue hier au Palais de Justice de Tunis. L’événement a été organisé par l’AMT dans l’objectif d’élucider la position des magistrats par rapport aux événements survenus le 19 courant dans le bureau du procureur de la République au Tribunal de première instance de Tunis. Lors de la conférence, les membres de l’association ont également fait part de leur position sur les déclarations médiatisées du bâtonnier des avocats Brahim Bouderbala. Ainsi, avec ces mots concluants et tranchants, le juge Anas Hamadi a affirmé que les magistrats continueront leur grève et que cette dernière ne sera suspendue que lorsque les avocats impliqués dans l’affaire avoueront leur faute et se conformeront à la loi.

Violation du bureau du procureur de la République et ouverture d’une enquête

Cette affaire semble, jusque-là, ne pas voir le bout de tunnel. Avocats et magistrats répondent, mutuellement, par ricochet à des déclarations respectives. Deux versions des faits s’opposent. Une première débitée par les avocats condamne le procureur de la République pour avoir recouru brutalement aux forces de l’ordre afin d’évacuer les avocats membres du comité. Une deuxième version communiquée par les magistrats — désormais en grève depuis jeudi 19 septembre — accuse une dizaine d’avocats d’ « agression verbale », de « pillage » et de « squattage » du bureau du procureur de la République. « Le recours à la police n’a eu lieu qu’après 3 heures de longues négociations avec le bâtonnier des avocats, qui a lui-même avoué dans une communication téléphonique que la situation est hors de contrôle. Des photos et des séquences vidéo ont été enregistrées par les avocats eux-mêmes prouvant nos propos. Ce sont des faits réels», a précisé Hamadi. Et d’ajouter qu’une dizaine d’avocats ont fait irruption dans le bureau pour le squatter et le piller. « C’est une violation d’un lieu officiel dans la mesure où le poste de procureur de la République est un poste de décision dans la hiérarchie de la structure judiciaire. Son bureau contient des documents hautement importants, notamment des correspondances secrètes. Ce qui a été fait n’est pas tolérable. Une enquête a été désormais  diligentée à cet effet. Le 19 septembre est une date déterminante », a asséné le président de l’association.

Des velléités pour asservir les magistrats 

Toujours par rapport au même sujet, Anas Hamadi, a noté que cet incident n’est pas un cas isolé. Et de souligner que des pratiques similaires, notamment de dénigrement, d’agressions physiques et morales et d’intimidation ciblant les magistrats et exercées par une partie des avocats sont légion. « Ces pratiques étaient courantes sous le règne de l’ancien régime, le régime de la dictature. Elles visent à rabaisser et asservir les juges. Les événements qui ont eu lieu au mois de février 2014 ciblant le juge d’instruction du bureau 5, ceux qui se sont déroulés à la Cour d’appel à Sfax en 2015 et n’omettons pas la dernière affaire déclenchée en août dernier à Sousse, sont tous des événements qui en disent long sur l’intimidation subie par les juges », précise Hamadi.

S’exprimant sur l’affaire connue sous le nom de « l’appareil secret d’Ennahdha », le président de l’Amt a affirmé que l’association était parmi les premières instances à exhorter les autorités compétentes à ouvrir une enquête sur les données communiquées au mois d’octobre 2018 par le comité de défense de Chokri Belaid et Mohamed Brahmi. A cet égard, Hamadi a mis en garde contre la diffusion des documents relatifs à « l’appareil secret d’Ennahdha » sur les réseaux sociaux. Il a mis l’accent sur la gravité de cette pratique dans la mesure où certains de ces documents peuvent être utilisés à des fins diffamatoires.

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