Les denrées alimentaires, les pommes de terre en tête, victimes d’une surprenante flambée des prix. Inexplicable.
Constat amer et triste pour le pauvre consommateur: l’heure est à une énième flambée des prix pour les denrées alimentaires. Après une légère accalmie qui n’a tenu que quelques semaines, voilà une nouvelle salve de hausses facilement vérifiables. Pour en avoir le cœur net, un saut dans un marché municipal ou dans les rayons d’alimentation des grandes surfaces suffit. Ici et là, attachez vos ceintures et retenez votre souffle : l’augmentation des tarifs est proprement aveuglante, avec, à titre d’exemple, plus de 500 millimes pour les pommes de terre, 200 pour les oignons et les tomates, 180 pour le persil, 170 pour le céleri et 150 pour les carottes.
Volet fruits de saison même note mélancolique : le kilo de bananes frôle les sept dinars, celui des raisins avoisine les trois dinars. Un seuil avec lequel flirtent les pommes, talonnées de près par les pêches ! Mais non, ce n’est pas fini, puisqu’un autre rendez-vous avec «le tandem stupéfaction-désarroi» attend le citoyen lambda dès qu’il met les pieds dans les rayons voisins.
Ainsi, le kilo de conserve de tomates a effectué un autre saut de 185 millimes, et les prix d’autres produits tels que les détergents, l’huile de soja, les laitages (beurre notamment), les ustensiles de cuisine et certaines marques de pâtes alimentaires sont, à leur tour, repartis à la hausse, à des niveaux différents. «On ne sait plus à quel saint se vouer», gémit une dame qui affirme peiner à faire ses emplettes, en dépit des tours effectués presque quotidiennement dans les supermarkets. Condamnant ce regain de flambée des prix, un instituteur à la retraite pointe un doigt accusateur vers l’Etat auquel il reproche «un laxisme incompréhensible face aux pratiques déloyales et illégales émaillant le secteur commercial du pays».
Cherchez la vérité
Face à cette zone d’ombre qui perdure, la lanterne du consommateur tarde à s’éclairer, en raison justement du silence radio des différentes parties concernées (ministères du Commerce et de l’Agriculture, municipalités…).
La faille, où la trouver donc? Si l’on adhère à la thèse insinuant l’existence d’«agissements mafieux dans les circuits de distribution», des questions surgissent alors : qu’a-t-on fait pour assainir ces circuits? Où sont passées les brigades de contrôle économique? Comment les denrées devant être commercialisées font-elles l’itinéraire producteur-revendeur sans être rigoureusement supervisées et passées à la loupe? Pourquoi les commerçants tolèrent-ils n’importe quelle augmentation de prix lors des opérations d’approvisionnement et de ravitaillement? Les matières premières, la flopée des taxes et les coûts de plus en plus onéreux de la main-d’œuvre et autres arguments avancés à l’infini par les producteurs, y sont-ils vraiment pour quelque chose ? Le commerce parallèle est-il fort et «invincible» à ce point? Certes, ce dernier a essuyé beaucoup de revers, ce qui a sensiblement réduit sa marge de manœuvre. Mais hélas, il est toujours là, stoïque et menaçant pour l’économie nationale.
Mohsen ZRIBI