Pendant la 7e édition de «Dream City», la part belle est réservée à la parole, aux mots : ainsi, diverses activités, performances et ateliers permettront aux langues des artistes et des festivaliers de se délier à partir d’aujourd’hui et jusqu’au 13 octobre.
Nous avons rencontré pour vous, en amont de «Dream City 2019», Mira (Amira) Hamdi, jeune poétesse à la tête d’une performance attendue titrée «Khanka» et réalisée avec Hayet Darwich et Nolwenn Pitterschmitt. Ce trio féminin fera écho grâce à la force de ses textes. Voici un avant-goût de cette «poésie théâtralisée» attendue pour les 9 et 10 octobre à Dar Lasram.
Pour commencer, comment est née votre collaboration avec l’Art Rue ?
Avec l’Art Rue, tout a commencé en 2017. J’étais déjà membre actif au sein de l’association Damj. J’ai assisté à un atelier avec l’artiste chorégraphe Boyzie Cekwana. L’aventure a commencé suite à cette participation. J’ai été retenue pour une résidence artistique et je me suis fait remarquer grâce à mes textes.
Quel est l’apport de cette résidence artistique ?
Elle m’a été utile sur la forme : comment bien lire les textes sur scène ? Comment rétrécir, allonger ou même transformer les textes en une écriture théâtrale ? J’ai été initiée à la dramaturgie, au langage corporel, scénique…, etc. Le but ultime — après ma participation avec Boyzie et suite à la résidence artistique — c’est d’enrichir ma création pour qu’au final, je puisse la présenter au public de cette édition.
Parlez-nous de la genèse de votre création ?
J’ai passé un an en résidence. J’ai travaillé avec Fatma Ben Saidane, une poétesse algérienne, Souad Labizze et après, il y a eu l’artiste et amie Lilia Ben Romdhane. L’idée au départ de ma sortie de résidence, c’est de la lancer en livre en novembre. Mais cette forme a été étoffée pendant le processus de création, notamment grâce à l’intervention de Hildegard Devuyst, en consultation avec Jan Goossens et en faisant appel aux deux artistes avec qui j’ai poursuivi la concrétisation, et qui sont Hayet Darwich et Nolwenn Pitterschmitt. Avec ces deux dernières, au départ, on a communiqué via Skype, le courant est bien passé et elles ont rejoint l’aventure aussitôt. On a procédé à divers ateliers, jusqu’à nos jours. Le plateau se composera de mon texte en tunisien, d’autres textes en anglais en arabe et en français : multilingue. Je ne ferai pas la lecture toute seule. On prépare quelque chose de très nouveau même pour moi. Je suis, en effet, habituée au slam, mais pas à tout ça. Je reste confiante.
Qu’est-ce qu’une sortie de résidence pour vous?
Pour moi, la sortie de résidence, c’est l’étape qui surgit vers la fin et qui est présentée en amont pour tester la réaction du public par rapport aux thèmes que j’évoque, comme les problématiques de la société tunisienne, des minorités, l’exclusion des personnes différentes… et le feedback du public est essentiel pour que je puisse aller de l’avant. Ma sortie de résidence a eu lieu en mai dernier.
Avez-vous un public cible ?
Ça ne me dérange pas. On en a parlé. Les gens de la Médina sont portés sur les traditions. A vrai dire, j’ai évité quelques textes qui peuvent être choquants pour les auditeurs comme un texte intitulé «Letter to god».
J’ai un autre qui traite du viol aussi. Les sujets restent tout de même très corsés.
Et de la part des habitants de la Médina, avez-vous ressenti leur intérêt pour cette création pendant votre résidence ?
Pas tous, mais grâce à la sortie de résidence, j’ai eu des feedbacks. Je suis d’ici. De bouche à oreille ils peuvent savoir ou avoir une idée sur ce que je fais. D’autres qui ne sont pas d’ici sont aussi en attente. Rendez-vous donc à «Dream City».
Crédit photo : ©Safa Ben Brahim)