A travers des études scientifiques entre la Tunisie et l’Italie, on a pu redécouvrir la richesse du patrimoine naturel tunisien par sa diversité. Il faudra s’atteler à mieux conserver et valoriser les gènes pour les générations futures et contribuer à préserver l’environnement.
Une base de données sur les différentes variétés d’oliviers a été mise en place grâce au projet tuniso-italien « Ressources phytogénétiques tunisiennes mieux conservées et valorisées » qui a été lancé en 2016. Celle-ci a pu être alimentée à partir de l’identification d’un génotype de référence pour chaque type de variété d’oliviers, a observé Olfa Sadoud, coordinatrice du projet auprès de la Banque nationale des gènes (BNG), en marge du séminaire international qui s’est tenu à Tunis sur le thème «Ressources phytogénétiques tunisiennes mieux conservées et valorisées».
C’est grâce à une meilleure connaissance du matériel génétique qu’il est possible d’obtenir une huile d’olive labellisée qui peut être exportée à l’international, a expliqué la coordinatrice du projet auprès de la BNG. Huit gouvernorats dont ceux de Béja, Mahdia, le Kef et Nabeul ont été ciblés par ce projet tuniso-italien dont le coût s’élève à 1 million 280 mille euros (près de 4 millions de dinars).
Les perspectives de développement économique en conformité avec les normes européennes et la nouvelle étape dans la concrétisation des ODD, objectifs du développement durable, placent la Tunisie au centre des attentions de l’aveu des experts et partenaires italiens. Il y a une volonté de continuer à valoriser les ressources naturelles tunisiennes pour se conformer notamment au programme de lutte contre les changements climatiques car la Tunisie est concernée en tant que pays membre du programme «Green Climate Fund».
Pour Maurizio Raeli, directeur du Centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes de Bari (Ciheam- Bari), le projet sur la valorisation des ressources phytogénétiques tunisiennes, et qui devra prochainement s’intéresser aux variétés de céréales, a contribué à la mise en place d’un réseau d’échange entre les chercheurs tunisiens et italiens, soulignant qu’il répond parfaitement aux objectifs du développement durable fixés par les Nations unies. Les partenaires italiens veulent soutenir la Tunisie démocratique qui s’est engagée pour retrouver ses racines à travers le développement de ses ressources autochtones. «Soyez fiers de votre patrimoine culturel et historique. Celui que vous partagez avec la région méditerranéenne à travers ses ressources et ses gènes. L’expertise italienne en matière de protection de l’environnement n’est plus à démontrer. La Tunisie doit emboîter le pas au pays voisin du Bassin méditerranéen», a affirmé l’ambassadeur d’Italie en Tunisie, M. Lorenzo Fanara.
L’Italie, un appui de taille
L’ambassadeur d’Italie Lorenzo Fanara, en poste depuis mai 2018, a résumé les enjeux de ce séminaire le qualifiant d’ « important car il met en valeur les études conjointement menées par les Italiens et les Tunisiens» et l’attachement de l’Italie à son partenaire méditerranéen tunisien. « L’importance de ce séminaire est scientifique mais aussi culturelle et politique. Il faut être fier lorsqu’on possède un patrimoine aussi riche qu’on a redécouvert et mis en valeur. A travers la redécouverte et la valorisation de ces ressources, on offre un don aux générations futures. On donne aux agriculteurs de nouvelles ressources pour leur développement économique. Les agriculteurs gagneront plus d’argent avec cette diversité de ressources».
M. Mokhtar Hammami, ministre de l’Environnement et des Affaires locales, a tenu de son côté à rappeler le cadre de ce séminaire international qui s’inscrit dans le cadre de la coopération bilatérale entre la Tunisie et l’Italie et englobe plusieurs volets dont la Recherche et le Développement. «Il y a une même vision, un même objectif partagé, un même changement et aucune divergence de vue dans la coopération tuniso-italienne». Les inquiétudes relatives à la perte ou le manque de biodiversité en Tunisie, la disparition de nombreuses espèces ont été soulevées. M Mokhtar Hammami a, pour sa part, plaidé en faveur de l’instauration en Tunisie de taxes sur les transports aérien et maritime et sur le flux du capital naturel pour sauvegarder la biodiversité qui, a-t-il dit, «doit s’autofinancer».
Il est impératif, aussi, selon lui, de faire émerger une opinion publique favorable à la conservation de la biodiversité, en consacrant, à ce titre, plus d’espace aux questions environnementales dans les médias. Le changement climatique et le réchauffement menacent la conservation de la diversité biologique. Il appelle au devoir citoyen afin de sauvegarder et préserver l’environnement pour accompagner les ambitions de ce projet.
Mohamed Salem KECHICHE