Objectif : rendre les trottoirs aux piétons. Ce nouveau durcissement a provoqué la colère, puis les sit-in des cafetiers.
Et ça reprend de plus belle pour une nouvelle offensive contre les cafés. Une offensive pas seulement subite, mais aussi et surtout fulgurante et sans merci. «Elle est, pour moi, d’une ampleur sans précédent», soutient, visiblement abattu, un cafetier qui n’en revient pas encore. «Certes, tempête-il, ils nous ont épargné, l’espace de quelques mois, d’une trêve qu’on croyait définitive. Mais, voilà que les municipalités nous prennent brusquement à la gorge en optant pour la politique du bâton».Et pour mieux exprimer sa colère, notre interlocuteur nous présenta le reçu d’une amende qu’on lui a fraîchement infligée. Le montant de celle-ci s’élève, tenez-vous bien, à 550 dinars! «J’ai dû, se lamente-t-il encore, régler cette amende qui a tout d’une injustice criarde dans la mesure où mon seul tort était d’avoir installé, en tout et pour tout, deux chaises en face de mon café. Plus qu’une injustice, il s’agit, à mon sens, d’un larcin en bonne et due forme. De quoi nous pousser à fermer boutique et mettre nos familles au chômage. Non, on ne se laissera pas voler de la sorte».
L’escalade?
Nombreux, justement, sont les cas similaires parmi les professionnels de ce métier. «Par un passé récent, rouspète un autre, on acceptait, avec fair-play, le fait accompli, surtout que les amendes ne dépassaient guère les cent dinars. Mais, quintupler le montant, du jour au lendemain et sans crier gare, c’est carrément violer la loi réglementant les infractions dans ce domaine». Un son de cloche que nos mairies ne veulent pas entendre, en se cramponnant à une position qu’elles disent légale et justifiée. D’où l’émergence d’un vrai bras de fer entre les deux parties en conflit. Et en premier lieu la partie plaignante qui, renseignements pris, est allée récemment chercher refuge auprès de la chambre relevant de l’Utica.
S’ensuivent des réunions de crise à ce sujet, mais apparemment sans lendemain, ce qui a finalement poussé les cafetiers à observer des sit-in régionaux devant les sièges des gouvernorats. Plusieurs d’entre eux n’arrivent toujours pas à comprendre pourquoi les municipalités ont usé d’un tel durcissement, alors que, logiquement, selon toujours les mêmes plaignants, la sagesse et la loi recommandent de procéder par un ultimatum, avant d’ordonner la sentence. «Un avertissement, une mise en garde étaient pourtant jusque-là de coutume», lance l’un d’entre eux qui s’étonne d’une tendance qui ne peut qu’engendrer l’escalade. Ira-t-on vers un duel fratricide entre des municipalités aux prérogatives désormais de plus en plus étendues, et une Utica désireuse de protéger les siens?
Mohsen ZRIBI