A mi-chemin entre le « concept store » et le « cultural shop », la première boutique des arts de la marionnette baptisée « Maison de la marionnette » a ouvert ses portes aux côtés de trois autres boutiques culturelles dans le hall principal à la Cité de la culture, avenue Mohamed-V.
Inaugurées mardi dernier par le ministre des Affaires culturelles Mohamed Zinelabidine, les quatre boutiques sont destinées à la vente et à l’exposition de produits culturels : des pièces artistiques, des produits dérivés du patrimoine, des objets de design créés par des artisans et des artistes tunisiens et exposés par quatre établissements culturels rattachés au ministère des Affaires culturelles à savoir : le Centre des musiques arabes et méditerranéennes, Ennejma Ezzahra, l’Agence de mise en valeur du patrimoine et de la promotion culturelle, le Centre national de céramique d’art de Sidi Kacem Jelizi, et le Centre national des arts de la marionnette. Dans peu de temps, d’autres boutiques rattachées aux différents pôles artistique de la Cité de la culture verront également le jour.
Première porte à gauche, juste à l’entrée du hall principal de la Cité de la culture, vous serez accueillis par d’étranges créatures, colorées, mystérieuses intrigantes. Bienvenue dans un monde où l’objet s’anime, prend part au monde et vous raconte toujours une histoire de l‘autre, miroir de nous-même: la marionnette.
Loin d‘être de simples poupées, chacune des marionnettes est liée à une histoire, un spectacle, un univers et un marionnettiste. Il ne s’agit pas d’un magasin comme un autre c’est un espace d’art vivant où les marionnettistes exposent, discutent, organisent des ateliers, et retrouvent les visiteurs, passionnés ou curieux de passage, pour présenter leurs dernières créations et initier les enfants et les adultes à cet art peu connu, mais captivant.
Ici, en plus des pièces exposées, les artistes du Centre national des arts de la marionnette proposent des ateliers pour promouvoir cet art ancestral, parfois confondu à tort avec les animations simplistes et enfantines.
La boutique des arts de la marionnette a été pensée et conçue comme un lieu d’exception, hybride où la vente de pièces artistiques côtoie l’initiation à l’art de la marionnette. Espace fluide, luminosité étudiée pour mettre en valeur les “créatures” mystérieuses, tout ici est entre humour et poésie avec une esthétique spécifique et une mise en espace inspirée.
La boutique expose et vend les dernières créations des marionnettistes et constructeurs de marionnettes tunisiens et soutient ainsi un savoir-faire qui lutte pour se faire connaître.
«Ce sont d’ailleurs là les objectifs et buts de la création de la boutique», déclare Hajer Zahzah Dhaouadi, directrice générale du Centre national des arts de la marionnette (Cnam). «Il était nécessaire de créer cette vitrine pour que les artistes et artisans qui œuvrent dans cet art puissent exposer, vendre leurs créations mais aussi promouvoir leur passion et leur art», ajoute-t-elle.
La directrice du Cnam décrit la boutique du centre comme une plateforme qui a pour but de regrouper tous les artisans et les marionnettistes pour qu’ils puissent toucher leur public.
« Ce n ‘est pas une boutique au sens purement commercial du terme, c’est un lieu de culture, au sein de la cité de la culture ». Madame Zahzah ajoute qu’«au centre nous remarquons la fascination du public, enfant comme adulte pour la création et les techniques de construction des marionnettes, ceci a un côté magique et merveilleux. La boutique rapproche ce monde des visiteurs de passage, mais c’est aussi un appel à visiter le centre, car elle en est la vitrine ».
Le Centre national des arts de la marionnette, devenu un Epna en 2018 et rattaché au ministère des Affaires culturelles, œuvre depuis sa création en 1993 à promouvoir l ‘art de la marionnette en mettant l’accent sur la formation, la création et la diffusion des œuvres de théâtre de la marionnette.”
C’est un champ vaste de créativité artistique, un art vivant et riche qui ne cesse de se diversifier et d’évoluer. La directrice présente le centre des arts de la marionnette comme un foyer ouvert à tous les artistes marionnettistes, étudiants en arts de la scène, passionnés amateurs et public de jeunes et moins jeunes attirés par l’art de la marionnette.
La boutique culturelle dédiée aux arts de la marionnette en est une vitrine et y exposera tous types de marionnettes conçues dans le centre, mais également par les artistes marionnettistes indépendants, passionnés et professionnels.
La directrice invite les visiteurs à ne pas s’arrêter aux halls, à « La Maison de la marionnette » mais de « Prendre l’escalier et venir visiter le centre des arts de la marionnette, d’aller à la rencontre des artistes qui y travaillent dans les ateliers mais également de voir les pièces de théâtres de marionnettes et les workshops organisés chaque semaine pour les enfants et les adultes. Vous serez surpris de découvrir cet univers, la diversité de ses formes ».
La directrice du Cnam explique que «Cet art traditionnel, ancré dans notre culture et notre patrimoine est un vaste champ créatif ouvert aux nouvelles technologies et à des esthétiques innovantes. L’image révolue des marionnettes en peluche maladroites, à la voix stridente et des spectacles pauvres, plats et sans reliefs est totalement dépassée pour laisser place à une dynamique créative, qui questionne, s’expose et qui peut parfois se vendre pour le plus grand bonheur des passionnés de tous les âges ».
La Boutique des arts de la marionnette « Maison de la marionnette» tout comme les trois autres boutiques n’ont pas un spot commercial comme les autres ,et la bonne nouvelle est que d’autres boutiques culturelles sont en cours de réalisation et seront bientôt inaugurées, gardant le même esprit d’un lieu hybride, culturel et commercial .
Elles s’inscrivent dans un parcours de visite de la Cité de la culture et font partie d’une expérience culturelle. L’emplacement, l’architecture et la décoration prolongent le plaisir du spectacle ou de l’activité culturelle dans une Cité de la culture vibrante de vie. Un lieu, qu’on s’est plu à critiquer, assez injustement pour son austérité, et qui, de jour en jour, peut-être plus que jamais, devient une cité où l’art et la culture sont des forteresses de résistance.