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Filière semences et plants : Un secteur laissé pour compte

Les semences tunisiennes ne représentent actuellement que 5% de l’ensemble des semences contre 25% en 2004 et 65% en 1975.

La filière semences et plants est une composante essentielle dans l’agriculture tunisienne de par sa forte contribution dans le rendement des cultures (à hauteur de 20%). Elle est déclinée en 6 activités, à savoir la recherche, la production, la multiplication, le contrôle, la distribution et la commercialisation. Plusieurs parties interviennent dans cette filière. Tout d’abord, il y a l’Institut national de recherche agronomique (Inrat) qui assure l’obtention variétale et l’amélioration du potentiel de production.

Ensuite, on trouve l’activité relative à la multiplication des semences sélectionnées qui est assurée par des coopératives semencières et des sociétés spécialisées. Enfin, l’activité relative à la distribution des semences certifiées est assurée essentiellement par un circuit de collecteurs de céréales de consommation qui ont développé des partenariats avec les céréaliers de proximité.

Dans son étude « Le rôle de la Banque Nationale des gènes dans la conservation de la diversité biologique et la sécurité alimentaire en Tunisie » réalisée en partenariat avec l’Ites, le docteur Chahine Karmous a souligné que la « politique des prix demeure encore peu cohérente en rapport avec le développement du marché des semences certifiées de céréales».

En effet, le ministère de l’Agriculture fixe le prix de vente des semences certifiées commercialisées par les coopératives à un niveau inférieur aux coûts de leur production, tout en subventionnant l’écart. En contrepartie, les prix des semences certifiées produites par les sociétés de multiplication sont libéralisés. Elles sont commercialisées avec des prix supérieurs de 15 à 30% par rapport aux prix fixés. L’étude pointe du doigt cette politique de prix d’être à l’origine de l’absence d’une dynamique de concurrence loyale entre les intervenants pouvant assurer à la fois la couverture de la demande et l’amélioration de la qualité des semences.

Une politique de prix inique

Le taux de couverture nationale en semences et plants est de 35% pour les semences maraîchères, de 54% pour la pomme de terre et de 90% pour les semences des grandes cultures, en l’occurrence les céréales, les légumineuses et les fourrages.

L’étude révèle qu’en termes de chiffres, l’épuisement des variétés autochtones se confirme davantage. Les semences tunisiennes ne représentent que 5% de l’ensemble des semences contre 25% en 2004 et 65% en 1975. En termes de coût, la quantité annuelle des semences importées s’élève à 26.000 tonnes pour un total de 97,3 millions de dinars enregistrées en 2013.

Cependant, la filière semences et plants demeure confrontée à plusieurs entraves, notamment d’ordre organisationnel. L’absence d’un système d’information efficace permettant de suivre les données relatives au secteur, le-non achèvement de programmes de mise à niveau du secteur sont parmi les principaux obstacles qui ont influé négativement sur sa gestion et son rendement.

Pour pallier à ces insuffisances qui minent la filière semences et plants, l’étude propose de procéder au renforcement du rôle des structures de contrôle relevant du ministère de l’Agriculture et d’accélérer l’élaboration d’un plan d’action intégré. Elle révèle qu’il est indispensable de mettre en place des mécanismes de coordination entre les différents intervenants et de veiller au renforcement du rôle de la commission technique des semences, plants et obtentions végétales.

M.S.

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