Rien ne peut justifier ces envolées insupportables au niveau de tous les articles. Fruits, légumes, viandes, poissons… tout est concerné par ces hausses. Le pire, c’est que ces augmentations équivalent le double, le triple ou le quadruple des prix pratiqués il y a seulement quelques années. Il est clair que les consommateurs ne veulent plus se laisser faire et qu’ils exigent de passer à l’acte.
Ce qui attend les différents pouvoirs, qui seront mis en place, est déterminant. En tête l’amélioration des conditions de vie des Tunisiens. Ce qui n’est pas une mince affaire, ni une sinécure. Les discours entendus au cours des campagnes électorales doivent trouver, immédiatement (ou dans un délai plus ou moins raisonnable), leur voie vers la concrétisation. Les fausses promesses ne seront plus pardonnées. La preuve en a été administrée par les résultats des scrutins qui se sont déroulés en septembre et octobre 2019.
Il est clair que les gens ne veulent plus se laisser faire et qu’ils exigent de passer à l’acte. A notre sens, il y a une urgence. En plus des impératifs hautement économiques, il y a des exigences plus terre à terre. Le consommateur tunisien n’en peut plus des augmentations continues et inconsidérées des prix de tous les produits de consommation. Cette cherté inédite est expliquée par les différents intervenants de diverses manières. Mais les arguments ne sont jamais convaincants.
La parade
Car quelles que soient les raisons invoquées par les uns ou par les autres, personne ne pourra excuser ces très fortes hausses. Rien ne peut justifier ces envolées insupportables au niveau de tous les articles. Fruits, légumes, viandes, poissons… tout est concerné par ces hausses. Le pire, c’est que ces augmentations équivalent le double, le triple ou le quadruple des prix pratiqués il y a seulement quelques années.
Plus étonnant encore, les produits dont il est question sont d’origine locale. On impute le coût de production et de celui des intrants, etc. Mais les experts sont unanimes à considérer que ces raisons ne sont pas capables d’entraîner de tels effets sur les prix. On aborde, alors, l’aspect spéculatif. Là, non plus l’argument n’est pas suffisant puisque les producteurs, eux-mêmes, exercent d’énormes pressions pour obtenir des prix à la production toujours plus élevés. Grâce à leurs corporations, ils font tout pour tenir la dragée haute. On pense, ici, aux produits agricoles, avicoles et laitiers, particulièrement. Ce n’est, donc, pas par hasard qu’on est revenu ces derniers jours à un rationnement du lait, des pommes de terre…
La parade n’a pas encore été trouvée par le consommateur. Le boycott réel serait le plus opérant. Une campagne dans ce sens a pu avoir lieu grâce à l’intervention des consommateurs par le biais des réseaux sociaux ces derniers jours. Elle a porté, essentiellement, sur deux produits : les pommes de terre et les bananes. Certes, l’idée est bonne, mais l’important c’est de la mettre en œuvre par la plus grande masse des consommateurs et non par une poignée de facebookers. On a parlé de près de 80.000 personnes impliquées dans cette opération. Ce n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan.
Le boycott doit être plus massif. On devrait parvenir à des milliers, voire des centaines de milliers de consommateurs pour pouvoir influer sur le cours des prix. En outre, il ne faut pas oublier que le rôle des organisations de défense du consommateur doit être plus engagé et plus pertinent. Pour l’heure, on ne constate pas une grande réactivité dans ce domaine. Tout au plus assiste-t-on à une sorte de récupération a posteriori, de la colère des consommateurs. Il est vrai que les moyens disponibles ne permettent pas à ces institutions de mener à bien leur travail et à réaliser leurs objectifs. Les consommateurs, non plus, ne sont pas accompagnés dans une stratégie à long terme.
Dans notre supplément «Économie» du 4 avril 2019, nous avions souligné la nécessité de mettre en œuvre l’arme du boycott (voir notre article : Seul le boycott est efficace).
Sans cette arme, il ne sera pas possible de faire plier les acteurs qui se jouent des prix et ils sont nombreux. Le danger est d’autant plus grand que ce phénomène de la cherté des marchandises touche à tous les secteurs et n’en épargne aucun sous des prétextes les uns plus étonnants que les autres.
Produits locaux inabordables
Aujourd’hui, le Tunisien ne parvient plus à jouir des fruits que l’on récolte chez nous tellement les prix sont inabordables. Avant 2011, il était normal que le plus modeste des consommateurs achète, à l’envi, des fruits comme les pastèques, les figues, les dattes, les pommes, les oranges, etc.
Actuellement, il ne peut que regarder les affiches sur les étalages et passer son chemin. Ce qui n’est pas du tout normal. Rien ne peut expliquer ou justifier cette situation devenue incontrôlable. C’est le rôle du pouvoir politique de tout faire pour parvenir à maîtriser ce volet qui risque de compliquer, davantage, la vie des Tunisiens.On ne parle pas des bananes qui viennent de l’étranger et dont le commerce profite à des parties bien installées. Nos produits locaux font, aussi, l’objet de spéculations. Ceci, malgré tous les indicateurs positifs enregistrés. En effet, on parle de hausses particulières des récoltes tant en quantité qu’en qualité grâce à une saison agricole parfaite. Aucune répercussion n’a été sentie au niveau de l’amélioration des prix. Les efforts sont, surtout, concentrés vers les exportations et on oublie le marché intérieur. Ce qu’on daigne laisser aux Tunisiens est de qualité, tout juste, moyenne mais avec des prix élevés au maximum. Les chiffres officiels parlent d’eux-mêmes.
Selon le ministère de l’Agriculture, les exportations de fruits ont augmenté au cours du premier semestre 2018. Au cours de cette période, la quantité de fruits exportée a atteint près de 9.296 tonnes pour une valeur de 31.5 millions de dinars tunisiens contre 6.630 tonnes (18.5 millions de dinars en 2017).
Cette hausse serait due, principalement, à la poursuite de l’exportation des fruits vers le marché libyen qui a absorbé près de 4.000 tonnes pour des recettes de 7.9 MDT, soit une hausse de 113% en quantité et 300% en valeur.
Le marché italien, lui aussi, est concerné puisque 2.536 tonnes de fruits d’un coût de 4.3 MDT ont été livrées. Ce qui signifie une augmentation de 48.8% en quantité et 123.4% en valeur pour ce premier semestre de 2018. En d’autres termes, le facteur exportation vient compliquer la question des prix.