Ennahdha, le parti qui a remporté le plus grand nombre de sièges au parlement du futur mandat législatif 2019-2024 (soit 52 sièges sur 217, en attendant les résultats des recours introduits auprès de l’Isie et peut-être auprès du Tribunal administratif par les candidats à la députation s’estimant lésés) parviendra-t-il à former, dans les délais constitutionnels estimés à deux mois, le prochain gouvernement censé conduire le pays durant les cinq prochaines années?
C’est la question que se posent les observateurs et les analystes politiques depuis le dimanche 6 octobre quand, à l’issue des législatives, le parti nahdhaoui s’est retrouvé au premier rang des vainqueurs avec un nombre de sièges loin de lui permettre de constituer à sa guise le futur gouvernement, de choisir selon son bon vouloir les partis avec lesquels il devra s’allier en vue de mettre sur pied l’équipe ministérielle qui aura à appliquer son programme électoral ou enfin de pouvoir résister aux exigences ou conditions-caprices des partis qui accepteraient de coaliser avec lui dans le but de pouvoir assurer le nombre de députés requis pour remporter la confiance de l’Assemblée des représentants du peuple quand le chef du gouvernement désigné lui demandera d’avaliser son équipe.
L’on se rappelle qu’au moment où les nahdhaouis fêtaient pompeusement, à Montplaisir, la victoire de leur parti, beaucoup d’analystes, d’observateurs et même de responsables nahdhaouis qui ont réussi à échapper à l’ivresse trompeuse du verdict des urnes s’interrogeaient sur les possibilités réelles du parti de pouvoir trouver les alliances «acceptables» pour former le gouvernement, et posaient même la grande problématique que le parti va affronter dans le sens de désigner l’un de ses leaders pour accomplir la mission en question et aussi de le voir bénéficier de l’aval des partis qui formeront la coalition gouvernementale attendue ou espérée.
Aujourd’hui et au moment où la cérémonie d’installation du nouveau président de la République au palais de Carthage approche à grands pas, dans la mesure où le nouveau chef de l’Etat Kaïes Saïed pourrait prendre ses fonctions d’ici le début de la semaine prochaine (c’est-à-dire lundi ou mardi 21 et 22 octobre) et appeler, par conséquent, le leader nahdhaoui (pas encore désigné par le parti) à former le futur gouvernement, s’est posée avec insistance une nouvelle donnée : et si Ennahdha choisissait une personnalité indépendante pour former l’équipe ministérielle attendue et conduire les négociations avec les partis ou les alliances qui donneront leur aval pour appartenir au gouvernement post-6 octobre 2019 ?
L’on se pose la question avec tout le sérieux que la situation requiert d’autant plus que les calculs arithmétiques que beaucoup sont en train de faire, les phrases-caprices distillées quotidiennement par les potentiels candidats d’Ennahdha et les conditions excessives exprimées par certains partis que les nahdhaouis cherchent à séduire ne peuvent qu’amener à conclure qu’un gouvernement de coalition sous supervision ou présidence nahdhaouie est pratiquement impossible à former.
Quant à l’alternative d’un gouvernement dit d’«union nationale», de «compétences», de «technocrates» ou «de construction nationale», elle commence à être évoquée par certaines parties. Mais la balle reste toujours dans le camp d’Ennahdha qui assume, dans tous les cas, la responsabilité de choisir le chef du gouvernement, quelle que soit l’appellation qu’il portera.
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