La valorisation du patrimoine historique et archéologique qui existe dans les diverses régions du pays constitue l’actuel enjeu majeur du tourisme tunisien.
« Comment réinventer le tourisme tunisien ? » était le sujet du débat organisé, hier à Tunis, par l’amicale des gouverneurs et le Forum de l’académie politique (Foap) avec le soutien de la fondation allemande Hanns Seidel Stiftung. Le débat a eu lieu en présence d’anciens gouverneurs et diplomates tunisiens. Les intervenants ont parlé des potentialités touristiques des divers sites historiques et archéologiques dont est dotée la Tunisie.
Un pays de culture et de tolérance
Dans son mot d’ouverture, l’historien et membre du conseil scientifique du Foap Dr Mohamed El Aziz Ben Achour, a mis l’accent sur le rôle de l’art et de la culture dans le rayonnement d’un pays et leur contribution à sa promotion en tant que destination touristique. Il a étalé, à ce titre, les diverses initiatives de valorisation du patrimoine national qui ont été menées sous sa houlette dans les années 2000. Et de souligner également le rôle que pourraient jouer l’industrie du cinéma et les festivals internationaux dans la relance du secteur. Il a rappelé, à ce titre, que la plupart des projets du tourisme culturel qui ont démarré avant 2011, ont été interrompus. Ben Achour a, par ailleurs, affirmé que le tourisme de masse qui a prévalu après 2011, a porté préjudice à des destinations touristiques à fréquentation internationale chic à l’instar de Hammamet, Djerba et Nafta. « Le tourisme de masse et la formule « all inclusive » ont non seulement porté préjudice à des destinations à fréquentation internationale jadis chic, mais ils constituent un handicap pour le développement du tourisme culturel », a souligné l’historien. A ce titre, il a affirmé que la menace terroriste constitue un « handicap de taille » à l’épanouissement du tourisme culturel, notamment dans le Sahara et les régions de l’intérieur. Et d’ajouter que la réhabilitation de l’image de la Tunisie en tant que destination touristique passe impérativement par son imposition comme étant un pays de culture et de tolérance. « Il faut combattre le discours identitaire agressif et le rejet de l’autre, voire de la modernité », a-t-il déclaré. Ben Achour a, en outre, appelé à éviter « le changement de cap intempestif », en s’engageant progressivement sur la voie du tourisme culturel et en conciliant les deux types de tourisme. La proximité qui existe entre les régions côtières et intérieures constitue, dans ce sens, un véritable atout.
« Une affaire de territoires »
De son côté, Dr Said Al Dailami, délégué régional de Hanns-Seidel Stiftung, a souligné que le tourisme est avant tout « l’affaire des territoires et des collectivités locales ». Il a précisé que de par sa forte contribution directe dans l’économie nationale à raison de 8% du PIB (tandis que le poids indirect est estimé à 14%), la durabilité du secteur du tourisme est une question vitale. Il a, ainsi appelé les Tunisiens à réfléchir sur les solutions pour améliorer et pérenniser le secteur. Comment faire mieux, notamment face à une concurrence mondiale agressive ? S’est-il interrogé. Il a noté, dans ce contexte, que plus de 189 pays à travers le monde ont adopté des stratégies de promotion agressives. La Tunisie doit inéluctablement trouver l’issue. « Le tourisme responsable et alternatif constitue une nouvelle piste », a affirmé Dr Al Dailami. Il a évoqué, à ce sujet, la ville de Kairouan comme exemple, où la rénovation de son centre historique y a permis de relancer le tourisme et de raviver l’artisanat. Ainsi, Al Dailami a exhorté les gouverneurs à dupliquer cette démarche et valoriser le patrimoine national de chaque région.