l est certainement plus facile pour un chameau de passer pour une souris que pour un « expert » en « politicien ». Surtout en période de transition… Mais au cours de ces neuf dernières années, ils ont été nombreux à vouloir essayer… et de continuer à le faire. Et les médias les y encouragent.
Qui plus est, la partie était truquée en leur faveur (des uns et des autres). On s’en est aperçu au cours des dernières joutes électorales, aussi bien présidentielle que législatives.
Les dernières notes de conjoncture de la Banque centrale de Tunisie (BCT) et de l’Institut tunisien de compétitivité et des études quantitative (Itceq) sont explicites. Elles ne souffrent aucune critique.
Il suffit de regarder les fondamentaux :
Les revenus des ménages baissent.
La classe moyenne (incontournable colonne vertébrale de la cohésion sociale) est paupérisée.
Les chiffres de l’emploi baissent : plus d’un million et demi en âge de travailler sont au chômage.
La croissance de la productivité chute.
La croissance du PIB réel baisse : elle s’est limitée à 0,0% par habitant en 2018.
Les overdoses sont en hausse : overdose d’inflation, overdose de taxes, overdose de laxisme, overdose de déficits publics, overdose de déficits extérieurs, … overdose d’impayés… overdose d’emprunts extérieurs…
Overdose de suicides chez les adultes. Même nos gosses se suicident.
C’est en grande partie pour cela que l’économie a ralenti… que les salaires réels ont stagné… et que la corruption a augmenté et, avec elle, les marchés parallèles.
Et nos « experts » transformés en « politiciens » le savent et le « dénoncent » à longueur de débats TV.
Mais, dans les faits, la partie reste truquée : les nouveaux riches sont bien plus riches aujourd’hui qu’ils l’étaient il y a 10 ans, et les nouveaux pauvres sont bien plus pauvres aujourd’hui qu’ils l’étaient il y a 10 ans.
C’est pour cela que nos nouvelles élites, en l’occurrence nos «experts» transformés en « politiciens » ont plus d’influence qu’elles n’en avaient il y a 10 ans (elles ont plus de verve et de bagou à montrer)…
Aujourd’hui, le trucage qui a causé tout cela est encore en place : une politique budgétaire improbable, une politique monétaire drastique, une politique financière équivoque et une politique de change très contestable.
Résultat des courses : les prix à la consommation grimpent, le chômage grimpe, les déficits grimpent, le bien-être social se dissout.
Aucune des combines restrictives n’a eu le moindre effet sur l’inflation.
Aucune des combines expansionnistes n’a eu le moindre effet sur le chômage.
Pourtant, au cours des années 1970, on pouvait, via la mise en place d’une politique d’économie sociale de marché, voir le bout du tunnel. Et on l’avait vu.
Mais nos « experts » transformés en « politiciens » qui défilent sur les écrans, le savent-ils ? Pourquoi ils n’en parlent pas ?
Le trucage est bien en place… même s’il n’est pas aussi complexe que l’imaginent nos « experts » transformés en « politiciens ».
Pour dire les choses autrement, il existe un moyen d’empêcher le faux dinar d’imploser… Feu Hédi Nouira (RIP), qui n’a rien d’un «expert» transformé en «politicien», ni un brasseur d’argent assoiffé de succès, pensait qu’il était de son devoir de faire en sorte que le «nouveau système», en l’occurrence l’économie sociale de marché, fonctionne. Et c’est la raison pour laquelle il avait fait du développement de la classe moyenne le moteur de la cohésion sociale.
Bien sûr, le remède de feu Hédi Nouira était amer. Et nous nous demandons comment le pays… a réussi à y survivre.
Mais cela a fonctionné. Il a réparé les trucages. L’inflation a baissé. Les salaires réels ont augmenté, l’emploi productif s’est accru très sensiblement.
Hélas, ce n’est pas la fin de l’histoire.
Le dinar bidon est toujours là. Le trucage est encore plus profondément implanté. Les «experts» transformés en « politiciens » s’y appuient plus que jamais.
Dr Tahar El Almi : Economiste-universitaire