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face à une demande croissante : L’accès à l’eau compromis 

La Tunisie a exploité tout son potentiel de mobilisation d’eau, soit à peu près 94% des ressources mobilisables. Ainsi, face à une demande toujours croissante et une érosion de la capacité des barrages due au phénomène d’envasement (une perte annuelle de 0,3%), la sécurité hydrique pourrait être menacée.

Le changement climatique, l’explosion des activités industrielles et l’intensification de l’industrie agricole sont tous des facteurs qui ont mené le monde vers une crise d’eau. La sécheresse frappe partout dans les quatre coins de la planète. En Tunisie, qui est un pays en situation de stress hydrique, l’augmentation continue des besoins en eau potable, suscite d’importantes pressions pour en assurer la couverture.

Miser sur la mobilisation des eaux de mer
Les différentes stratégies de mobilisation d’eau, qui ont été déployées depuis des décennies, ont permis de disposer, jusqu’à la fin de l’année 2015, des capacités suivantes : 35 barrages avec une capacité de stockage de 2.312 millions de mètres cubes d’eau dont 1.347 millions de mètres cubes au titre de l’axe de Medjerda ; 253 barrages collinaires et 902 lacs collinaires répartis sur tous les bassins versants du pays. Aussi, un total de plus de 100 mille puits et 5 mille forages fournissant 850 millions de mètres cubes d’eau à partir des nappes phréatiques renouvelables et 1.190 millions de mètres cubes d’eau à partir des nappes profondes, dont une partie correspond aux nappes fossiles non renouvelables, a été réalisé.
Il est estimé que tous ces ouvrages, mis en place depuis l’indépendance ont permis la mobilisation de 4.600 millions de mètres cubes, soit 93% du potentiel d’eau mobilisable. La demande est, pourtant toujours croissante.
Pour subvenir aux besoins en ressources hydriques dans les divers domaines, le plan quinquennal 2016-2020 prévoit 4 principaux objectifs, à savoir l’augmentation du taux de mobilisation des ressources hydriques de 93% en 2015 à 95% en 2020, l’augmentation du taux de desserte en eau potable en milieu rural de 94 à 96% en 2020, l’accroissement de la proportion des zones irriguées équipées en techniques économes en eau de 90% en 2015 à 95% en 2020 et enfin un taux de réutilisation des eaux usées de 50% contre 25% en 2015. En ce qui concerne l’accroissement du taux de mobilisation des ressources hydriques, cette dernière repose, majoritairement, sur la mobilisation des eaux de mer.
A ce titre, il a été prévu de réaliser 3 stations de dessalement dont celle de Sfax. Son objectif est de renforcer à long terme l’approvisionnement en eau potable dans la région de Sfax. Le projet est financé par l’Agence japonaise de coopération internationale (Jica) à travers un crédit de 804 millions de dinars remboursable sur 25 ans. Les travaux de la station sont désormais en cours. Elle sera opérationnelle à partir de 2021.

Phénomène d’envasement
Autre bémol pour les ressources hydriques en Tunisie , l’érosion continue de la capacité utile des barrages. En cause, le phénomène d’envasement qui envahit tous les barrages, notamment les barrages réservoirs. Selon les rapports respectifs nationaux du secteur de l’eau, on estime que les retenues des barrages tunisiens perdent annuellement 0,86% de leur capacité. En 2030, la perte de la capacité de stockage des barrages en exploitation pourrait atteindre 43% de leur capacité initiale. Les taux d’envasement des barrages réservoirs par an varient selon la nature de leurs bassins versants. Ils sont, en moyenne, de l’ordre de 0,3% par an. C’est le barrage de Sidi Salem qui affiche la vitesse d’envasement la plus élevée. Ainsi, le barrage le plus important du dispositif se trouve envasé à près de 34% avec une vitesse assez importante qui compromet sa durée de vie restante.
Les rapports mentionnent également que la sédimentation des réservoirs peut conduire à un coût additionnel lié au remplacement des barrages ou à la construction de nouvelles capacités de stockage. Le coût de réalisation de nouvelles capacités de stockage est d’environ 13 millions de dollars. Concernant les répercussions de l’envasement sur le secteur agricole, le coût de la perte de la production agricole due à une disponibilité limitée de l’eau, est estimé à 29,3 millions de dollars. Ainsi, le coût total de l’envasement des barrages peut varier entre 13 et 29.3 millions de dollars.

Identification des politiques agricoles
Face à cette situation hydrique très délicate, une bonne gestion des ressources hydriques en fonction du choix des activités agricoles, mais également en fonction des régions s’impose, étant donné que le secteur agricole consomme à lui seul 80% du total des ressources hydriques. « L’eau n’est pas seulement une ressource vitale menacée de pénurie en Tunisie. Elle devient un problème de société, un problème politique, de conscience et de communication”, a indiqué jeudi dernier le secrétaire d’Etat chargé des ressources hydrauliques et de la pêche, Abdallah Rabhi, en marge de la rencontre sur le thème « l’Eau à l’horizon 2050 »,organisée à l’occasion du 14e Salon de l’agriculture. « Quand on exporte des produits agricoles, on exporte aussi de l’eau. Il faut choisir ce qu’on doit exporter en fonction des ressources en eau consommées pour chaque produit agricole. Il faut gérer intelligemment ce que nous avons comme potentiel exportable “, ajoute-t-il. Il est à rappeler, par ailleurs, qu’une stratégie nationale « Eau 2050 » élaborée par le ministère de tutelle en partenariat avec le GIZ a été lancée au mois de mai de l’année en cours. Son objectif est de prémunir la Tunisie contre les conséquences socioéconomiques du stress hydrique, en planifiant les moyens et les projets qui permettent d’assurer un accès équitable, durable et inclusif aux ressources hydriques.

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