Un ministère spécialisé et bien structuré ? Le réseau associatif « Vigilants pour notre environnement », conduit par son coordinateur national, Slimane Ben Youssef, voudrait recentrer le débat sur la question, en lui conférant une dimension écologique.
Il était une fois un ministère de l’Environnement, comme portefeuille indépendant et interlocuteur unique du secteur. Cela fait, maintenant, presque 30 ans ! Détaché, parfois rattaché et plus souvent fusionné avec d’autres structures, ce ministère, ô combien important, risque de fondre comme neige au soleil. Une position politiquement irréfléchie et sans fondement qui reflète bel et bien l’état des lieux du milieu et la place qu’occupe l’environnement dans nos plans de développement. Même après la révolution, rien n’a changé à ce niveau. La répartition des portefeuilles a toujours été soumise aux quotas partisans et aux convoitises des uns et des autres. Ce qui fait de l’environnement, ainsi que d’autres départements, le dernier de leurs soucis.
Parallèlement aux multiples campagnes de propreté qui n’ont pas fini de créer la polémique sur les réseaux sociaux et remettre en question l’action municipale, des écologistes ont haussé le ton, réclamant le retour immédiat de leur département. Depuis le parc du Belvédère, à Tunis, ils ont commencé à agir dans ce sens. Ils s’y sont, alors, donné rendez-vous, samedi dernier, pour serrer les rangs et s’unir, comme un seul homme, afin d’avoir gain de cause. Leur souhait est de voir la protection de l’environnement reprendre de plus belle. Selon eux, un tel objectif ne saura ainsi se réaliser que sous la tutelle d’un ministère régalien et autonome assez proche du secteur. Mais aussi à l’écoute de ses acteurs qui œuvrent collégialement et s’organisent sous la bannière d’une société civile beaucoup plus mûre et consciente de ses défis actuels et futurs. Pollution et changements climatiques viennent en tête des maux sociaux. Deux problèmes majeurs que les 350 communes tunisiennes n’arrivent pas à résoudre, faute de moyens et de bonne volonté. Et bien qu’elles abordent l’ère du pouvoir local, où la région doit prendre son destin en main, leurs conseils nouvellement élus n’ont même pas pu se réunir autour de leur ordre du jour. Aucun point d’intérêt commun n’a été aussi retenu comme début de compromis. Tout porte à croire que cette expérience de démocratie participative si jeune et trébuchante pourrait ne jamais faire carton plein.
Priorités et revendications
Pour toutes ces raisons, un ministère spécialisé et bien structuré semble être de mise. Le réseau associatif « Vigilants pour notre environnement », conduit par son coordinateur national, Slimane Ben Youssef, voudrait recentrer le débat sur la question, en lui conférant une dimension écologique. Et là, priorité donnée à la dualité environnement–développement durable, dans la perspective d’accorder aux associations intervenantes les possibilités de financement de leurs projets. Autre priorité, l’éducation à l’environnement comme une culture éco-citoyenne bien ancrée dans l’esprit et dans les comportements. De même, les écolos ont proposé la création d’une instance des sages à laquelle on attribuerait un rôle consultatif en la matière. Au terme de leur réunion de concertation, experts, académiciens et acteurs sociaux ont appelé le parlement et le futur gouvernement à prendre leurs revendications en considération. Une rencontre avec le nouveau chef de l’Etat élu a été également sollicitée.