Kaïs Saïed, le citoyen, n’est pas forcément Kaïs Saïed, le président.
Pour siroter un « Express allongé/serré » dans un café populaire, renter chez lui (sa demeure à la Mnihla) pour passer la nuit ou prier, le vendredi, à la mosquée de Carthage ou ailleurs, Kaïs Saïed n’est pas censé être accompagné de sa garde présidentielle.
Si notre président de la République veut briser les codes de la fonction et agir comme un président ordinaire, un leader proche du peuple, alors il n’a qu’à faire comme l’ex-président de l’Uruguay, José Mujica (1er mars 2010 – 1er mars 2015): se servir de sa voiture personnelle (une vieille Coccinelle Volkswagen estimée à 1.411 euros en 2010-ndlr) pour rentrer dormir dans sa maison (une modeste villa dans la ferme de sa femme, au bout d’un chemin de terre près de la capitale Montevideo-ndlr) ou aller se soigner dans les hôpitaux publics ou faire des activités dans le cadre de sa vie privée.
En revanche, dans ses déplacements officiels et les activités liées à sa fonction de président (visites d’Etat, visites de terrain, accueil de chefs d’Etats, etc…), le dispositif sécuritaire et la garde rapprochée sont justifiés pour ne pas dire obligatoires.
Quand, on veut bousculer les protocoles de la présidence, mieux vaut aller droit au but… Le mi-figue mi-raisin ne peut que compliquer la chose comme en témoigne le stress routier causé par le cortège de son Excellence du côté de la Mnihla et le casse-tête chinois pour sa garde rapprochée à chaque sortie.
À quoi bon de gaspiller l’argent du contribuable dans une virée censée être celle d’un citoyen lambda et non pas d’un président ?
Ce que je crois…
Post-scriptum:
Durant son seul quinquennat à la tête de son pays, l’ex-président José Mujica a refusé la luxueuse résidence habituellement réservée aux présidents uruguayens et réservé 90% de son salaire mensuel de 9.300 euros à des œuvres caritatives en faveur des petits entrepreneurs ou des pauvres, notamment à travers le financement de projets de construction de logements sociaux.
Parallèlement, « Pepe Mujica » s’est contenté d’un salaire correspondant à peu près au revenu moyen en Uruguay, soit environ 600 euros.
«J’ai vécu comme ça la plupart de ma vie. Je peux vivre avec ce que j’ai.», a déclaré José Mujica dans une interview accordée à nos confrères de l’AFP. «On m’appelle le président le plus pauvre, mais je ne me sens pas pauvre. Les pauvres sont ceux qui travaillent uniquement pour avoir un style de vie dépensier, et qui en veulent toujours plus. C’est une question de liberté. Si vous n’avez pas beaucoup de possessions, vous n’avez pas besoin de travailler comme un esclave toute votre vie pour les soutenir, et vous avez plus de temps pour vous-même.», a-t-il ajouté.