Huit années se sont écoulées et la Tunisie cherche encore son modèle de développement.
Huit années se sont écoulées en palabres, en négociations—si tôt conclues, si tôt dénoncées—pourquoi ?
En fait, les Tunisiens eux-mêmes ne le savent pas. Et la conduite puis les résultats des élections législatives et présidentielle l’ont démontré.
Et pourtant, tout le monde parle de ce que tous les Tunisiens veulent, à l’unisson : «Plus de pouvoir d’achat et plus d’emploi».
En somme, il s’agit de réduire les inégalités sociales entre les individus et entre les régions.
C’est clair, net et sans bavure.
Pourtant, personne ne s’en donne les moyens : on dira, annoncer une feuille de route (chiffrée avec son mode opératoire à la clé), pour lever «la purée de pois» qui masque l’horizon des Tunisiens (particuliers, entreprises, institutions…).
Tout le monde, je n’ose pas parler de «gouvernants», nage dans le yaourt. Y compris la Banque centrale de Tunisie (BCT), fière de son «indépendance» nouvelle acquise depuis le fameux 14-Janvier 2011.
Les actions de la Banque centrale de Tunisie (BCT), à relancer l’économie, à stabiliser les prix, à gérer la parité du dinar, avaient-elles contribué à accroître ces inégalités ?
En huit années, ces interventions déterminées consistant à assécher l’économie de liquidités (via la planche à billets au compte goutte notamment), ont-elles pour effet la hausse des taux d’intérêt et l’explosion des charges financières des agents (particuliers et entreprises).
Et bien sûr, si les charges financières explosent, les entreprises augmentent leurs prix… A moins que des entreprises aux abois mettent la clé sous le paillasson, ce qui revient à alimenter le chômage.
On vous dira que c’est pour lutter contre l’inflation galopante ( ?).
Bien entendu, les particuliers, c’est-à-dire les ménages, auront à rembourser des crédits précédemment contractés à des taux plus élevés. Et en période d’inflation appréciable et de chômage croissant (ce qui est le cas depuis 2011), les particuliers voient leur revenu disponible régresser et leur pouvoir d’achat se réduire.
On vous dira que c’est le prix à payer pour sortir la Tunisie du marasme.
Le prix à payer par qui ? Pas par les nouveaux riches qui ont su se mettre à couvert via des business «parallèles». Les économistes «BCBG» diront : ce sont des «opérations d’économie invisible».
Et les économistes centraux crient à l’assèchement des liquidités : les banques n’ont plus de liquidités.
C’est normal : les liquidités sont en dehors du système «normal», le fric est «sous les matelas des nouveaux riches», sous entendu dans les coffres, dans les caves, «ailleurs» quoi.
Résultat des courses, ces «interventions de la BCT» reviennent à enrichir davantage les nouveaux riches, tandis que les pauvres et la classe moyenne subissent toujours la dépression.
De fait, les inégalités, comme les écarts sur le plan des revenus et de la fortune, se sont accentuées depuis 2011. Au point que certains observateurs parlent d’une «bulle immobilière».
En un mot : pour ceux dont les liquidités peuvent rafler des actifs immobiliers notamment, alors que la classe moyenne (ou ce qui en reste) ne peut se refinancer qu’à des taux toujours plus prohibitifs. Et tout le monde sait en effet, que les banque—dont les standards en matière de crédits sont devenus très stricts—ne prêtent qu’aux riches.
Bien sûr, les banques se frottent les mains : les rafles d’actifs immobiliers font exploser les prix de l’immobilier (chose que les Tunisiens ont pu constater depuis 2001) et revalorisent les actifs immobiliers des banques… Un net avantage collatéral appréciable pour les banques et une manne tombée du ciel «transitionnel».
La politique monétaire transitionnel serait-elle aujourd’hui devenue le vecteur des inégalités ?
Bien sûr, les banques ( BCT indépendante comprise) ne s’intéressent pas aux pauvres.
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