Accueil Actualités Négociations pour la formation du prochain gouvernement : Une personnalité indépendante et un contrat à objectifs

Négociations pour la formation du prochain gouvernement : Une personnalité indépendante et un contrat à objectifs


Ennahdha donne désormais l’impression de céder aux pressions de ses éventuels alliés en acceptant que le prochain gouvernement soit présidé par une personnalité indépendante. A une condition: cette équipe ministérielle sera évaluée dans un délai de deux ans sur la base d’un «contrat à objectifs»


Le processus de constitution du prochain gouvernement révèle quotidiennement une surprise ou une nouveauté à même de remettre en cause les rares compromis que les négociateurs d’Ennahdha donnent l’impression d’avoir trouvés avec les responsables des partis qu’ils rencontrent en vue de les inciter à rejoindre l’équipe ministérielle qu’ils s’appliquent à former en attendant la lettre officielle à travers laquelle le Président Kaïs Saïed chargera, d’ici peut-être la fin de la semaine en cours, le président d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, une autre personnalité nahdhaouie ou une personnalité indépendante de former et de diriger le gouvernement que tout le monde attend.
La nouveauté apparue ces derniers jours réside dans le fait que même les alliés considérés comme étant les plus fidèles au parti nahdhaoui, à l’instar de la coalition El Karama, présentée, à tort ou à raison, comme un satellite d’Ennahdha, ont décidé d’avoir leur mot à dire et de le faire entendre, haut et fort, à propos de la personnalité indépendante qui aura la charge de former le prochain gouvernement au cas où la session exceptionnelle du Conseil de la choura prévue samedi et dimanche prochains prendrait la décision d’accepter qu’une personnalité indépendante soit désignée pour constituer et présider le futur gouvernement.
Et Seifeddine Makhlouf, le coordinateur général de la Coalition El Karama, de mettre les points sur les i en déclarant : «Nous ne contestons pas le droit qu’accorde la Constitution à Ennahdha, en tant que parti vainqueur des législatives du 6 octobre dernier, de former et de diriger le prochain gouvernement. Sauf qu’au cas où Ennahdha déciderait de renoncer à ce droit, nous aurons notre mot à dire quant au choix de la personnalité dite indépendante qui sera désignée pour assumer cette mission».
Makhlouf ajoute : «Contrairement aux rumeurs qui circulent à propos de notre coalition, nous ne sommes pas aux ordres d’Ennahdha pour avaliser automatiquement les décisions qu’il sera obligé de prendre. Rien ne nous empêchera de choisir de camper dans l’opposition au cas où nos propositions et approches ne seraient pas prises en considération ou qu’Ennahdha accepterait de coaliser avec d’autres partis que nous qualifions d’anti-révolutionnaires comme le parti Au cœur de la Tunisie ou Tahya Tounès».
Et les nouveautés qui marquent les concertations se déroulant sur les possibles alliances en vue de la constitution du prochain gouvernement ne se limitent pas aux exigences-caprices exprimées par Seïfeddine Makhlouf. Elles apparaissent également à travers certaines déclarations marquantes au sein d’Ennahdha comme celles de Ajmi Lourimi qui considère que Ghannouchi est «au-dessus des postes ou des responsabilités à caractère gouvernemental». Ce qui a été interprété par plusieurs observateurs comme un signe de l’acceptation par Ennahdha de renoncer à la présidence du prochain gouvernement. C’est aussi, pensent les mêmes observateurs, un mot d’ordre lancé aux membres du Conseil de la choura pour qu’ils avalisent, en fin de semaine, la décision de renoncer à la présidence du gouvernement à tout prix.
Mais en contrepartie des concessions que les nahdhaouis consentent à leurs potentiels alliés, ils sont en train d’essayer de faire accepter par ces derniers de nouveaux concepts comme «le contrat à objectifs» que le gouvernement aura à appliquer ou de nouvelles conditions à l’instar de l’engagement par le chef indépendant du prochain gouvernement de ne pas se porter candidat à d’éventuelles législatives anticipées et enfin la possibilité de procéder à une évaluation générale de l’action gouvernementale, au bout de deux années, évaluation qui pourrait aboutir à sa révocation au cas où son gouvernement ne parviendrait pas à réaliser les objectifs qu’ils s’est engagé à atteindre.

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