Quelques dizaines de Tunisiennes ont manifesté mercredi en marge de la première session du nouveau Parlement pour protester contre la présence d’un député accusé, images à l’appui, de harcèlement sexuel, une affaire ayant déclenché un déferlement inédit de témoignages sur les réseaux sociaux.
« Le harceleur ne légifère pas », ont scandé les manifestantes devant le palais du Bardo à Tunis, où les 217 nouveaux députés élus lors des législatives du 6 octobre s’apprêtaient à prêter serment, ce qui leur confère une immunité parlementaire pour les cinq ans à venir.
Zouheir Makhlouf, membre du parti « Au cœur de la Tunisie », est poursuivi en justice, sur fond de soupçons de harcèlement sexuel, qui le poursuivent à la suite de la publication sur les réseaux sociaux, de photos « compromettantes », prises à proximité d’un lycée secondaire à Dar Chaaban El Fehri (Nabeul).
Le premier juge d’instruction près le tribunal de première instance de Nabeul, avait décidé le mois dernier, de maintenir Zouhair Makhlouf en liberté, jusqu’à complétion de l’enquête.
Une situation qui a poussé un certain nombre d’organisations de défense des droits de l’Homme à demander l’accélération des procédures relatives à cette affaire, dans la garantie des conditions d’un procès équitable, avant que l’accusé ne bénéficie de l’immunité parlementaire.
Pour sa part, Zouhair Makhlouf, a déclaré qu’il « soutient tout mouvement de protestation contre le phénomène de harcèlement sexuel ou de la violence faites aux femmes », désapprouvant néanmoins, « l’implication » de quelques associations dans « sa condamnation préalable », avant que le jugement ne soit prononcé.
Makhlouf a affirmé avoir présenté tous les éléments prouvant son innocence au juge d’instruction affirmant: « Je suis innocent et mon innocence sera attestée par le pouvoir judiciaire » Et d’ajouter « certaines associations aiment à se substituer au pouvoir judiciaire, c’est une position indigne car cela porte atteinte à la vie des personnes et à leur sécurité. »
Pour sa part Naoures Ellafi, responsable de la campagne « Ena zeda » (Moi aussi), mouvement analogue de la campagne internationale « Me too », ayant été lancée par des citoyennes tunisiennes contre le harcèlement sexuel, a indiqué que l’objectif de la campagne « Le harceleur ne légifère pas » est de lutter contre l’impunité.