Accueil Economie Supplément Economique M. Tony Verheijen – Représentant Résident de la Banque mondiale en Tunisie : la digitalisation des services publics pour lutter contre les malversations

M. Tony Verheijen – Représentant Résident de la Banque mondiale en Tunisie : la digitalisation des services publics pour lutter contre les malversations


La corruption pourrait avoir des impacts néfastes sur les investissements si des mesures audacieuses n’étaient pas prises par les pouvoirs publics. La digitalisation des différents services publics s’avère une condition pour contrecarrer ce phénomène qui prend de l’ampleur.
M. Tony Verheijen, représentant résident de la Banque mondiale en Tunisie, nous en donne plus d’explications.


Quelle est la perception de la Banque mondiale à propos de la corruption en Tunisie après la révolution ?
La Banque mondiale a partagé ses soucis quant à la corruption en Tunisie dans plusieurs publications phares, y compris «la révolution inachevée», publiée en mai 2014.
Dans cette publication, la Banque mondiale analyse le phénomène de capture de l’économie tunisienne par des groupes d’intérêts qui influencent, d’une manière inappropriée, la formulation des politiques publiques. Ce problème est toujours d’actualité, et demeure, pour nous, une des raisons principales derrière le faible taux d’investissement étranger en Tunisie, qui reste bien plus bas que son potentiel. Malgré les efforts et les engagements du gouvernement, il n’y a eu qu’un très petit nombre d’autorisations administratives qui ont été supprimées, et l’économie tunisienne reste donc fermée, ce qui sert les intérêts de certains groupes.
Mis à part ce phénomène de capture, on note la perception d’une augmentation de «petty corruption» ou la petite corruption dans tous les domaines de la vie publique, même si cette forme de corruption est difficile à quantifier.

La Tunisie a-t-elle, selon vous, pris assez de mesures pour contrer la corruption ?
Comme je l’ai noté dans la réponse précédente, il y a certainement eu des efforts pour contrecarrer les symptômes de la capture (augmentation du nombre d’autorisations, marchés publics capturés par certains groupes économiques, etc.), mais ces mesures ont connu des problèmes significatifs dans leur mise en œuvre.
Il est extrêmement important que le prochain gouvernement tire les leçons de ces initiatives dont la réussite est faible. La Tunisie continue à perdre du terrain au profit de ses concurrents comme destination pour les investissements.
En ce qui concerne le phénomène de la petite corruption, l’utilisation des outils technologiques devrait avoir un impact dans les prochaines années, comme on le voit dans la mise en œuvre des réformes portuaires (installation des systèmes Smart Gate et POS à Radès), dans les réformes du système d’assistance sociale et même dans l’enregistrement digital des enfants à l’école. Ce n’est qu’un début, mais un début prometteur.

Quelles sont les recommandations que vous proposez pour agir plus efficacement contre la corruption ?
Pour combattre les fléaux les plus importants de la Tunisie, notamment la capture, la dérégulation et la fermeture de l’économie à la concurrence, en combinaison avec l’autonomisation et la corporisation des entreprises publiques (y compris les banques publiques), la digitalisation serait la voie la plus impactante.
Une accélération de la digitalisation des services publics dans tous les domaines. En ce qui concerne la petite corruption, elle sera un défi important pour le nouveau gouvernement. Pour plus d’impact, la digitalisation pourrait être accompagnée par la mise en place de système de feedback intelligent basé sur des applications ou même un système de SMS (comme on l’a vu avec des résultats persuasifs en Asie et en Afrique subsaharienne).

Charger plus d'articles
Charger plus par Chokri GHARBI
Charger plus dans Supplément Economique

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *