Un marathon d’une cinquantaine de communications et de vingt-quatre témoignages couvrant six axes de recherche s’est poursuivi tout au long de trois jours dans la prestigieuse salle « Ibn-Khaldoun » ainsi que dans celle « Ibn-Haytham » de la Cité des sciences.
Par un mot de bienvenue et d’introduction, M. Sami Ben Ameur (universitaire et artiste plasticien), coordinateur général du colloque, a ouvert les travaux de cet évènement tant attendu par les artistes plasticiens, enseignants, chercheurs, critiques d’art et étudiants des beaux-arts dans la prestigieuse salle « Ibn-Khaldoun » ainsi que dans celle « Ibn-Haytham » de la Cité des sciences.
Un marathon d’une cinquantaine de communications et de vingt-quatre témoignages couvrant six axes de recherche se sont poursuivis tout au long de trois jours, dont voici en résumé les sujets et les problématiques soulevés :
1-La mémoire artistique en Tunisie, avant l’avènement de la peinture de chevalet et les problèmes de la modernité.
2-Les grands changements artistiques à la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle. Peinture de chevalet et orientalisme : quels enjeux culturels ? Quelles portées idéologiques et politiques ?
3-Les pionniers : quelles orientations esthétiques et culturelles ?
4-Confrontations entre les groupes artistiques : Quelles polémiques et quels enjeux ?
5-Les années 70, 80 et 90. Pratiques artistiques, institutions et renouvellement des questions esthétiques : quelles diversités ?
6-Ouverture sur les problématiques artistiques contemporaines : quels discours nouveaux ?
Plusieurs sons de cloche relatifs à la question liée à la peinture coloniale, non sans idéologie, se sont faits entendre. Entre autres, l’historien de l’art français, Dominique Jarrasse, de l’Université Bordeaux Montaigne, a avancé la nécessité d’une réécriture de l’histoire, faisant remarquer l’utilité d’un regard distancié.
Les autres intervenants venant du Maroc, d’Algérie, d’Egypte, d’Iraq, mais aussi la (plupart) tunisiens, jeunes et moins jeunes ont passé en revue la peinture sous-verre, le Groupe des cinq, le Groupe des dix, l’École de Tunis, la galerie Irtissem, la galerie Chyem, l’art naïf, la tapisserie murale… Comprendre et assumer son passé afin de mieux engager le présent étaient les maîtres-mots évoqués. Et donc afin de pouvoir avancer, il va falloir dépasser les conflits et les querelles identitaires, idéologiques et générationnels.
Concernant l’époque actuelle et l’art dit contemporain, la polémique ne manque pas. Malgré une floraison de galeries privées et la multiplication de manifestations artistiques à l’instar de Dream City, l’état des lieux était déploré par certains intervenants à cause du monopole exercé. En plus de l’inexistence d’un marché de l’art, il y a une certaine manipulation qui freine son avancée. Il a été proclamé que la révolution sera culturelle et que forcément l’artiste est en droit de participer à une identité en devenir.
Bon nombre d’autres problématiques ont été traitées, comme celle de l’interaction théorie-pratique ou celle de l’art engagé en tant que lutte permanente contre l’injustice et ainsi de suite.
Pour conclure, M. Sami Ben Ameur a lu les six recommandations autour desquelles les membres du bureau scientifique se sont entendus, lors de leur réunion pendant la pause du déjeuner. Les voici brièvement :
1-Création d’un musée indépendant.
2-Assurer des soins aux artistes plasticiens et critiques d’art qui sont dans le besoin.
3-Publication par le ministère des Affaires culturelles d’ouvrages consacrés aux recherches sur les arts plastiques.
4-Création d’un Master de recherche en matière de restauration d’œuvres d’art.
5-Appui aux projets des artistes plasticiens avant leurs réalisations.
Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique M. Slim Khalbous, et le président de l’Université de Tunis M. Habib Sidhom, étaient venus clôturer les travaux de ces trois jours, en nous entretenant sur des mesures et des projets intéressants, entre autres l’édition d’un important ouvrage qui rassemblera les communications et les témoignages du présent colloque. M. Slim Khalbous a, par ailleurs, rappelé la priorité nationale mise au service du pays et non pas de la carrière professionnelle personnelle. Et de conclure sur la notion de l’esthétique, dont ont besoin toutes les disciplines enseignées à l’université, parce que, déclare-t-il : «C’est une lumière de l’esprit et une lumière du cœur». A cette occasion, il a rendu hommage à des personnalités du monde des arts plastiques et des médias en leur offrant trophées et certificats. Ces personnalités sont :
les artistes : M. Nja Mahdaoui, Rafik El Kamel et Sadak Gmach, le critique Ali Louati, le journaliste de la radio Hédi Zaheg, le journaliste et critique Bady Ben Naceur, le plasticien, restaurateur de tableaux de peinture et galeriste Abderrazak El Fehri et le photographe qui a réuni un grand nombre de photos documentant le parcours des arts plastiques Mohamed El Ayeb.
Sans le concours et la complicité de la directrice de l’Institut des beaux-arts, Mme lmen Ben Youssef, de la directrice générale de la Cité des sciences de Tunis, Mme Dorra Ghorbel, et d’une dynamique équipe digitale et média, cet évènement n’aurait pas eu lieu.
A.B.