La ville de Mahdia est-elle acculée à être cette cité maritime enclavée, loin de l’axe routier, entourée des trois côtés de la mer qui la ceinture, sans grandes perspectives d’avenir, ni extension intelligente ?
Menacée par l’empiétement continu sur les terres agricoles avec les conséquences qu’on imagine, la ville peine à avoir d’autres dimensions lui permettant de dépasser son cadre étriqué, dicté par sa position géographique—étroite péninsule enclavée— l’empêchant de rejoindre le peloton des villes dynamiques ,non loin d’elle. N’empêche, il faut noter que le manque de vision de ses édiles et des décideurs a compté parmi les facteurs qui ont entravé son vrai développement souhaité.
Mahdia continue pour l’heure à offrir deux visages différents: celui de l’été où elle fait face au grand rush estival : touristes, estivants et retour de ses propres habitants qui effectuent leur retour au bercail, après avoir essaimé ailleurs, et celui de l’hiver où tout roule au ralenti : le commerce marque un bémol notable, le rythme de vie se trouve grippé, les restaurants désertés, tout comme les hôtels et la nonchalance règne en maître.
Extension urbanistique
Pourtant, la ville se prévaut d’atouts énormes : chef-lieu de gouvernorat, pôle touristique comptant 25 unités hôtelières de diverses catégories, un port de pêche d’envergure nationale, un pôle universitaire comptant plusieurs instituts supérieurs… Toutefois, il y a lieu de rappeler une vérité qu’il ne faut plus éluder: la ville n’est plus ce port tranquille où tout le monde se connaît, comme naguère, le flux d’arrivants de tous bords y est pour beaucoup et l’extension urbanistique s’est imposée, pas toujours comme souhaité et l’aménagement de Mahdia a été fait à la va-vite.
Les immeubles et les constructions en hauteur qui ont émergé, ici et là, n’ont prévu aucun espace pour les parkings et autres lieux de loisirs. C’est dire les problèmes qui en découlent, surtout en été, faute de lieux de stationnement pour les véhicules. Les cités périphériques qui ont vu le jour : Borj Arif, Baux de Mahdia, Ezzahra… sont devenues tentaculaires sans l’aménagement approprié et exigé pour une telle extension sans contrôle.
L’intelligence dicte d’œuvrer pour une croissance bien étudiée, sans anarchie et toujours avec le grand souci de préserver les terres agricoles mises à rude épreuve afin de les mettre à l’abri de l’envahissement du béton. L’ultime solution demeure l’aménagement et la valorisation de la Sebkha de Ben Gheyadha, une immense lagune qui pourrait, une fois aménagée, assurer aux riverains la qualité de vie souhaitée tout en préservant l’écosystème de la région.
Eradication des nuisances
Située presque au centre-ville, vu l’extension incontrôlée de la ville, tout près de la mer, la sebkha est un prolongement du milieu marin. Naguère, elle a joué un rôle déterminant en tant que régulateur des eaux pluviales et de ruissellement en absorbant le surplus des eaux et donc en évitant les inondations de la ville. Une fois aménagée, la ville disposera d’un espace de choix pour concevoir une extension intelligente en drainant un nombre infini d’activités socioéconomiques en phase avec l’avenir.
Sans parler de l’impact heureux sur l’environnement : éradication des nuisances en tous genres car pour l’heure c’est un gîte géant pour larves et coléoptères en tous genres. L’aménagement serein de la lagune permettra son intégration dans l’environnement urbanistique en assurant un plus en matière de tourisme, loisirs, habitats et constructions d’intérêt public.
Il y a lieu de rappeler que cette sebkha occupe une étendue de l’ordre de 142,3 ha qui pourront être répartis comme suit : étendue d’eau : 26,4 ha, zones vertes : 30,4 ha, routes : 27,6 ha ,activités diverses :19,5 ha, zone touristique :19,4 ha et habitat :19 ha, soit donc 142,3 ha. L’ennui est que ce dossier d’aménagement tarde à voir le jour et l’on rechigne à le sortir des tiroirs, et ce, depuis des décades pour des raisons occultes.
D’autant que l’assainissement foncier a été effectué et le dragage du bassin a été bien mené. Maintenant, il importe, en dépit de tout, d’éviter les solutions faciles, sans discernement ; les constructions hâtives ne sont pas souhaitées. Il faut, en premier lieu, penser à l’avenir de Mahdia en faisant participer les édiles, les membres de la société civile, les urbanistes et les écologistes versés dans le domaine. Ainsi, le projet sera mené à bon port et sera salvateur pour toute la région. Pourvu que ça ne tarde pas pour quelque raison que ce soit. Aux situations nouvelles de croissance, des solutions appropriées sont nécessaires.