La déclaration de Rached Ghannouchi affirmant qu’Au Cœur de la Tunisie n’est pas concerné par la formation du gouvernement chahute le processus de formation de ce dernier et d’élaboration du programme, surtout lorsqu’elle vient d’une personnalité qui, désormais, a pour mission d’être à égale distance des divers courants représentés à l’Assemblée dont il assume la présidence.
Le chef du gouvernement désigné semble déterminé à n’exclure aucune partie des consultations qu’il mène au pas de course tout en assurant qu’il sera le seul interlocuteur dans la formation du gouvernement. Il a indiqué qu’il démarrait ses consultations avec les partis et qu’il recevra les organisations nationales et les compétences par la suite.
Mais si cette attitude réconfortante est de nature à réchauffer le cœur des Tunisiens, celle de Rached Ghannouchi affirmant que Au Cœur de La Tunisie n’est pas concerné par la formation du gouvernement est inquiétante, surtout dans la mesure où ce parti fait désormais partie de la majorité parlementaire qui a hissé le leader d’Ennahdha à la tête de l’ARP.
Ce genre de déclaration chahute le processus de formation du gouvernement et d’élaboration du programme, surtout lorsqu’il est vient d’une personnalité qui, désormais, a pour mission d’être à égale distance des divers courants représentés à l’Assemblée dont il assume la présidence.
Même négativité de la part de Abir Moussi qui a refusé de répondre à l’invitation du futur chef du gouvernement. « Notre parti, a-t-elle déclaré, n’est pas concerné par les pourparlers pour la formation du gouvernement. Et puis je refuse de rencontrer le candidat désigné par le parti des Frère musulmans ».
La présidente du Parti destourien libre affirme qu’il s’agit là de la position officielle de sa formation qui « ne participera ni aux rencontres ni aux pourparlers, et ne votera pas la confiance au gouvernement ».
Par contre, le président d’Au Cœur de la Tunisie, Nabil Karoui, a rencontré dès hier à Dar Edhiafa, à Carthage, le chef du gouvernement pressenti, Habib Jemli.
Karoui, qui était accompagné d’une délégation de son parti, a qualifié l’entretien de «rencontre préliminaire», ajoutant : « Nous avons écouté le chef du gouvernement désigné par Ennahdha qui nous a livré sa vision et ses orientations, et nous lui avons fait part des nôtres. Dire si nous allons ou pas participer au gouvernement est prématuré, nous ne sommes pas dans le calcul partisan, nous ne cherchons pas les portefeuilles mais voulons un gouvernement formé par des compétences et sur ce point nous semblons être sur la même longueur d’onde que M. Jemli ».
Et Nabil Karoui d’indiquer, qu’à propos des déclarations de Ghannouchi excluant Au Cœur de la Tunisie, Jemli a assuré que les concertations se tiendront exclusivement avec lui. « Nous l’avons cru, a commenté Karoui, et nous continuerons dans ce sens jusqu’à ce que le contraire soit prouvé ».
Lundi, Habib Jemli avait démarré ses concertations par un long entretien avec Youssef Chahed. L’actuel chef du gouvernement a précisé que la rencontre avait débattu de la situation des indicateurs économiques et évoqué les résultats positifs obtenus, comme ceux du champ Nawara, de la saison touristique et de la récolte des olives.
Les deux hommes ont abordé la question des défis à relever sur les plans économique et social, évoquant ainsi la crise des entreprises publiques, ainsi que l’impératif de poursuivre la lutte contre la corruption et de préserver les équilibres financiers.
Youssef Chahed a, toutefois, indiqué qu’il ne fera pas partie du prochain gouvernement mais que Tahya Tounes formera une délégation qui s’entretiendra avec le chef du gouvernement désigné.
De son côté, Mohamed Abbou, leader de Attayar, qui a également rencontré Habib Jemli, a reconfirmé les conditions de son parti pour participer au futur gouvernement soit l’exigence que trois départements lui soient réservés : l’Intérieur, la Justice et la Réforme administrative. Il a indiqué être conscient que ses conditions ne seront pas acceptées mais tient à rassurer l’opinion : « Le gouvernement passera à l’Assemblée ».
Enfin, la coalition Al Karama défend la formation d’un gouvernement «révolutionnaire» qui rompe radicalement «avec l’oppression et la corruption», et ne fera pas partie d’une équipe gouvernementale où siègeraient des membres du parti Au Cœur de la Tunisie.