La vie des banques

Secteur bancaire : ondemande toujours plus

Selon Tunisie Valeurs, les banques ont subi une correction exagérée et sans discernement depuis le «mini krach» boursier de septembre 2018. Les valorisations sont à des niveaux planchers et inférieurs à leur moyenne sur les cinq dernières années. Les cours actuels sous-estiment la qualité des fondamentaux du secteur et offrent des points d’entrée intéressants sur plusieurs valeurs.
Mais le scepticisme en Bourse est à son comble. La conjoncture économique défavorable (déficit de liquidité, inflation élevée et hausse des risques d’impayés), la morosité boursière ambiante (tensions sur la liquidité et montée de la volatilité), les divergences dans les fondamentaux, les orientations non conventionnelles de la Banque centrale et les défis de la transition réglementaire vers Bâle III brouillent l’image des banques auprès des investisseurs et alimentent leur nervosité.

Croissance du PNB

Alors que la vague de publication des résultats semestriels vient de s’achever, les banques ont fait part de leurs indicateurs d’activité du troisième trimestre 2019. Ces derniers confirment le ralentissement de la croissance du PNB et des crédits. En revanche, l’activité de collecte fait preuve de résilience. Les banques intensifient leurs efforts de captation des ressources (dépôts et ressources spéciales) pour diluer leur ratio de transformation. A l’image de 2018, les banques publiques ont fait preuve d’une meilleure dynamique par rapport à leurs consœurs privées sur tous les fronts. Un bémol mérite cependant d’être soulevé : leur ratio de transformation global stagne, depuis une année à un niveau relativement élevé comparativement à la concurrence.
L’activité de collecte bancaire confirme sa montée en charge pour le deuxième trimestre de suite. Les banques prouvent encore leur résistance face à une croissance économique en deçà des attentes et à un resserrement continu des liquidités sur le marché. L’encours de dépôts a cumulé une progression de 6,9% à 65,4 milliards de dinars, depuis le début de l’année.
Les efforts de collecte ont été concentrés sur les dépôts à terme (+10,5% à 21 milliards de dinars) et les dépôts à vue (+6,5% à 25 milliards de dinars). La part des dépôts à vue dans la collecte du secteur reste minoritaire comparativement aux autres ressources rémunérées (38% pour les dépôts à vue contre 62% pour les dépôts rémunérés). Cette évolution atteste de la sous-liquidité du secteur bancaire et devrait, à notre avis, exercer une pression à la hausse sur le coût des ressources des banques d’ici la fin de l’année.

Un bon cru en 2019

Toutes les banques de la place ont affiché une amélioration des dépôts, ce qui représente une performance en soi pour le secteur coté dans cette conjoncture difficile.
2019 s’annonce un bon cru pour les banques publiques qui ont affiché une meilleure dynamique commerciale par rapport à leurs consœurs privées. Avec une croissance cumulée de 10% à 22,8 milliards de dinars, soit 36% de la collecte bancaire (contre +6% à 42 milliards de dinars pour le secteur privé), les banques publiques confirment leur place incontournable dans le paysage bancaire tunisien.
L’activité du crédit a poursuivi son ralentissement entamé en 2018. Le secteur a enregistré une progression modérée du volume de ses engagements de +3,1% à 67 milliards de dinars sur les neuf premiers mois de 2019. Le resserrement de la politique monétaire, les difficultés de collecte et le plafonnement du ratio de transformation depuis le dernier trimestre de 2018 ont amené les banques à modérer leurs ambitions de croissance. Ce constat a été confirmé par la dernière note de conjoncture de la BCT (publiée en septembre dernier) selon laquelle les crédits à l’économie ont poursuivi leur relâchement (+5,8% en glissement annuel à fin juin 2019 contre +11,4% en glissement annuel à fin juin 2018). D’après l’institut d’émission, cette évolution est due à la décélération des crédits aux particuliers et des crédits aux professionnels.
Le ralentissement des octrois de crédits a été d’autant plus marqué pour les banques privées (un repli de 1% à 39 milliards de dinars). Quant aux banques publiques, elles ont affiché une croissance de 9% à 26 milliards de dinars.

Banques publiques : stagnation du ratio

Sans grande surprise, le ratio de transformation global du secteur (Crédits/ [Dépôts + ressources spéciales]) s’est sensiblement réduit (-4,2 points à 94,4% contre 98,6% à fin 2018). Il va sans dire que la décélération des crédits explique l’essentiel de cette baisse du ratio de transformation.
Alors que les banques publiques ont enregistré une stagnation de leur ratio de transformation global à 111%, le secteur privé s’est efforcé de réduire son ratio de transformation global de 6,8 points de pourcentage à 85,1%, profitant notamment d’un flux soutenu de ressources spéciales (+31% à 3,7 milliards de dinars).
Le ralentissement de la croissance des revenus du secteur bancaire prend peu à peu forme. Le PNB agrégé des banques cotées a cumulé une progression annuelle de +14% sur les trois premiers trimestres de 2019 contre une hausse de +15% au 30 juin 2019 et de +20% sur les trois premiers mois. A examiner de plus près, ce relâchement du PNB est principalement attribuable à la décélération de la marge d’intérêt et des autres revenus.
Profitant de la hausse du taux directeur de 100 pb en février dernier, qui a tiré vers le haut le TMM (un TMM en hausse de 53 pb entre septembre 2018 et septembre 2019), et d’une base de comparaison favorable par rapport à l’année passée, la marge d’intérêt agrégée du secteur a enregistré une hausse soutenue de 22% à 1,9 milliard de dinars. Il est à noter que ce rythme de croissance demeure inférieur à celui enregistré en 2018 (+24%).La contribution de l’activité du crédit dans la formation du PNB s’est accrue de 3 points de taux à 54%, confirmant ainsi son statut de premier centre de profit pour les banques.
Quant aux commissions, elles ont été bien orientées sur les neuf premiers mois. Les commissions nettes du secteur ont augmenté de 11% à 758 millions de dinars, bénéficiant de la diversification de l’offre de produits et d’une révision à la hausse des tarifs.
Par ailleurs, les produits de placement et gains nets de change ont enregistré une croissance timide de 2,4% à 880 millions de dinars.

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