« La majorité de la récolte de l’année écoulée, a été vendue et qu’il n’est resté que des quantités très limitées chez quelques huileries », a indiqué Abdelmajid Ezzar, président de l’UTAP, dans une déclaration à l’agence TAP.
Réagissant aux rumeurs véhiculées à propos d’un important stock d’huile d’olive restant de l’année précédente, le président de l’organisation agricole, a affirmé qu’elles visaient à pousser les oléiculteurs à baisser leurs prix de vente de l’huile, de la nouvelle campagne, malgré des coûts de revient très élevés.
Confirmant les propos d’Ezzar, le directeur de la production au ministère de l’Agriculture, Ezzeddine Chelghef, a indiqué que les réserves restantes d’huile d’olive de la saison 2018-2019, ne dépassent pas les 10 mille tonnes, soit un « stock report » insignifiant, par rapport à celui de l’Espagne, à titre d’exemple, estimé à 640 mille tonnes.
Le président de l’organisation agricole a aussi, fait savoir que le coût de revient d’un litre d’huile d’olive est estimé, cette année, à environ 8 dinars. De ce fait, le prix de vente doit se situer à 8,500 D, pour garantir une marge bénéficiaire convenable à l’oléiculteur.
La Tunisie s’attend, cette saison, à une récolte record d’huile d’olive, estimée à 350 mille tonnes, soit largement plus que le double de la récolte de la saison écoulée (140 mille tonnes). La quantité exportée se situerait entre 200 et 250 mille tonnes.
Les difficultés de la filière oléicole, limitent sa participation au budget de l’État à 5 %.
« L’huile d’olive est le label de la Tunisie dans le monde. C’est une source de richesse, qui demeure mal exploitée, alors qu’elle participe à hauteur de 5 %, au budget de l’État. Si nous accordons à cette filière, l’importance qu’elle mérite, cette participation au financement du budget pourrait atteindre les 10 %, voire 15 % », a noté Ezzar.
Le premier responsable de l’UTAP, a appelé à soutenir l’oléiculteur face aux difficultés rencontrées, qui concernent, notamment, la hausse du coût de production (mécanisation, augmentation des prix des hydrocarbures et des engrais), et la pénurie de la main-d’œuvre, dont le coût journalier dépasse, aujourd’hui, les 40d.
Il a recommandé d’accorder le conseil et l’encadrement nécessaires, aux agriculteurs et de subventionner le secteur à la production pour une meilleure maîtrise des prix à la consommation, soulignant l’impératif de résoudre le problème de l’endettement des agriculteurs.
L’une des solutions possibles, à ce problème, serait de réduire le taux de pertes subi par les producteurs. Ce taux est aujourd’hui, estimé à 30 % de notre production agricole, à cause de problèmes de stockage, de transformation, de congélation… Réduire ce taux profiterait énormément, à l’agriculteur, limiterait considérablement, son endettement et impacterait positivement, l’économie nationale.
« Les agriculteurs, notamment les producteurs de l’huile d’olive, sont, aussi, confrontés à un problème de transport et de logistique, qui entrave la commercialisation de leurs produits sur les marchés local et extérieur ».
« L’Afrique est un marché très prometteur pour notre huile d’olive, dont le prix peut atteindre 100d, le litre, mais l’absence de liaisons aériennes ou maritimes complique l’accès à ce marché« .
Ezzar a, également, critiqué l’absence d’une filière bien organisée de l’huile d’olive, estimant que les maillons de cette activité sont dispersés, ce qui avantage certains professionnels (exportateurs…) au détriment d’autres.
À ce propos, le directeur de la production au ministère de l’agriculture, a réitéré la nécessité de rassembler les exportateurs de l’huile d’olive dans une même entité, telle qu’une coopérative, ce qui renforcerait la présence de l’huile tunisienne, à l’étranger.
La réussite de l’actuelle saison oléicole, tributaire de l’intervention de l’ONH
De son côté, le président de l’Union régionale de l’agriculture et de la pêche de Sfax, Abderrazak Krichène, a affirmé que « la réussite de l’actuelle saison est tributaire de la mobilisation par la présidence du gouvernement, d’un financement au profit de l’Office National de l’Huile (ONH), qui doit réguler le marché en absorbant des quantités de l’huile d’olive, produites cette saison, pour envoyer un message positif aux agriculteurs et aux propriétaires d’huileries ».
« Pour la troisième année consécutive, les prix de vente de l’huile ne couvrent même pas le coût de production, ce qui a impacté 600 huileries à Sfax », a-t-il aussi indiqué.
D’après lui, le kilo d’olive se vend entre 700 et 950 millimes, sur le marché national des olives de Gremda (Sfax), considéré comme le plus grand marché l’olive dans toute l’Afrique, soit des prix largement inférieurs au coût de la production.
À noter que Sfax est le premier gouvernorat producteur d’huile d’olive à l’échelle nationale (17 %). Il compte près de 60 mille oléiculteurs et 400 huileries. 300 nouvelles huileries ouvriront leurs portes, au cours de cette saison.