Par un projet de loi contre le « tourisme parlementaire » : Samira Chaouachi tend la main à Ghannouchi

Députée Qalb Tounès et première vice-présidente de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), Samira Chaouachi a annoncé, hier, au quotidien Al Maghreb, qu’elle allait soumettre à l’ARP un projet de loi interdisant le «tourisme parlementaire». En cela, elle tend la main à Rached Ghannouchi qui, dès son élection à la tête de l’Assemblée, avait promis de revoir le règlement intérieur du parlement et d’interdire le «tourisme parlementaire».

Samira Chaouachi, qui est une grande adepte du tourisme politique, a fait noter «l’impact très négatif du tourisme parlementaire sur la scène politique et partisane». Elle estime que ce fléau est un «danger pour la stabilité des composantes parlementaires» et pour le pays, ce qui nécessite de le voir interdire d’urgence.

Samira Chaouachi a fait, depuis sa première expérience politique au sein de la direction du Parti de l’unité populaire, sous Ben Ali, plusieurs escales à la direction de quatre ou cinq autres partis dont l’UPL, Nida Tounès et Al Moubadara.

La question qui se pose maintenant, c’est de savoir quand exactement interviendra cette interdiction et par quel moyen légal : un projet de loi ou une clause au sein du nouveau règlement intérieur de l’Assemblée? Sachant que dans les deux cas, cela nécessitera un vote majoritaire en plénière. La date et les conditions importent aussi, puisque cela pourrait empêcher le bloc parlementaire Réforme nationale envisagé de voir le jour, lui qui est composé de députés de quatre partis modernistes.

Il est à noter, par ailleurs, que cette rapide convergence entre Ennahdha et Qalb Tounès semble indiquer que les fléchettes que se lancent les deux partis arrivés premiers aux législatives ne sont que des leurres, comme l’avait suggéré le vote croisé qui a permis à leurs deux candidats de trôner au sommet de l’ARP.

Le risque est de voir cette alliance non déclarée imposer sa mainmise sur l’Assemblée, grâce aussi à une immobilisation des rapports de force en son sein. L’interdiction de la liberté de mouvement des députés pourrait bien avoir pour but, non pas de faire cesser le fléau de la corruption, mais d’empêcher les 121 députés modernistes des divers bords de se regrouper en un seul et même bloc parlementaire, qu’il s’agisse de celui de la Réforme nationale, dirigé par Hsouna Nasri, ou un autre.

Certains observateurs politiques, dont des juristes, considèrent que le tourisme politique ou parlementaire n’est que la manifestation de ce droit fondamental qu’est la liberté d’organisation ou d’appartenance que défend le droit constitutionnel comme l’une des libertés publiques sacrées.

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